SSII : les poids moyens gardent leur jeu de jambes
Elles ont presque tout des grandes. Souvent vues comme des seconds couteaux, les SSII de taille moyenne affichent des résultats à peine moins bons que ceux des grands noms du service. Malgré une érosion de la marge de certains acteurs, qui semble passagère.
Les grandes SSII hexagonales ont signé un premier semestre solide, témoignant même d'un second trimestre meilleur que le premier. Un point de passage intermédiaire qui confirme que l'année 2008 sera bonne. Certainement dans le haut de la fourchette donnée par le syndicat Syntec Informatique en début d'année, soit entre 5 et 7 %.
Si le haut du marché se porte bien, qu'en est-il des SSII de taille plus modestes ? En effet, celles-ci peuvent être confrontées à plusieurs menaces. D'abord, en raison de leur taille, elles ont plus de malà s'internationaliser. Donc à accompagner les grands comptes sur les marchés étrangers. Corollaire : cette situation pourrait les confiner dans un rôle de sous-traitant à l'échelon national, sur des contrats maîtrisés par des SSII de rang 1, elles de taille mondiale.
De même, la taille de ces structures les handicapent pour mettre en place de vraies réponses aux demandes de délocalisation des donneurs d'ordre. Certaines ont bien sûr développé un volet offshore, mais souvent en partenariats avec des acteurs locaux. Ce qui suppose un partage des marges et peut déboucher sur des problèmes de qualité.
Les SSII figurant dans cet article sont classées avant la 100ème position, selon les chiffres donnés par PAC pour l'année 2007. Soit plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'année.
Au final, même si le tableau est globalement moins satisfaisant que celui des grands du secteur, ces poids moyens bénéficient eux aussi de la bonne santé des services informatiques. Même si l'érosion des marges de certains acteurs peut inquiéter. Mais, pour Dominique Raviart, analyste au cabinet NelsonHall, il s'agit là de difficultés conjoncturelles (liées par exemple à un contrat donné, comme CS ou Business & Décision) ou d'un transformation en cours de l'activité (comme Osiatis). "Je pronostique un rebond des marges au second semestre", livre l'analyste.
1) Les locomotives
Aubay. Porté par la France et surtout l'Italie, Aubay affiche une progression de l'activité de 9,1 % au premier semestre, largement au-dessus de la moyenne du marché. La SSII de 2100 personnes vise un chiffre d'affaires d'environ 172 millions d'euros sur l'année, après avoir engrangé 83,2 millions au cours des six premiers mois. La société explique notamment ce résultat par les succès obtenus par ses offres de TMA ou celles basées sur des centres de services. Son référencement par France Télécom a été renouvelé pour trois ans.
Infotel. Le spécialiste du Web to database affiche une solide progression de son activité. Sur les six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires progresse de 10 % à 44,3 millions d'euros. La marge opérationnelle recule par contre de 10,9 à 9 %. Le résultat net de cette SSII d'environ 700 personnes s'établit à 2,74 millions d'euros.
Micropole-Univers. 46,2 millions d'euros, en croissance de 23 % (à périmètre constant). Le spécialiste de la BI et du eBusiness enregistre lui aussi une croissance supérieure au marché. Le groupe signale les bonnes performances de ses offres en matière d'eBusiness et de PGI (lancées en 2007). Le résultat n'a pas encore été publié. Il faudra surveiller l'amélioration de la marge opérationnelle, qui n'était que 3,3 % au premier semestre 2007.
Neurones. En accélération au second trimestre, la spécialiste de l'infogérance affiche une croissance organique de 16,5 % (19 % au total) au premier semestre. Neurones (2300 personnes) publie un chiffre d'affaires de 89,4 millions d'euros, et une marge opérationnelle supérieure à 8 %. Le groupe se montre toutefois prudent dans ses prévisions pour la fin de l'année, en anticipant un chiffre d'affaires de 179 millions pour une marge comprise entre 8 et 9 %.
Solucom. Bien sûr, le groupe n'a encore dévoilé ses résultats du second trimestre. Mais, au début de l'année, l'activité de la SSII a progressé de 14 % à périmètre comparable. En prenant en compte l'arrivée dans le groupe de Cosmobay-Vectis, le chiffre d'affaires bondit de 47 % à 25,2 millions d'euros. Même s'il constate les "premiers signes de ralentissement chez certains donneurs d'ordres", Solucom (875 personnes) vise une marge opérationnelle de 10 à 12 % sur l'année, pour un chiffre d'affaires de 105 millions.
SII. A plus de 41 millions d'euros, l'activité progresse de 21,5 % (à périmètre constant) et de 25,6 % au total. Le groupe (2300 personnes) signale avoir ouvert un centre offshore au Maroc, en avril dernier. Lors du dernier exercice annuel - clos en mars - la marge opérationnelle s'établissait à 5,4 %, contre 6,2 % un an plus tôt.
2) Dans la moyenne
Keyrus. Là encore, la marge opérationnelle et le résultat du spécialiste de la BI et du e-Business (ainsi que des PGI sur le marché des PME) n'est pas encore connu. Tout juste, la société signale-t-elle une situation "difficile" sur les grands comptes en Ile-de-France. Ce qui impactera "significativement " la marge. Au second trimestre, la croissance atteint 11 % à périmètre comparable. Du fait de la cession d'une activité en septembre 2007, le chiffre d'affaires semestriels stagne en valeur absolue, à 57,4 millions d'euros.
Sodifrance. Bien sûr, il faut rester prudent, la SSII rennaise ne publiant ses résultats (notamment sa marge) que le 18 septembre. Mais l'activité de la Bretonne affiche une progression honnête sur le semestre : + 5,5 %. En prenant en compte l'acquisition de API Group en juillet dernier, la croissance atteint 43,8 % en un an, à 34,2 millions d'euros. Et ce, malgré un léger tassement au second trimestre, expliqué "par le décalage de la mise en œuvre de grands projets d’évolution d’architecture".
Tessi. Progression de 21,6 % du CA, à 96,3 millions d'euros : si on excepte les activités que le groupe s'apprête à céder, Tessi affiche des résultats solides. Mais en prenant en compte le rachat de certaines activités de Cegedim, la progression se limite à 6,7 %. Soit dans le haut de la fourchette annoncée début 2008 par Syntec Informatique. La société de services spécialisée dans le traitement de documents et les moyens de paiement affiche une marge de 12,4 %, contre 11,9 % un an plus tôt. Le résultat net s'établit à 5,62 millions d'euros sur le semestre.
3) Convalescent
Business & Decision. Au premier semestre 2008, la société de services doit se contenter d'un bénéfice net de 0,8 million d'euros. La conséquence d'un sévère recul de sa marge opérationnelle, passée en un an de 9,8 à 2,7 %. Pourtant, l'activité du spécialiste de la BI, de la relation client et du e-business continue d'être florissante, avec une croissance de 23 % de l'activité (115,1 millions sur le semestre). Le groupe explique ce tassement de la rentabilité par "des investissements sur les zones Europe, Amérique du Nord ainsi que sur ses filiales offshore (Inde, Tunisie, Roumanie, Maurice)", investissements s'inscrivant dans la stratégie d'internationalisation de Business & Decision.
Groupe Open. En pleine transformation (intégration de OpenIT, Teamlog et bientôt Sylis), Groupe Open pâtit un peu de ce focus donné à la croissance externe. Au premier semestre, la SSII publie un résultat semestriel en hausse de 4,2 %, à 95,2 millions d'euros. La société se construit en rachetant des spécialistes de la régie (Teamlog et Sylis notamment) et en engageant leur transformation vers un modèle "de projets à engagement et contrats de services". Le résultat opérationnel (non encore publié) est attendu autour de 4,5 %.
Net2S. La SSII, appelé à s'intégrer au groupe BT, publie un chiffre d'affaires en progression de 8 %, à 21,5 millions d'euros. Mais la marge plonge à 2,7 %, contre 4,5 % un an plus tôt.
Osiatis. Semestre très moyen pour Osiatis au regard du secteur. Le spécialiste de l’infogérance d’infrastructures annonce un chiffre d’affaires de 121,1 millions d’euros en légère hausse de 1,4 %, loin des niveaux de croissance observée sur le marché. La marge brute opérationnelle recule un peu à 4,9 % du CA, soit 6 millions d’euros. Si l’activité infogérance est stable en France, ce sont les développements de nouvelles technologies qui plombent l’activité avec un recul de 6,1 % à 19,1 millions d’euros. Osiatis se veut cependant rassurant, estimant que « après un début d’exercice 2008 en retrait, cette activité a inversé la tendance et enregistre une progression du chiffre d’affaires de 0,5 % sur le 2ème trimestre. »
4) Victimes d'un trou d'air
CS. Certes, le chiffre d'affaires progresse (114,7 millions d'euros, + 4 %), mais la marge opérationnelle plonge. Pour passer dans le rouge, avec une perte de 1,2 million contre un résultat positif un an plus tôt (7,2 % du CA, soit 7,9 millions). Le groupe présidé par Yazid Sabeg explique toutefois qu'il s'agit là d'un accident industriel, du à "des investissements commerciaux exceptionnels à l'international" ainsi qu'à des coûts provenant du retard d'un projet aux Etats-Unis. "Pour le second semestre 2008, le groupe compte recueillir les fruits de ses efforts à l'international et prévoit de rétablir une rentabilité opérationnelle positive", indique la société. Il faudra surveiller de près les résultats de la SSII à l'international : en un an, l'activité y est passée de 12,4 millions à 6,5 millions, un revers du avant tout à la filiale américaine.
TeamPartners. Après une sérieuse déconvenue en 2007 (activité en recul de 0,8 %, perte nette de 21 millions), le groupe peine à se redresser. Au premier semestre, l'activité recule encore de 2,2 % sur un an, à 65,6 millions d'euros. Le direction promet d'achever la restructuration d'ici à la fin de l'année.
Sylis. La nordiste, qui doit prochainement intégrer Groupe Open, voit son activité reculer de 0,5 %, à 70,7 millions d'euros. La marge reste inchangée, à 3,7 %. Ce spécialiste de la régie, qui signale d'ailleurs une "montée en puissance progressive de la commercialisation des offres" au forfait, s'attend à "une croissance modérée de son chiffre d’affaires compte tenu d’une visibilité réduite dans un contexte macroéconomique dégradé". C'est une des seules SSII à signaler l'impact de ce facteur dans sa communication financière.