Le chômage augmente chez les informaticiens français
Ce ne sont que quelques dizaines de demandes d’emplois supplémentaires enregistrées par la Dares mais c’est une première depuis novembre 2004. Comme c’était à craindre, le secteur informatique est donc à son tour touché par la crise. Les salaires stagnent, le chômage s’accroît et les premières vagues de licenciements liées à la crise touchent l’Europe.
Selon le Munci (Mouvement pour une union nationale et collégiale des informaticiens), le chômage a augmenté chez les informaticiens au mois de septembre. Selon l’association, les derniers chiffres publiés par la Dares (Direction de l'animation et de la recherche des études et des statistiques) montrent que le chiffre était de 19 297 demandeurs d’emploi en informatique (cat.1) fin août 2008 – le taux de chômage atteignait alors 3,5% sur la base de 500 000 informaticiens - et qu’il est passé à 19 508 fin septembre 2008.
La croissance est certes minime mais le Munci estime qu’elle est significative dans la mesure où « pendant quatre ans, le nombre des demandeurs d’emploi en informatique a connu, chaque mois, une baisse continue (hors mois de juillet et août : effet saisonnier dû aux nombreuses inscriptions des jeunes diplômés à l’Anpe) ». Il s’agit donc d’une première depuis novembre 2004 et de la fin de la « crise », notamment liée à l’effondrement de la bulle Internet au tournant des années 2000. Et les chiffres sont d’autant plus inquiétants que si les profils expérimentés demeurent porteurs, le salaire moyen stagne, comme le montrait l’étude Apec publiée au début du mois d’octobre. Mi-octobre, les informaticiens interrogés par LeMagIT par voie de sondage se montraient d’ailleurs particulièrement inquiets pour leur emploi en dépit des signaux plutôt positifs émis par leurs patrons. Ils étaient plus de 70% à estimer que la crise financière allait se traduire par des licenciements dans l'IT en France
Vigilance accrue sur l’attitude des SSII
Le Munci – qui vient tout juste d’investir le champ syndical au travers d’une alliance avec l’Unsa et qui s’est fait une spécialité de suivre le niveau d’emploi des informaticiens - prévoit donc d’être particulièrement vigilant et prévient d’ores et déjà que « si la tendance haussière se confirme, nous monterons rapidement au créneau avec notamment pour cibles, l’offshore et l’immigration économique » et le suivi du comportement des SSII en matière de licenciements. Des questions d’autant plus pressantes que la comptabilisation du nombre d’informaticiens en activité n’est pas simple, comme nous l’expliquions au cœur de l’été en rendant compte de la disparition statistique de quelques 35 000 emplois dans le secteur…
Une partie de la réponse pourrait cependant être apportée dès aujourd’hui par le Syntec, l’organisation syndicale patronale du secteur, qui doit annoncer ses premières prévisions concernant l’activité en 2009 pour les SSII et l’édition logicielle.
Côté entreprise utilisatrice, de nombreuses DSI d’établissements financiers ont déjà mis leurs effectifs sur la sellette. Début septembre Calyon, banque d’investissement du Crédit Agricole, prévoyait ainsi une réorganisation qui doit toucher tant les effectifs en interne que les prestataires. Auparavant, Natixis – coentreprise Caisse d’épargne / Banque populaire – avait réduit drastiquement son budget prestation informatique.
Vague de licenciements dans les DSI des banques anglaises
Et c’est l’ensemble de l’Europe qui devrait être concernée. Au Royaume-Uni, nos confrères de The Register affirment que la restructuration des services IT des grandes banques opérant à la City a également débuté. Goldman Sachs aurait demandé à ses prestataires en régie de réduire le taux de présence de 15% « à prendre ou à laisser », sans qu’aucune négociation ne soit envisagée. Des licenciements secs dans la DSI seraient également envisagés alors même que les effectifs de la banque au Royaume-Uni doivent officiellement être réduits de 10%.
Même mouvement chez Barclays Capital où une quarantaine de personnes de la DSI devraient perdre leur emploi sur la base du volontariat et de retraites anticipées, selon The Register. Barclays, tout comme HBOS, avait il y a quelques semaines demandé à ses prestataires de revoir leurs notes à la baisse. Enfin, la prise de contrôle d’Halifax Bank – banque écossaise – par Lloyds TSB devrait également se traduire par des suppressions de postes, y compris dans la DSI, les systèmes d’information des deux banques étant appelés à être intégrés selon le plan d’économie prévue dans le cadre de la fusion.