Sondage : l'offshore inquiète les informaticiens français
Huit informaticiens sur dix pensent que le phénomène de l'offshore aura un impact sur leur carrière. Tous les signaux émis sur le marché concordent : les délocalisations de prestations IT gagnent du terrain. Et le ralentissement économique ne devrait que renforcer cette tendance.
Plus de 8 informaticiens sur dix ayant répondu à notre sondage pensent que le phénomène offshore aura un impact sur leur carrière. 186 répondants sur un total de 229 personnes ont en effet estimés que la concurrence des pays à faible coût de main d'oeuvre les obligerait, d'une façon ou d'une autre, à s'adapter individuellement.
Même si l'offshore reste naissant en France - 5 % du chiffre d'affaires des services en 2007, selon les chiffres donnés par le syndicat professionnel Syntec Informatique en mars dernier -, son poids croissant sur le marché hexagonal ne fait plus guère de doutes. D'abord parce qu'il enregistre un taux de croissance de 40 à 50 % par an, toujours selon Syntec.
Ensuite, parce que l'attrait supposé des donneurs d'ordre pour ces prestations s'est concrétisé par des contrats comportant une large part de délocalisations. Citons notamment ceux passés par ArcelorMittal (refonte et la maintenance de son parc d'applicatifs de gestion) et Michelin (externalisation de la maintenance applicative).
Cap et Atos : des recrutements en masse... mais en Inde
Enfin, les signaux provenant des principales SSII de la place laissent peu de place aux doutes. Rachat de l'Américain Kanbay par Cap et de l'Anglais Xansa par Steria - deux acquisitions justifiées par la forte présence de ces prestataires en Inde - ; déclarations de Paul Hermelin (Capgemini) et de Philippe Germond (Atos) sur leur volonté de recruter avant tout en Inde - pour des effectifs stables en Europe - ; mise sur pied d'une offre offshore par tous les prestataires, y compris de taille moyenne ; ruée sur le nearshore marocain : impossible désormais d'ignorer le phénomène. Et d'imaginer qu'un tel séisme - alors que voici deux ans seulement, les SSII locales tentaient d'en minimiser la portée - puisse n'avoir aucun effet sur l'emploi informatique dans l'Hexagone. Même si les études statistiques tardent manifestement à en prendre la mesure. D'autant que, dans le même temps, les prestataires indiens ont fait de l'Europe continentale, et notamment de la France, une des cibles prioritaires de leur développement.
TMA : plus de délocalisations, moins de croissance
Alors quels métiers seront les premiers concernés ? Evidemment, le développement, première activité à avoir fait l'objet de délocalisations. Mais aussi la maintenance : récemment, le cabinet Pierre Audoin Consultants estimait que d'ici trois, la réduction des prix due à l'offshore réduirait de deux ou trois points la croissance du marché de la TMA (Tierce maintenance applicative). D'autres métiers techniques - comme la migration applicative - sont eux aussi concernés. En revanche, la supervision d'infrastructures, vue un temps comme une nouvelle activité sur le départ pour les pays à faible coût de main d'oeuvre, semble résister. Des tendances lourdes qui obligeront certainement les informaticiens à adapter leurs compétences et les écoles à former différemment nos ingénieurs.
En savoir plus : lire notre événement sur les services informatiques en Inde (en homepage) et le blog Indi@ consacré à l'actualité de l'IT dans le sous-continent.
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