Spécial virtualisation (1/9) : Microsoft Hyper-V Server, la virtualisation à la sauce Windows
L'hyperviseur développé par Microsoft, Hyper-V, est sans doute le logiciel qui fait aujourd'hui couler le plus d'encre dans le monde de la virtualisation. Par sa taille, Microsoft est en effet vu par certains comme le seul challenger viable à VMware. Reste que, malgré les qualités de cette version 1.0 et des outils qui l'entourent, il faudra du temps à Microsoft pour parvenir au niveau de maturité de son concurrent.
Finalisé au début de l'été, Hyper-V existe aujourd'hui en deux versions, l'une implémentée comme un rôle de Windows Server 2008 et l'autre autonome, baptisée Hyper-V Server, en fait une version du rôle Hyper-V installée au-dessus d'un noyau Windows minimaliste.
Techniquement, Hyper-V a beaucoup des attributs d'un hyperviseur moderne, malgré quelques limitations. La première concerne les processeurs. Dans sa version actuelle, Hyper-V s'installe sur des machines disposant d'un maximum de 24 cœurs processeur, contre 32 pour VMware et bien plus pour XenServer (Citrix), Oracle VM, ou xVM Server (Sun). L'hyperviseur de Microsoft ne peut allouer que quatre processeurs virtuels (cœurs ou processeurs logiques) par machine virtuelle contre 4 processeurs physiques (jusqu'à 16 cœurs) pour VMware et aucune limitation pour un produit comme xVM Server.
Dans la pratique, la limitation en nombre de cœurs gérés ne devrait pas poser de problème dans la plupart des scénarios, la majorité des déploiements s'effectuant sur des serveurs bi ou quadri-sockets. Certaines applications pourraient, en revanche, avoir besoin de plus que les 4 CPU virtuels que peut allouer Hyper-V.
Côté réseau et stockage, Hyper-V se montre tout aussi méritant que ses concurrents, sinon supérieur dans certains secteurs. Chaque machine peut ainsi se voir allouer jusqu'à huit connexions réseau, de quoi faire face à la plupart des scénarios. De plus, Hyper-V offre des moyens sophistiqués de segmentation du trafic réseau entre machines virtuelles avec la création de VPN ou de VLAN internes à l'hyperviseur. En matière de stockage, tous les scénarios sont possibles, de l'utilisation de ressources internes SATA ou SAS, à la connexion à des ressources SAN via iSCSI ou Fiber Channel. Il est également possible de connecter directement une VM à des disques physiques via un mécanisme de pass-through (accès direct au disque).
Pas de migration en "live"
En fait, la limitation d'Hyper-V qui fait couler le plus d'encre est celle qui concerne le déplacement de machines virtuelles d'un serveur à un autre. Hyper-V ne supporte ainsi pas la fameuse migration en "live" d'une machine virtuelle. Alors que cette opération existe depuis plusieurs moutures dans ESX Server et dans XenServer et qu'elle est aussi implémentée par xVM Server ou Oracle VM, elle n'est pas disponible dans Hyper-V. Il faut une pause de la VM et un temps de 3 à 5 s pour la bascule.
Microsoft ne devrait proposer la migration en temps réel (baptisée Live Migration) que dans une prochaine version d'Hyper-V, attendue avec Windows Server 2008 R2 à l'été ou l'automne 2009. Cette mouture devrait aussi apporter l'ajout et le retrait de ressources (mémoire, CPU, entrées/sorties…) à chaud.
A venir dans nos prochaines éditions : Red Hat oVirt, Stratus Avance, Sun xVM Server, Suse Linux Enterprise Server, VMware ESX Server, Oracle VM.
Déjà paru : Citrix Xen Server
Pour les clients disposant de parcs hétérogènes, une autre limitation est toutefois autrement plus gênante : si Hyper-V est capable d'accueillir sans sourciller la plupart des versions serveur de Windows, le seul autre OS réellement supporté avec des performances élevées est Suse Linux de Novell, pour lequel Microsoft fournit des composants d'intégration (l'équivalent des pilotes paravirtualisés de Xen). A ce jour, Red Hat Linux et Solaris, deux autres OS phares des datacenters, ne sont pas officiellement supportés, même s'ils fonctionnent correctement en mode émulation (au prix toutefois de performances I/O dégradées).
Selon Microsoft, les discussions entre Red Hat et Microsoft n'ont pas permis d'aboutir à un accord de support, sans que l'on sache très bien d'où vient le blocage. Solaris devrait en revanche être officiellement supporté lors d'une prochaine mouture. Sun et Microsoft ont en effet noué plusieurs accords, dont l'un autour de la virtualisation, afin d'assurer le fonctionnement de leurs systèmes d'exploitation respectifs sur les couches de virtualisation de l'autre.
Reste qu'à l'heure où Microsoft met en avant sa nouvelle politique d'interopérabilité, ignorer volontairement la distribution Linux la plus installée dans les datacenters - et ses dérivées - paraît pour le moins incongru. D'autant qu'Hyper-V ne manque pas de concurrents plus "œcuméniques", dont évidemment VMware ESX Server, mais aussi Sun xVM Server, Citrix XenServer, Oracle VM ou Novell Suse 10…
L'accent mis sur l'offre d'administration
Si Hyper-V dispose de sa propre console d'administration dans Windows Server 2008, l'essentiel des efforts de Microsoft en matière d'administration des environnements virtualisés s'appuient sur System Center Virtual Machine Manager (VMM) 2008, la nouvelle mouture de son outil d'administration d'environnements virtualisés.
Attendu en version finale pour la fin du mois d'octobre (en version anglaise), VMM 2008 se veut l'équivalent pour Hyper-V de ce que Virtual Center est à ESX Server. Capable de gérer des machines virtuelles sous Hyper-V et sous ESX Server, VMM 2008 sait prendre en charge des pools de serveurs et provisionner à la volée des machines virtuelles en fonction des politiques définies par l'administrateur. Il est aussi conçu pour simplifier le déploiement d'Hyper-V dans un scénario de haute disponibilité impliquant la mise en oeuvre des technologies de cluster Windows.
VMM 2008 est capable d'allouer les ressources systèmes disponibles au sein d'un pool de serveurs de façon granulaire, en fonction des politiques de qualité de service définies par l'administrateur. Largement scriptable, l'outil est au coeur de la stratégie d'automatisation des datacenters de Microsoft et il vient compléter une panoplie d'outils déjà riche, notamment en matière de gestion des images systèmes, d'application de correctifs...
Du fait des technologies utilisées, l'outil devrait s'avérer particulièrement efficace pour les environnements faisant un large usage de Windows dans le datacenter. Il n'est pas sûr en revanche qu'il soit le mieux positionné pour gérer un large parc de machines virtuelles hétérogènes, du fait de l'inaptitude usuelle des outils d'administration de Microsoft à gérer les environnements systèmes Linux ou Solaris. Même si Microsoft a récemment laissé entrevoir un peu plus d'ouverture en la matière.
En savoir plus : Le site virtualisation de Microsoft
A venir dans nos prochaines éditions : Red Hat oVirt, Stratus Avance, Sun xVM Server, Suse Linux Enterprise Server, VMware ESX Server, Oracle VM.
Déjà paru : Citrix Xen Server