Google Android : l'iPhone pour modèle, Windows pour cible
La plateforme mobile de Google a enfin un premier représentant, le G1, un Smartphone développé par HTC et commercialisé par T-Mobile. Avec une recette commerciale qui ne manque pas de rappeler celle de l’iPhone. Mais est-ce bien lui qui est menacé ?
Le voici : c’est le G1, le premier Smartphone exploitant la plateforme Android de Google. Sur le plan fonctionnel, il se veut particulièrement complet avec interface radio bibande 3G+ et quadribande GSM/EDGE, WiFi, récepteur GPS, écran tactile, véritable clavier coulissant et capteur photo 3 mégapixels. Le tout associé à une mémoire de masse de 1 Go, qui prendre la forme d’une carte MicroSD. Physiquement, il est un peu plus encombrant que la référence du moment, l’iPhone. La faute, notamment, au clavier et à l’écran tactile coulissant.
Le G1 sera disponible fin octobre outre Atlantique au prix de 179 $, moyennant un engageant de deux ans. Justement, T-Mobile propose conjointement deux forfaits données, à 25 et 35 $. Le second se veut illimité, tant pour le trafic GPRS/EDGE/3G que pour les SMS. Les forfaits voix sont en sus. Le Smartphone de Google/HTC arrivera en Europe en novembre, par le Royaume-Uni. Il faudra attendre début 2009 pour que le G1 soit proposé dans d’autres pays du vieux continent, à commencer par l’Allemagne, l’Autriche, la République Tchèque et les Pays-Bas.
Construire un écosystème
Pour Carolina Milanesi, directeur de recherche chez Gartner, Google essaie, avec Android, de se créer un vaste marché supplémentaire pour ses services et ses applications : « le G1 est le premier d’une série de terminaux qui seront optimisés pour […] les services et applications Google. Sans ces services et applications, le G1 risque de n’être qu’un appareil à écran tactile de plus à se disputer le portefeuille des consommateurs à Noël. »
De fait, le G1 donne accès aux services de recherche sur Internet de Google – avec un navigateur Web basé sur WebKit, à l’instar de Chrome -, mais aussi de cartographie, de courrier électronique, d’agenda, de messagerie instantanée, ainsi qu’à YouTube. Surtout, toutes ces applications sont parfaitement synchronisées avec les services Web correspondants de Google, de manière transparente pour l’utilisateur.
Comme prévu, le Smartphone de Google est adossé à une plateforme de distribution d’application, sorte d’AppStore baptisé Android Market qui permet de télécharger et installer des applications directement sur le téléphone mobile. 1 700 applications seraient déjà disponibles. Officiellement, il n’est pas question de brider l’enthousiasme et la créativité des développeurs. Mais Google s’est bien gardé de fournir un logiciel de téléphonie sur IP. Pour mieux laisser des tiers ouvrir la boîte de Pandore ?
Aux Etats-Unis, T-Mobile s’est aussi associé les services d’Amazon : le service de vente de musique électronique de ce dernier est accessible directement depuis le G1 ; les morceaux ne sont pas protégés contre la copie. Reste à savoir si le lancement en Europe du G1 se traduira par celui du service Amazon MP3 sur le vieux continent ou si T-Mobile nouera d’autres alliances. A moins qu’il n’exclue le service d’achat de musique de son offre européenne.
Un concurrent pour… qui ?
Selon Roberta Cozza, analyste chez Gartner, il faudra, après HTC, compter avec Samsung et LG pour commercialiser des Smartphones Android en 2009. Pour elle, « Android a le potentiel pour s’imposer comme le Linux mobile de référence. » Roberta Cozza s’attend à ce que Android atteigne 10 % de part de marché en 2011, sur le segment des Smartphones.
L’intégration poussée d’Android avec les applications Google pourrait suffire à convaincre les utilisateurs de celles-ci. Mais elle ne suffira probablement pas à attirer ces professionnels qui ont besoin d’une intégration avec un serveur Exchange ou encore d’outils de gestion de flotte. Du coup, on peut aisément imaginer que LiPS et LiMo, qui ont récemment décidé de joindre leurs forces afin de résister, comptent parmi les premiers menacés. Apple peut paraître protégé par les fonctions baladeur de son iPhone, ainsi que sa vaste mémoire intégrée – jusqu’à 16 Go. Au final, c’est peut-être Windows Mobile qui semble le plus menacé, au moins sur le grand public : Windows Mobile 7 n’arrivera pas avant la fin 2009 ; l’actuelle version 6 ne parvient plus à cacher son âge et son inadaptation aux nouveaux usages, malgré les efforts de HTC ou encore Samsung pour rafraîchir l’ensemble à grand coups d’interfaces graphiques élégantes mais lentes.