Office Web : Microsoft marque Google à la culotte
En montant Word, Excel, Powerpoint et OneNote dans le nuage, Microsoft livre une version allégée d'Office pour ne pas laisser filer Google. Sans forcer. Ni réellement démontrer pour l'instant la pertinence de sa stratégie S+S.
Office, lui aussi, s'envole vers le nuage. Microsoft, à l'occasion de sa conférence développeur PDC, a dévoilé Office Web, une traduction allégée, voire appauvrie, en mode Saas de composants du système bureautique Office. Une envolée vers un nuage où lévite Google et l'ensemble de ses services bureautiques Google Doc, SpreadSheets et Presentation.
Face à la firme de Mountain View, Microsoft y place donc Word, Excel, Powerpoint et OneNote. Des outils dotés de la très familière interface qui a notamment favorisé la propagation des outils Microsoft dans bon nombre des entreprises. Le ruban, qui caractérise Office 2007, a ainsi été étendu sur le Web.
Présenté par Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité de Microsoft France, comme le « compagnon d'Office », Office Web s'inscrit alors dans la continuité du cycle de vie du document Office. « Un continuum entre terminaux et ce, de façon transparente », commente alors Microsoft. Dans le détail, Office Web offre des possibilités de créer, de modifier, d'éditer, de sauvegarder et de synchroniser des documents Office, et de les rendre accessibles dans n'importe quel environnement. Du desktop au téléphone portable.
Réplique du modèle Outlook Web Access
Car en bon élément de la stratégie Software + Services de la marque, dont Azure constitue le socle et l'infrastructure technique, Office Web doit agir en digne complément de la version desktop de la suite bureautique. C'est du moins l'argument phare de l'éditeur.
« Il s'agit d'une réplique du même modèle proposé avec Outlook Web Access », explique Microsoft. Pour mémoire, ce service offre un accès par le navigateur Internet à sa messagerie Outlook.
« Fidéliser le document »
Mais où se situe la complémentarité avec Office alors ? Pour Bernard Ourghanlian, outre le fait de décloisonner le document, il s'agit également de « fidéliser le document ». En clair, « présenter un document de la même façon et dans la même forme et pouvoir ainsi le modifier sans aucune manipulation ». Pas de rupture dans son cycle de vie en somme.
Reste toutefois une condition. Office Web, pour des raisons techniques d'implémentation trop difficiles à réaliser sur le Web, n'est qu'une version allégée de son homologue desktop. Les documents dont la structure et la forme usent de formules complexes ne seront probablement pas traduits sur le Web. Microsoft n'indique pas les limites ni quelles sont les brides d'Office Web sur ce sujet.
« L'une des difficultés du cloud est de passer à l'échelle », explique Bernard Ourghanlian. Et donc de trouver un équilibre entre la préservation la qualité de produit et la limitation de fonctionnalités trop difficiles à implémenter telle quelle. Un travail de longue haleine. Et, dans certains cas, la richesse fonctionnelle de l'application classique est impossible à reproduire, souligne-t-il en substance.
In fine, Office Web apparaît comme un concurrent direct de l'offre actuelle de Google. Ni plus, ni moins, avec l'expérience utilisateur Microsoft en sus.
La longue transition S+S
Microsoft confirme bien que les détenteurs de licences en volume et abonnés à la Software Assurance auront accès à Office Web sans autre frais. Pour les autres, l'éditeur compte développer ses services selon deux modèles. Un mode gratuit, mais sponsorisé par de la publicité. Un autre sous forme d'abonnement, dont le prix n'a pas encore été fixé. Et pour cause. Office Web débarquera avec Office 14, fin 2009 – début 2010. Un basculement S+S plutôt long et douloureux, comme pourrait l'être celui d'un changement de modèle économique.
Car Microsoft réalise encore la plus grosse partie de son chiffre d'affaires avec sa division Business, qui repose principalement sur les composants de la gamme Office. Avec 4,95 Md$, les revenus dégagés par cette division représentaient presque 33 % du CA total de l'éditeur au premier trimestre 2008. Les services en ligne, quant eux, totalisaient 770 M$, soit 5,1 % du total.