HP / EDS : Peu surpris, les syndicats se préparent à résister
La restructuration monstre prévue par la direction de HP n’a pas surpris les syndicats français. Qui attendent de voir ce que donnera le CE européen de la fin de semaine pour savoir exactement à quoi s’en tenir. Reste que la situation locale compliquée devrait peser sur le processus. Et que les syndicats sont remontés.
Peu surpris et prêts à se battre. Si l’ampleur de la restructuration annoncée dans le cadre de la fusion entre HP et EDS a étonné les analystes, elle n’a pas surpris les syndicats français qui s’attendaient même parfois à pire. Valérie Pau, coordinatrice CFDT pour HP-EDS depuis l’annonce de la fusion, explique que depuis plusieurs semaines des rumeurs circulaient en interne : « certains évoquaient même 15 à 20% de suppressions de postes. Notamment ceux de HP qui avaient connu la fusion très dure avec Compaq ». Au final la direction de HP a tranché : ce sera 24 600 suppressions, soit 8% du total des effectifs du nouveau groupe, numéro deux mondial dans les services. Pour Sud EDS-HP, ces rumeurs n’avaient rien de fortuit et le syndicat stigmatise dans un communiqué une stratégie d’annonce du pire avec « des fuites organisées qui laissaient entrevoir l’annonce de 20 à 30 000 suppressions d’emplois. Ceci a une fonction : préparer les salariés au pire, en quelque sorte les anesthésier ». Le ton employé par la direction de HP a également choqué. Selon Sud, « dans un message envoyé à tous les salariés HP-EDS le 15 septembre au soir, Mark Hurd emploie un vocabulaire qui révèle un formidable mépris envers les salariés. Il parle de l’« élimination de 24 600 positions » ».
L’embroglio français
Reste que rien n’est encore précisé concernant l’ampleur des dégâts pour la France et au-delà l’Europe. « On espère avoir plus d’information lors du comité d’entreprise européen extraordinaire qui doit se tenir le 25 septembre, notamment une déclinaison du plan par pays » précise Valérie Pau. Sans se faire d’illusions.
Près de la moitié des ces coupes concerneront les Etats-Unis et ce sont les rangs d’EDS qui seront les plus touchés. Des effectifs pourtant déjà réduits par de précédents plans sociaux engagés par la société de services. Ce qui signifie que l’Europe devrait être quasiment touché au même niveau, sachant que dans la conjoncture actuelle, favorable à une nouvelle vague de offshore, il y a peu de chance de voir les activités indiennes trop perturbées. Des milliers de licenciements sont donc à prévoir sur le vieux continent. Mais chaque pays connaît une réalité propre. Ainsi, selon Valérie Pau, « le plus inquiétant pour la France, c’est que le dernier plan social en cours chez EDS n’est même pas achevé. Le comité d’entreprise a dénoncé la manière dont la direction opérait et une audience devant la Justice doit avoir lieu le 3 octobre ». Un véritable casse-tête fruit de multiples fusions-acquisitions-restructurations sur les dernières années. Chez EDS, on craint que le coup de balai orchestré par HP soit l’occasion de solder durement les procédures en cours. D’autant que depuis quelques mois l’organisation est pour le moins floue. La presse s’est faite le relais d’informations concernant une démission de Francis Meston, patron d’EDS France. Départ démenti jusqu’à plus ample information. Il est donc toujours présents dans les locaux. Mais sans que l’on sache réellement qui dirige semble-t-il, notamment depuis qu’un coordonnateur a été diligenté par HP France pour s’occuper d’EDS.
Une lutte à l’échelle européenne
En attendant d’en savoir plus, les syndicats européens ont anticipé et – pour la première fois – organisaient mi-septembre une réunion sous l’égide de la Fédération européenne des métallurgistes et d'Uni Europa (fédération des services). Une quarantaine de représentants syndicaux issus de neuf pays européens – dont Valérie Pau pour la CFDT - ont débattu des conséquences de la fusion HP/EDS. Selon elle, cette mobilisation doit se poursuivre et d’autres réunions sont à prévoir. Même si les réalités de chaque pays sont très différentes. En attendant, les syndicats unanimes affirment s’opposer à la vague de licenciements et exiger un plan très précis de reconversion au cas où des postes seraient supprimés. Cela tombe bien puisque Mark Hurd a promis des lendemains plus fastes en matière d’emploi, expliquant notamment que sur la période de restructuration, 12 000 postes seraient également créés pour faire face à l’évolution de la demande. Sans préciser si une priorité serait accordée aux salariés licenciés ni sur quel continent seront effectués ces recrutements. Du grain à moudre pour la réunion du 25 septembre qui devrait en appeler d’autres, d’autant que les syndicats français semblent prêt à en découdre.