Bruno Piers de Raveschoot, Actimize : "la crise appelle plus de régulation"
Pour le directeur Europe d'Actimize, éditeur spécialisé dans les outils de contrôle pour la banque, la crise actuelle appelle un renforcement de la régulation. Et le couperet ne devrait pas tarder à tomber.
L'homme est un ancien trader. Il a monté les activités en Europe d'un éditeur spécialisé dans les logiciels de contrôle pour les banques. Un éditeur qui s'est lancé il y a dix ans, grâce à un développement au sein de la banque Lehman Brothers, désormais défunte. Rencontré hier dans nos locaux, Bruno Piers de Raveschoot, directeur Europe d'Actimize, qui fournit des solutions pour la détection des abus de marché ("rogue trading"), la lutte anti-blanchiment et la détection des fraudes dans la banque de détail, dit être persuadé de vivre "des moments historiques". Un sentiment que ne dément pas la folle journée d'aujourd'hui.
Malgré tous les investissements consentis par les banques dans les instruments de contrôle de leur activité - et la communication faite autour de ces outils -, le système financier mondial vacille. Pourquoi ?
Bruno Piers de Raveschoot : Le système s'est planté, car il était mal régulé. Ce que nous vivons aujourd'hui, c'est l'échec de Bâle II (ensemble de normes publiées en 2005 et censées améliorer l'appréhension des risques bancaires, ndlr). L'octroi de crédits et de positions mal garantis est évident. Les règles actuelles sont mal établies, car on ne vérifie pas les dérivés : les réserves sur ces opérations étaient donc insuffisantes. Je m'attends donc à un renforcement de la régulation, qui va obliger les acteurs à couvrir tout le porte-feuille de produits bancaires.
Dans ce contexte, quelles décisions budgétaires prennent vos clients (Actimize étant présent dans la quasi-totalité des banques françaises) ?
B.P. : Je pense que les budgets de lutte contre la fraude dans la banque de détail seront maintenus. Car ces projets rapportent de l'argent. Les projets de mise en conformité (compliance) sont certes devenus moins prioritaires. Mais ce blocage ne durera que quelques mois. Je ne pense pas que les états vont continuer à venir au secours des banques sans exiger de contre-partie. Je m'attends à l'arrivée de nouvelles règles dès le premier trimestre 2009. La Commission Européenne voit cette crise comme une opportunité pour renforcer son contrôle sur les marchés financiers.
Sur quels principes technologiques reposent vos logiciels ?
B.P. : Notre technologie est basée sur de l'analyse multi-canal. Le principe consiste à digérer de multiples sources d'informations structurées. Sur cette base, nous détectons des anomalies, des comportements atypiques. Tous nos produits - détection du "rogue trading", lutte contre le blanchiment, détection des fraudes - reposent sur ce principe.
Dans quelques jours, nous annoncerons pour la première fois la prise en compte d'informations non structurées, à savoir la voix. Ceci concernera notamment les salles de marché (pour le passage des ordres des traders, ndlr) et les centres d'appels.
En complément : lire notre premier entretien avec Bruno Piers de Raveschoot au sujet, cette fois, de l'affaire Kerviel.