IBM veut nettoyer au karcher les processus de normalisation
IBM publie une série de conseils et de bonnes résolutions dans lequel il s'engage à faire pression sur les organismes de normalisation. Objectif : faire la police et « nettoyer » les processus de standardisation qu'il veut plus transparents et impartiaux. Un pavé dans la marre et surtout une prise de position qui vise directement « les abus de pouvoir » de Microsoft avec Open XML.
S'engager ou mettre fin à notre collaboration avec les instances de normalisation. IBM, amer et révolté, a décidé de prendre le taureau par les cornes et de faire monter d'un cran les tensions autour des processus de normalisation. Dans un guide, il détaille les résolutions prises cet été sur le sujet et menace ouvertement de quitter les organisations de normalisation, si des ajustements ne sont pas opérés.
Dans le viseur, la normalisation d'Open XML et les instances comme l'ISO et l'Ecma – au coeur des débats sur ce format. Selon Big Blue, la normalisation a été orchestrée par un Microsoft qui n'a pas hésité à manipuler les instances et ses membres et d'user « d'abus d'autorité ». Pointant au passage du doigt les mécanismes de standardisation en place qu'il considère comme injustes et allant à l'encontre du principe d'interopérabilité. Selon IBM, il est temps alors d'instaurer des règles contre ces abus de pouvoirs pour garantir l'impartialité des décisions.
IBM avec Cuba pour le monde libre !
Il faut dire que depuis la soumission d'Open XML auprès de l'Ecma, Microsoft et IBM (fervent supporter du format rival ODF) se livrent à une véritable passe d'arme. L'éditeur de Redmond avait notamment ouvert le feu en publiant un lettre ouverte pour dénoncer les tentatives d'IBM visant soit disant à enrayer les processus de normalisation. Microsoft parlait à l'époque de pressions que Big Blue auraient excercées sur les instances internationales. IBM avait répondu par l'exemple, démontrant la sécheresse fonctionnelle prétendue du format Microsoft. En pleine guerre du lobbying.
Cette nouvelle initiative vient surtout concrétiser et structurer le front de résistance qui se met en place contre l'ISO et la normalisation du format de Microsoft. Débuté notamment en septembre par six pays (Venezuela, Brésil, Afrique du Sud, Equateur, Cuba, Paraguay) dont l'appel contre la standardisation du format – et surtout contre le processus de Fast Track (procédure d'examen rapide) par lequel Open XML était arrivé à l'ISO- avait alors été rejeté. Ces Etats ont depuis organisé la rebellion autour du Consegi (Congresso Internacional Sociedade y gobierno electronico). IBM, dans sa menace de quitter les organismes de standardisation, appuie ainsi de tout son poids cette fronde.
Des participants indépendants pour des décisions impartiales
Big Blue, dans ses directives, va encore plus loin. Et décide de prendre les devants pour mettre en place sa propre ligne de conduite, puis de la soumettre aux instances elles-mêmes.
Dans son programme, outre le fait de reconsidérer ses engagements auprès des instances de normalisation, jugées pas assez transparentes dans leurs processus et politiques liées à l'interopérabilité, IBM s'engage à travailler sur « la mise en place de règles de gouvernance avancées à l'intérieur des organismes de standardisation qui garantissent que les décisions, les votes et les débats soient effectués de façon impartiale par des participants indépendants et protégés contre tout abus d'autorité ».
Pour la sanctification des standards ouverts
IBM s'engage ainsi à « réformer radicalement les processus de façon à supprimer les procurations et les suppléants lors de la création et de l'approbation des standards » et à « collaborer pour aider les organismes de standardisation à rationaliser et consolider les licences et les politiques liées à la propriété intellectuelle ». En point d'orgue, la volonté de « promouvoir le recours aux standards ouverts pour rendre les applications pus facilement interopérables ».
IBM n'a visiblement toujours pas digéré la longue liste des spécificités techniques d'Open XML, qu'il juge inbuvable pour tout développeur et donc très difficile à implementer.
Reste à savoir si les organismes en question entendront IBM. Big Blue, tout comme Microsoft et Oracle, est omniprésent dans les organisations de normalisation dès lors que les décisions sont liées à l'industrie informatique. IBM est également la société qui posséde le plus de brevets déposés aux Etats-Unis. Un désengagement d'un acteur de l'informatique, certes influent, peut-il faire basculer une institution si puissante et politique que l'ISO ? IBM a le mérite de poser le problème.