Ingres, pas de rivalité avec MySQL
Sur un marché de la base de données Open Source dominé par MySQL, Ingres reste un outsider sérieux. Mais l'éditeur ne lorgne pas vers les positions du Suédois, qui traverse une période de transition du fait de son rachat par Sun. Promis, juré, Ingres reste concentré sur les applications critiques.
Ingres n'entend pas profiter du rachat de MySQL par Sun (pour un milliard de dollars) pour tenter de se poser en dernier éditeur indépendant de SGBD Open Source. Du moins dans l'état actuel du marché des bases de données Open Source. Pour Ingres, les positionnements des deux produits sont et resteront différents. Même si quelques chevauchements pourraient bel et bien exister.
Ingres, éditeur de la base de données Open Source éponyme pour applications critiques, sortie en 2005 du giron de CA, s'est offert une cure de jouvence depuis l'adoption d'une stratégie tout Open Source. Avec la construction d'un écosystème, sous l'impulsion du PDG Roger Burkhard, pionnier de l'adoption de l'Open Source dans des systèmes hautement critiques. Et pas des moindres : celui du New York Stock Exchange. A l'époque, il occupait le poste de DSI. Un personnage qui a peu à peu rendu ses lettres de noblesse à une base de donnée qui souffrait d'un sérieux manque de crédibilité auprès des grands comptes.
Le segment haut d'un micro-marché
Fort de cette stratégie qui semble lui profiter (13 000 clients dans le monde, 1 000 en France et 50 millions de CA en 2007), Ingres s'est installé sur un segment du marché de la base de donnée qui représente une goutte d'eau dans l'océan des parts de marché des SGBD propriètaires. Les analystes s'accordent à dire que, dans le marché mondial, dont Oracle détient 50% , IBM 20% et Microsoft 20%, la part de l'Open Source se limite à la portion congrue. En valeur, 15 milliards de dollars pour les premiers, et 250 millions seulement pour les seconds.
Autant dire que l'intérêt premier d'Ingres n'est pas d'aller chasser sur les terres de MySQL, mais plutôt de s'associer au Suédois pour porter, d'une voix unique, les bases de données Open Source. Et de faire gonfler leur part de marché au niveau mondial, souligne Eric Soares, vice-président des ventes d'Ingres. « Mieux vaut rivaliser avec Oracle, qu'avec MySQL ou PostgreSQL », souligne-t-il. Du moins jusqu'à ce que le segment de l'Open Source atteigne une taille critique. Ou que les segments de marché des uns et des autres ne finissent par s'entrecroiser.
Des applications qui gagnent en criticité
« Si on cartographie le secteur, on retrouve d'un côté les applications critiques sur Ingres ou Oracle, et les applications non critiques, principalement de consultation sur du MySQL ou du Postgre. Mais désormais, on voit que ces deux segments se rejoignent vers le milieu notamment parce que des services, qui n'étaient pas considérés comme critiques auparavant, le deviennent, et ont besoin de base de données », explique Eric Soares, en prenant l'exemple de la messagerie qui, selon lui, est devenue un service sensible chez les grands comptes.
« Notre discours est alors de montrer qu'on peut aussi répondre à des applications moyennement critiques. Donc, c'est là qu'on va se rejoindre avec MySQL et Postgre sauf que nous, on a une certaine légitimité et crédibilité dans les applications critiques », conclut-il. Preuve que s'il n'y a pas de rivalité, la concurrence, elle, existe déjà.