Nokia : l'Open Source pour sauver le soldat Symbian
Sous la pression de l'iPhone, de Windows Mobile et des OS Linux mobile comme Android ou Limo, Nokia veut tenter de préserver la position acquise par Symbian sur le marché des smartphones. Pour cela, la firme annonce qu'elle va prendre le contrôle de l'intégralité du capital de Symbian et transformer la société en fondation, avec pour but ultime la publication du code de l'OS en open source...
Nokia s’apprête à prendre le contrôle complet Symbian, éditeur du système d’exploitation pour terminaux mobiles éponyme, utilisé notamment dans les smartphones de Nokia, de Sony-Ericsson, de Samsung, de Motorola et NTT Docomo. L’opération devrait coûter quelques 264 M€ au constructeur finlandais qui détient déjà quelques 48 % du capital de Symbian. Nokia prévoit ensuite d’ouvrir le code source du système d’exploitation, via une fondation baptisée Symbian Foundation, créée en partenariat avec AT&T, LG Electronics, Motorola, NTT Docomo, Samsung, Sony Ericsson, STMicroelectronics, Texas Instruments et Vodafone. Ce code devrait être entièrement libre d'ici deux ans.
Selon Carolina Milanesi, directeur de la recherche mobile au cabinet Gartner, cette opération constitue « clairement une réponse » à Android, la plateforme open source de Google pour terminaux mobiles, « contrairement à ce qui a pu être dit lors de la conférence de presse de Nokia. » Et d’ajouter que, « confronté à l’iPhone, à l’ouverture de RIM et de Windows Mobile sur le grand public, Nokia cherche à protéger les parts de marché de Symbian. » Parts de marché qui s’établissent à 60 % pour le segment des terminaux mobiles convergents selon Canalys, au premier trimestre 2008.
Stuart Carlaw, vice-président d’ABI Research, partage cette analyse, estimant que la démarche de Nokia revient « peut-être à admettre que la pression de l’industrie Linux force [le constructeur finlandais] et Symbian à revoir leur jeu. »
Carolina Milanesi s’attend d’ailleurs à un accueil positif des développeurs et d’autres partenaires, avec un ticket d’entrée à 1500 $ dans la fondation Symbian, « ce n’est pas bien cher. »
Mais l’analyste de Gartner replace aussi le rachat de Symbian dans le contexte des ambitions de Nokia dans le domaine des services, avec la plateforme Ovi : « Nokia s’oriente vers l’unification de sa plateforme de services et des interfaces utilisateur, en simplifiant le développement tout en ouvrant le marché pour Ovi. » Il faut dire que, jusqu’ici, Symbian a connu au moins trois interfaces graphiques avec les déclinaisons S60 de Nokia, UIQ de Sony Ericsson et MOAP de NTT Docomo. UIQ Technologies, éditeur de la déclinaison éponyme de Symbian, fait d’ailleurs les premiers frais de l’opération lancée par Nokia en se séparant de 200 de ses 375 salariés.
Et puis il y a aussi la simple et triviale raison économique : Nokia verserait quelques 250 M$ par an de droits à Symbian pour l’utilisation de son système d’exploitation, selon Geoff Blaber, analyste chez CCS Insight.
Le succès de l’opération va largement dépendre de sa chronologie : « quand verra-t-on les terminaux ? », interroge Carolina Milanesi. Reste que Symbian aura un argument dans sa manche, argument qui peut avoir un poids auprès des opérateurs : l’indépendance vis-à-vis de Google, Microsoft et Apple.