Virtualisation : l'engouement est là, manque plus que des licences adaptées
IDC, dans sa première étude du marché européen, affirme que les entreprises européennes ont déjà adopté la virtualisation. En 2008, plus de la moitié des serveurs achetés sera virtualisée. Reste aux éditeurs à adapter leurs modèles de licence.
La virtualisation de serveurs progresse à un rythme effrené dans les entreprises européennes. C'est la conclusion, très optimiste, de la dernière étude du cabinet d'analystes IDC.
Selon le panel d'entreprises sondées – des PME aux grands comptes -, plus d'un tiers (34%) des serveurs achetés en 2007 ont été intégré dans des environnements virtualisés. Une explosion pour IDC qui estime d'emblée que ce sera plus de la moitié des serveurs (52%) achetés en 2008 qui le seront.
Les entreprises européennes semblent ainsi combler leur retard sur leurs homologues américaines qui avaient dans le domaine quelques longueurs d'avance. Plus prudentes, semble indiquer Reza Malekzadeh, directeur marketing de VMware, « les entreprises européennes ont bénéficié de la première vague », résultat des expériences américaines, des cas d'études, qui ont valider la technologie.
L'adoption va donc bon train, même si finalement, « la majorité des serveurs X86 virtualisés sont déployés pour des phases de test ou dans le cadre de développement », indique IDC , qui note toutefois une augmentation de la présence de la virtualisation « dans les systèmes critiques et sur une base applicative plus large ». Au delà, ce sont aussi les intentions qui dessinent les tendances. « 54% des entreprises européennes n'ayant pas encore basculé, comptent le faire d'ici à 18 mois », rappelle IDC, qui explique que cela se concrétise également dans des stratégies de centres de données. « Cela confirme la tendance que la virtualisation est de plus en plus considérée comme un standard pour de très importants traitements ».
Les politiques de licence à la traine
Reste que quelques écueils demeurent. Même si Reza Malekzadeh souligne les efforts de Microsoft notamment, les politiques de licences de serveurs imposés par les éditeurs sont encore un frein pour nombre d'entreprises européennes. 23% des utilisateurs adeptes de la virtualisation estiment que les modèles de licences ne satisfont pas leur besoin et 33% de grands comptes qu'ils limitent l'utilisation de la virtualisation. En France, ce chiffre descendrait à 20% chez les grands comptes, 13% chez les PME mais grimperait à 40% pour la catégorie medium, précise Reza Malekzadeh.
En revanche, point positif, seulement 16% des entreprises hexagonales – des grands comptes – estiment que cela ne repond pas à leur besoin.
Cet écard avec les éditeurs et leur licences devrait se réduire commente-t-il, car « si les politiques de licences ont beaucoup de retard, les éditeurs commencent à s'adapter et dans les bonnes directions. Aujourd'hui, il s'agit davantage d'un problème juridique et légal (et non plus un problème de technologie, ndlr) ».
Autre frein, le manque de compétence que Reza Malekzadeh estime necessaire pour favoriser la progression de la virtualisation, mais également pour répondre à la demande d'expertise inévitable si l'on souhaite que la virtualisation rentre dans les architectures critiques des SI.
Réduire les couts, priorité n°1 en France
Si en moyenne, les entreprises européennes ont recours à la virtualisation pour des cas de continuité d'activité, de sauvegarde ou d'optimisation des performances, en France, c'est la réduction des coûts qui prime à 83%. Suivent l'isolation d'environnement à 35% et la réactivité au changement à 27%, confie Reza Malekzadeh. Ce dernier point constitue selon lui le « driver de la virtualisation » dans l'Hexagone – et aussi un des coeurs de métier de l'éditeur - , car sa mise en place est très couteuse sans virtualisation.
Coté offre, c'est VMware qui domine aussi en Europe. 82% des entreprises sondées affirment utiliser sa technologie. Et « en dépit de forts niveaux d'utilisation de Linux », analyse IDC, Xen (la technologie de Citrix) n'occupe que 3% du parc sondé. Microsoft compte pour 13%. L'éditeur de Windows doit toutefois encore placer Hyper-V, son hyperviseur maison tout juste lancé, sur ce marché.
En 2008, IDC s'attend à un marché plus segmenté, marqué par l'arrivée d'autres acteurs, notamment Sun. Chris Ingle, directeur de recherche IDC livre ainsi sa cartographie : « la panoplie d'offres rend le choix d'une technologie difficile : Microsoft débarque pour s'accaparer un large pan du marché, VMware semble être à la bonne place focalisé sur la continuité de service et la gouvernance : Citrix et les éditeurs Unix en appellent à leur cible de base ; HP, IBM Fujitsu-Siemens Computers, Dell, Sun et d'autres voudront prendre le lead dans les systèmes et le management.»