Logica : la route de l'Inde est la voie de la sagesse
Fruit du rachat d'Unilog, Logica France signe un premier semestre satisfaisant sur le plan de la croissance. La SSII compte intensifier son redéploiement à l'offshore, alors que les entreprises se montrent de plus en plus réceptives à la délocalisation dans les pays à faible coût de main d'oeuvre.
Avec 444,6 millions d'euros, Logica France enregistre une solide croissance de 7 % de son activité au cours du premier semestre. Ce qui témoigne d'une accélération sérieuse de l'activité au deuxième trimestre ; lors des trois premiers mois de l'année l'ex Unilog s'étant contenté d'un poussif 4 %. Au cours de ce semestre, la marge opérationnelle s'établit à 7,3 %, contre 7,7 % un an plus tôt. "La profitabilité s'érode un peu, du fait d'un recours accru à la sous-traitance. Mais ce choix amène de la flexibilité à la SSII en cas de retournement de marché. Logica signale d'ailleurs que la demande de ses clients évolue vers des projets de réduction des coûts, comme ce fut le cas après l'explosion de la bulle Internet, commente Brice Thebaud, analyste chez Aurel Leven. Toutefois, si ralentissement il y a, je ne pense pas que nous assisterons à une rupture comme au début des années 2000 : la croissance devrait plutôt passer de quelque 6 % à 3 ou 4 %."
Dans l'Hexagone, le ratio prises de commandes sur chiffre d'affaires bondit de 12 points, à 106 %. Et ce chiffre ne comprend pas le contrat signé entre la SSII et Michelin, sur lequel Logica a remporté quatre des dix lots.
Au niveau du groupe dans son ensemble, le chiffre d'affaires semestriel ressort à 2,22 milliards d'euros, en hausse de 6 % à périmètre comparable. Une hausse notamment tirée par les pays nordiques, où Logica a racheté en 2006 le Suédois WM-data. Si la marge opérationnelle progresse à 6,7 % (contre 5,9 % un an plus tôt), le bénéfice net est lui plombé par les dépenses du plan de transformation, annoncé en avril par le nouveau Pdg, Andy Green. Pour mettre en place ce plan, la SSII dépensera près de 140 millions d'euros en 2008 et 2009.
10 % des effectifs en offshore
Cette mutation mise largement sur le redéploiement des forces à l'offshore, et notamment en Inde. La SSII compte 3 900 personnes offshore, contre 3 450 à la fin de l'année dernière. Soit environ 10 % de ses effectifs. En septembre, Logica ouvrira un nouveau centre de services à Chennaï (Inde), avec 100 personnes pour démarrer. Dans son communiqué, la SSII se félicite d'ailleurs de "l'appétit croissant" des clients français pour l'offshore. Dans l'Hexagone, "la moitié des nouveaux gros contrats signés ont une composante offshore". Conséquence : la SSII a "freiné les recrutements onshore (en France donc, ndlr) au cours de ce semestre".
Une tendance qui semble se dessiner dans les principales SSII européennes : Capgemini et, plus récemment, Atos-Origin ayant déjà annoncé que l'essentiel de la croissance de leurs effectifs viendrait désormais des pays à faible coût de main d'oeuvre.
Encore 500 postes redéployés en Inde
Cette redéfinition des priorités a des conséquences concrètes pour les informaticiens européens. En avril, Logica avait ainsi annoncé un plan de restructuration touchant 1 300 personnes, essentiellement en Grande-Bretagne mais également en France. Le patron des activités françaises, Patrick Guimbal, avait même dû démentir les rumeurs de plan social parlant alors d'une "éventuelle réduction des postes de travail (...) gérée progressivement par le turnover naturel, la gestion des contrats à durée déterminée et des évolutions de postes de travail."
Aujourd'hui, le groupe dit avoir identifié 500 postes supplémentaires (dans le développement et la maintenance) qui seront transférés offshore. Une décision qui pourrait impacter les centres de service de proximité. En France déjà, où l'ex Unilog possède plusieurs implantations en Province (Montpellier, Lyon, Grenoble, Bordeaux, Auvergne...), les objectifs d'embauche de ces centres ont été revues à la baisse de 150 unités.