La branche BHFM de la Société Générale migre sous Linux 20 % des postes de travail
A l’occasion des Assises de la sécurité qui se déroulent actuellement à Monaco, la branche BHFM de la Société Générale - son activité de banque de détail à l'international - a levé le voile sur un important projet de migration, sous Linux, d'une partie des 54 000 postes de travail. Un projet lancé de façon confidentielle - "en sous-marin" - dès 2006.
C’était un petit projet, lancé discrètement en 2006, « en sous-marin », de peur de le voir éliminé, reconnaît Jean-Marc Krystlik, directeur technique à la DSI de la branche opérationnelle BHFM de la Société Générale, l’entité chargée de l’activité banque de détail à l’international.
Mais le projet a pris de l’ampleur, dès lors qu’il a pu être montré en interne, « lorsqu’on a commencé à gagner de l’argent. » Le but de ce projet était somme toute assez classique : « mettre en place un dual sourcing (double source d'approvisionnement, ndlr) afin de mieux maîtriser les coûts », alors que les négociations piétinaient pour le renouvellement des licences Microsoft.
Le choix de l’interopérabilité
Petit, le projet n’a initialement mobilisé qu’un chef de projet et deux stagiaires en fin d’études, ainsi qu’une ressource d’assistance technique apportée par Novell. Car, après examen de différentes distributions Linux, le choix s’est porté sur Suse Linux Enterprise Desktop 10 (SLED), édité par Novell donc depuis le rachat de la distribution allemande.
Jean-Marc Krystlik en explique les motivations : « SLED 10 nous paraissait supérieure sur l’ergonomie, l’intégration et l’interopérabilité avec l’environnement Microsoft. » Et d’insister sur la compatibilité avec les outils déployés (Microsoft Office, Altiris, Sophos, Exhange, etc.) à l’échelle du groupe Société Générale : « l’intégration s’est faite très naturellement avec le domaine Active Directory » ; « les processus de distribution d’images Windows et Linux sont identiques. » Et puis Novell promettait « un niveau de maintenance et de support au moins équivalents à ce qu’offre Microsoft. »
L’attractivité des économies...
Mais ce qui a permis de valider le projet, ce sont les économies projetées : « le gain de TCO (coût de revient, ndlr) sur le poste de travail est estimé à 18 % par rapport à Windows XP. » Un gain généré à 80 % par les économies sur les coûts logiciels. « Avec Linux, on augmente aussi la durée de vie du parc matériel : les besoins en ressources sont inférieurs à ceux de Windows XP. »
Le passage à Vista, un projet également programmé par la DSI de la SG pour une partie des postes, impose lui « le remplacement de 40 % du parc »… Du coup, la BHFM a clairement décidé de déployer largement SLED 10 sur ses postes de travail à travers le monde. Des pilotes, en cours dans les agences au Maroc, en Roumanie et en Tunisie, doivent s’achever d’ici à la fin de l’année. Courant 2009, 20 % des 54 000 postes de travail de la branche BHFM de la Société Générale seront migrés sous Linux. Mieux : le projet pourrait faire tâche d'huile; le groupe Société Général réfléchit actuellement à l'extension de la migration à un périmètre plus vaste.
… et de la sécurité
Jean-Marc Krystlik relève que, pour ne rien gâcher, le choix de Linux ne manque pas de bénéfices en termes de sécurité, avec « peu de virus ou de malware ». Il relève notamment le fait qu’il s’agit « d’un environnement moins familier que Windows ». Du coup, les utilisateurs sont moins enclins à adopter des comportements potentiellement dangereux tels que l’installation de logiciels non validés. Et les « outils de surveillance sont équivalents à ceux que l’on trouve sur les autres plates-formes », ajoute-t-il. L’antivirus reste Sophos, utilisé par l'ensemble du groupe. Le pare-feu n’est autre que le célèbre iptables. La sécurisation des applications est assurée par AppArmor, de Novell.
Quelques écueils
Mais Jean-Marc Krystlik reconnaît que le projet n’est pas allé sans quelques difficultés. Notamment, certaines macros Excel évoluées ont dû être abandonnées – ou leurs utilisateurs sont restés sous Windows. Surtout, un partenaire de la Société Générale, Western Union, s’est avéré dans l’incapacité de fournir une version Linux de son application ; la version Windows n’a pas pu fonctionner avec la solution d’émulation des API Windows, Wine. Du coup, la Société Générale étudie avec Novell la possibilité de faire fonctionner cette application sur le mode du client léger, avec une solution Citrix.
Mise à jour, le 18/10/2008 à 12h36 : Jean-Marc Krystlik a tenu a nous préciser que, contrairement à ce que nous affirmions initialement, sur la base de sa présentation, le périmètre de la migration sous Linux des postes de travail n'a pas encore été étendu à l'ensemble du groupe Société Générale. Ce point fait actuellement l'objet d'une réflexion interne.