La crise financière prend de court les SSII indiennes
Le plan de sauvetage des banques américaines n’y changera probablement rien : les SSII indiennes vont souffrir de la crise financière mondiale. Le syndicat patronal Nasscom l’admet enfin, mais se refuse encore à toute prévision chiffrée.
Depuis l’annonce de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, le ton n’est plus à l’optimisme béat du côté des SSII indiennes. Jeudi, Som Mittal, le président du Nasscom, la chambre syndicale des entreprises de service informatique et d’externalisation de processus métiers (BPO) du sous-continent, a admis un impact « à court terme » et « spécifique » à certaines entreprises : « nous allons continuer de surveiller l’apparition d’éventuels impacts négatifs supplémentaires », a-t-il précisé. C’est peu, mais cela tranche déjà avec le discours qui, jusqu’ici, faisait la part belle à l’hypothèse d’une montée en puissance suffisamment rapide de l’activité en Europe continentale pour compenser le ralentissement de l’activité en Amérique du Nord.
Des perspectives qui s’assombrissent
L’analyste Avinash Vashistha, PDG du cabinet Tholons, est plus direct dans les colonnes du quotidien indien Business Standard. Selon lui, les objectifs affichés d’un chiffre d’affaires de 40 Md$ pour l’exercice 2008, puis de 60 Md$ pour l’année fiscale 2010 pour l’ensemble de l’industrie IT indienne, « semblent difficiles à atteindre », désormais. Un sentiment largement partagé par les analystes locaux. Patrons de SSII et analystes multipliant les déclarations prudentes dans la presse locale.
Il faut dire que le SSII indiennes réalisent environ 60 % de leur chiffre d’affaires en Amérique du Nord ; le secteur de la banque et des services financiers compte lui pour près de 40 % du chiffre d’affaires de l’industrie IT locale. Et si les SSII indiennes ont clairement défini une stratégie européenne, celle-ci mettra encore du temps à porter ses fruits. Contrairement aux acteurs hexagonaux, elles sont donc directement impactées.
La chasse aux coûts est lancée
On l’a vu, les SSII indiennes se sont déjà engagées sur le terrain de l’amélioration de la rentabilité de leurs troupes. Et même sur celui des licenciements. Désormais, elles semblent également s’attaquer à la part variable sur salaire de leurs collaborateurs. Mais cela n’a rien d’officiel, pour le moment du moins. Le journal indien Financial Express rapporte ainsi le témoignage d’un salarié d’IBM qui affirme n’avoir reçu 5 à 8 % du montant de l’intéressement initialement prévu. Un autre, chez Cognizant, explique que les primes ne sont plus versées qu’une fois par an, au lieu de deux jusqu’ici. TCS aurait également pratiqué des coupes similaires. Mais les trois entreprises mises en cause nient ou se contentent de vanter la compétitivité de leurs rémunérations.