TMA : l'offshore grignote la croissance
Le marché de la TMA est florissant et devrait le rester, l'externalisation de la maintenance répondant aux attentes d'optimisation budgétaire des donneurs d'ordre. Mais c'est aussi une activité fortement exposée à l'offshore. Une phénomène qui va freiner la croissance de ce segment dans les années qui viennent.
Un marché qui a connu des taux de croissance compris entre 10 et 14 % ces dernières années et qui pèse 7,5 % du marché des services informatiques dans l'Hexagone. Tel est le paysage dépeint par Pierre Audoin Consultants (PAC), ce matin à l'occasion d'une conférence sur le sujet organisée par IBM. "Année après année, la part de la TMA (tierce maintenance applicative) grossit de 0,5 point dans le marché global", explique Elisabeth de Maulde, présidente du cabinet Pierre Audoin Consultants. Au total, en 2007, un marché de 1,7 milliard d'euros, auxquels s'ajoutent environ 445 millions provenant de prestations de maintenance enfouies dans des contrats d'infogérance plus globaux.
Reste que cette belle dynamique, qui a attiré les grands prestataires (notamment Atos-Origin, Capgemini et IBM GS : voir tableau en page 2) et qui compte aussi des spécialistes (notamment Logica et Sopra), va être émoussée par le phénomène majeur touchant la TMA : l'offshore. PAC prédit ainsi une lente érosion de la croissance de ce marché : elle devrait ainsi passer de 11 % en 2007 à 8,8 % en 2011. "Avec l'offshore, c'est deux ou trois points de croissance qui ne se voient pas du fait de l'effet prix", estime Elisabeth de Maulde, qui prédit toutefois que cette forme d'optimisation des budgets IT va rester dynamique dans les années à venir. Récemment, Michelin a externalisé l'ensemble de la gestion de son patrimoine applicatifs, un contrat découpé en dix lots.
Les Indiens se montrent chez ArcelorMittal
Si l'hypothèse retenue par PAC fait apparaître une toujours confortable croissance du marché, tout dépend en réalité de la vitesse à laquelle les donneurs d'ordre se tourneront vers l'offshore pour leur TMA, et dans quelle proportion. "Pour les acteurs indiens, les TMA constituent un bon moyen de rentrer sur le marché", reconnaît Elisabeth de Maulde. Et on sait que pénétrer le marché hexagonal fait aujourd'hui partie de leurs priorités. Le contrat d'ArcelorMittal avec trois consortiums comportant chacun un prestataire indien en témoigne.
Présent lors de cette même conférence, Mohammed Maouchi, directeur des études de BNP Paribas Asset Management, fournit un second exemple de grand compte ayant rapidement transféré sa maintenance applicative dans un pays à faible coût de main d'oeuvre, à Bucarest en l'occurrence où Big Blue possède un centre francophone. Après avoir regroupé ses ressources en interne (en cassant les silos par applicatif), la banque s'est engagée sur 5 ans avec le prestataire en 2005. "En 10 mois, nous avons déporté 50 % de notre maintenance applicative sur ce centre. Pour une économie de 20 à 25 % sur notre budget études au global", raconte Mohammed Maouchi. Les gains obtenus ont été reversés aux nouveaux projets.
Deux personnes en France seulement
Ce contrat de 2,5 à 3 millions d'euros par an est un exemple de délocalisation agressive, comportant une très importante part réalisée offshore. Le front-office parisien d'IBM ne comptant que... deux personnes. "Ce contrat comporte une part d'offshore supérieure à 90 %", reconnaît Jean-Luc Pichot, le responsable de la ligne de services de gestion du patrimoine applicatif chez IBM Global Business Services (combinant IBM GS et PwC).
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