L'Afdel au gouvernement : « pas d'argent, mais un environnement favorable »
L'Association française des éditeurs de logiciels (Afdel) a présenté la semaine dernière ses propositions au gouvernement pour revitaliser l'industrie tricolore du logiciel. Il y a urgence alors que deux fleurons du secteur - Ilog et GL Trade - s'apprêtent à passer sous pavillon américain.
"L'industrie du logiciel ne demande pas de l'argent ou des mesures coûteuses, mais plutôt un environnement favorable à son développement". C'est ainsi que Loïc Rivière, le délégué général de l'Afdel (Association française des éditeurs de logiciels), résume le message essentiel que l'organisation a tenu à faire passer au secrétaire d'état à l'Economie numérique, Eric Besson, le 30 juillet dernier. Ca tombe bien, ce dernier a déjà clairement a annoncé que le plan numérique 2012 qu'il prépare ne recevra pas de budget dédié.
Une université pour les métiers du logiciel
Au cours de cette rencontre, alors que le ministre s'apprêtait à remettre ses recommandations pour le plan numérique 2012 à François Fillon - plan qui ne sera rendu public qu'à la rentrée -, l'association, créée en 2005 pour défendre les intérêts de certains éditeurs se sentant mal représentés par le Syntec Informatique, a remis ses propositions. Le fruit des Assises du logiciel, qu'elle avait organisées, et du travail de ses membres en commissions.
Si ce document ne sera pas divulgué avant la rentrée - en même temps que le plan gouvernemental -, ses grandes lignes sont connues. "Le principal point, c'est que le logiciel mérite une attention particulière. C'est à cette condition que nous créerons des champions nationaux sur des innovations de rupture", explique Loïc Rivière. Un besoin de faire naître de nouveaux emblèmes du logiciel tricolore qui se fait cruellement sentir en cet été 2008, où deux acteurs emblématiques du secteur (Ilog et GL Trade) sont en passe d'être absorbés par des sociétés américaines.
Dans le détail, l'Afdel propose la création d'une université du logiciel - afin de permettre au secteur de trouver facilement les compétences spécifiques à son activité -, le renforcement des aides à l'innovation, la mise en place d'un mécanisme mieux rodé d'accompagnement des éditeurs à l'international ou encore une clarification de la propriété intellectuelle. Sans surprise, l'association ressort également une des mesures qu'elle défend depuis des mois : la création d'un Small Business Act à la française, permettant de réserver une part de l'achat public aux PME.
Non au 20 % d'Open Source dans les achats publics
Sur le terrain très sensible de l'Open Source (l'Afdel s'étant créé entre autres pour contrebalancer la position vue comme pro-logiciel libre de Syntec Informatique), l'Afdel réclame la "neutralité de l'état". L'organisation affiche son "désaccord" avec une des mesures figurant dans les pistes de réflexion présentées par Eric Besson en amont des Assises du numérique : réserver 20 % de l'achat public à l'Open Source. "Nous ne considérons pas que le logiciel libre soit plus à défendre qu'un autre modèle, précise le délégué général. Cette proposition vient du rapport Attali. Et Jacques Attali lui même nous a dit que ce point avait échappé à sa vigilance".
En finir avec le saupoudrage
Au final, le cocktail de mesures imaginées par l'Afdel s'inscrit dans la lignée des politiques suivies par les gouvernements qui se sont succédés depuis plusieurs années. Sans que le secteur ne connaisse réellement un boom spectaculaire. "Jusqu'à présent on a pratiqué la politique du compte-gouttes, plaide Loïc Rivière. L'Afdel appelle à faire du logiciel une priorité nationale."