Open Source : l'appât du gain, une menace pour l'unité de la communauté ?
L'Open Source promis à la crise? Alors que la progression des technologies libres dans les entreprises est aujourd'hui soutenue par un esprit communautaire, qui fait avancer de front les différents acteurs du monde open source face aux éditeurs propriétaires, la paix des braves pourrait tôt ou tard être rompue. Le front Open source pourrait alors se fragmenter pour laisser place à des stratégies individuelles motivées par l'unique appât du gain.
Sur le marché, de l'Open Source, « nous sommes aujourd'hui dans une phase de Gentleman Agreement ». C'est un des constats exprimé par Cedric Thomas, Pdg du consortium OW2, à l'occasion d'une table ronde sur la pénétration de l'Open Source en Europe, organisée par Actuate, spécialiste de la BI Open Source.
Alors que le contexte tend à être en faveur de l'Open Source dans les entreprises, et notamment en France, les acteurs qui rythment actuellement le mouvement pourraient à terme, devenir bélliqueux et s'engager dans une lutte de parts de marché. Comme un marché classique avec des éditeurs propriétaires, en somme.
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Aujourd'hui, le statu quo est de rigueur entre les éditeurs Open Source, qui au lieu de rivaliser entre eux, collaborent pour proposer un unique front de résistance, unifié – et donc plus solide - , contre le modèle plus proprétaire. Cette stratégie est d'autant plus raisonnable, que les parts de marché ne sont pour l 'heure pas suffisamment importante pour se diviser. Un sentiment que nous exprimait déjà Eric Soares, vice-président des ventes d'Ingres en France.
Sur le marché des bases données, par exemple, l'Open Source reste nettement en retrait actuellement, avec 10% du marché. Le haut du tableau étant trusté par les géants du secteur que sont Oracle (environ 50% du marché), Microsoft (20%) et IBM (20%). Aucune raison pour l'heure de se lier les uns contre les autres. Autant livrer d'une seule et unique voix le combat et gagner, petit à petit, des parts de marché.
Mais l'Open Source va se durcir, poursuit Cedric Thomas. Dès que la taille critique sera atteinte, les enjeux économiques et les stratégies individuelles des acteurs pourraient faire voler en éclats cette belle unité. Au risque de voir émerger de sévères rivalités entre acteurs du secteur. Le fairplay de l'Open Source bientôt sifflé par un autre mouvement?
Un contexte de progression en France
La France pourrait être un laboratoire de ces évolutions. dans l'hexagone, deux études montrent que l'Open Source gagne rapidement des parts de marchés sur le marché des applications d'entreprise. Il est vrai que les entreprises hexagonales (hors service public) considèrent à 61,5% l'Open Source dans leurs options d'achat d'un logiciel, selon une étude de Survey Interactive (commanditée par Actuate). Plus significatif encore, en France, les applications à code ouverts s'immiscent davantage au coeur des applicatifs critiques de sécurité, de décisionnel et d'applications d'entreprises (comme le PGI) . Une progression confirmée également dans le secteur public, comme le souligne une récente étude de Markess International, qui mentionne que la part du buget de l'administration dans les logiciels libres est passé de 7% en 2006 à 10% en 2007, et devrait atteindre 13% en 2008.