Spécial virtualisation (3/9) : avec oVirt, Red Hat reboote sa stratégie de virtualisation
Après s'être lancé avec Xen comme tous les grands de l'Open Source, Red Hat a finalement décidé de faire volte-face pour baser sa stratégie de virtualisation sur KVM, technologie intégrée au noyau Linux et développée par l'Israélien Qumranet. Le fruit de ces travaux se nomme oVirt, un hyperviseur qui n'en est encore qu'au stade de la bêta.
Après avoir douté de l'intérêt de la virtualisation, puis avoir choisi la voie Xen, Red Hat a pris du retard sur ses concurrents, faute d'une stratégie claire. Alors que Novell, son principal concurrent sur le secteur des distributions Linux d'entreprise, a tout misé sur Xen et déroulé sa stratégie (accord d'interopérabilité avec Microsoft et rachat de PlateSpin, spécialiste des outils d'administration de la virtualisation), Red Hat a peu a peu fait machine arrière sur la technologie Open Source. Rappelons que le principal contributeur de Xen, XenSource, a depuis été racheté par Citrix.
Rupture avec Xen
Entre Xen et Red Hat, la rupture semble aujourd'hui consommée. Ce dernier a en effet décidé de faire volte-face pour baser sa stratégie sur KVM (Kernel-based virtual machine), une technologie de virtualisation intégrée au noyau Linux et développée par l'Israélien Qumranet. Le fruit de ces travaux est oVirt, un hyperviseur qui n'en est encore qu'au stade de la bêta et dont la vocation est, à terme, de supplanter l'actuelle implémentation de Xen dans RHEL. Notons à ce propos que Red Hat promet à ses clients Xen une migration "simple" vers oVirt, mais on voit pour le moment mal la forme qu'elle prendra.
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Pour accélérer le développement d'oVirt, Red Hat a annoncé en septembre 2008 le rachat pour 105 M$ de Qumranet, le développeur originel du projet KVM. Red Hat entend faire de cette extension au noyau Linux le fondement de sa stratégie de virtualisation, aussi bien sur les serveurs, que pour la virtualisation des postes de travail. Il est à noter que KVM a également été retenu par Ubuntu dans ses distributions serveur.
Combler le retard en matière de virtualisation
Pris de vitesse par l'ensemble de ses concurrents, Red Hat a choisi une solution radicale. La prise de contrôle de Qumranet lui permet d'accélérer ses travaux sur oVirt, mais aussi de disposer d'une technologie prometteuse en matière de virtualisation de postes de travail : SolidIce. Red Hat entend en faire un concurrent de VDI. SolidIce s'appuie sur KVM pour héberger les machines virtuelles des postes clients et sur un broker de session développé par Qumranet, le Virtual Desktop Controller. La société israélienne a également développé son propre protocole de déport d'écran, baptisé Spice (Simple Protocol for Independent Computing Environments). Bref, c'est sur tout un ensemble de technologies, pour l'essentiel sous licence GPL, que Red Hat met la main. Notons au passage que des portages de KVM sont en cours pour FreeBSD (un portage qui pourrait entre autre intéresser Apple), mais aussi pour d'autres architectures que l'architecture x86, notamment l'architecture Power et l'environnement Mainframe d'IBM.
Red Hat se veut rassurant pour ses clients Red Hat Enterprise Linux 5 utilisant Xen et s'engage à les supporter jusqu'en 2014. Il indique également qu'il poursuivra sa contribution au développement de Xen. Reste que, dans la pratique, l'éditeur devrait surtout pousser ses clients à migrer progressivement vers ses nouvelles offres une fois ces dernières opérationnelles. Pendant ce temps, son retard sur les grands du marché grandit, Red Hat étant l'un des rares développeurs d'OS, avec Sun, à ne pas encore disposer d'une version finalisée de son hyperviseur.
En savoir plus :
A venir dans nos prochaines éditions : Stratus Avance, Sun xVM Server, Suse Linux Enterprise Server, VMware ESX Server, Oracle VM.
Déjà paru : Microsoft Hyper-V Server, Citrix XenServer