Infor, le patchwork des PGI, cherche son unité dans la SOA

Fruit de multiples rachats dans les PGI (SSA, Geac, Mapics, Datastream, Epiphany, etc.), Infor, dixième éditeur mondial, cherche une cohérence à son porte-feuille logiciel hétéroclite dans une stratégie SOA. Sans brusquer ses bases installées.

C'est un éditeur constitué à partir de rien. Par accumulation d'éditeurs rachetés depuis six ans par un fonds d'investissement, Golden Gate Capital. Avec un total impressionnant de 45 sociétés acquises pour une structure sortie de nulle part : Infor. Bref, une stratégie à l'origine très financière, tournée vers le rachat de bases installées très souvent en majorité autour de la plate-forme AS/400 d'IBM (rebaptisée iSeries). De quoi inquiéter une clientèle de comptes intermédiaires, comptant 3 750 entreprises en France autour de produits comme Baan, Mapics, Anaël, Datastream, BPCS ou encore Geac.

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"Au premier meeting utilisateurs, voici trois ans, il y avait 20 personnes toutes très remontées", s'amuse Benoît de la Tour, le directeur Europe du Sud de l'éditeur (en photo) qui compte un peu moins de 400 personnes en France. Lors de sa dernière conférence utilisateurs (Inforum), qui se tenait la semaine dernière à Paris, la société accueillait pas moins de 450 personnes. Dans un climat que l'éditeur décrit comme pacifié. "Aujourd'hui nous partageons de l'information sur la stratégie produits que nous avons mis en place", reprend le dirigeant. Avec des clients globalement fidèles, selon Benoît de la Tour, qui cite le chiffre de 93 % de clients renouvelant leur contrat de maintenance.

Open SOA pour fédérer les bases installées

C'est qu'entre-temps, l'éditeur s'est employé à rassurer ses bases installées. Logique pour une société qui réalise près de 50 % de son chiffre d'affaires annuel (environ 2,2 milliards de dollars) en maintenance. Avec deux messages clefs. Primo, "il n'y a pas de projet de convergence chez Infor", comme le dit Benoît de la Tour. Secundo, "quel que soit le produit que possède un client, il y a toujours un projet d'évolution, notamment au sein de notre stratégie Open SOA". Car c'est bien autour de cette stratégie modulaire, basée sur les standards, qu'Infor tente de bâtir sa cohérence et de donner une vision commune à des bases installées hétéroclites. "La vision que cette stratégie offre à nos clients est importante, confirme Benoît de la Tour. Nous allons rentrer dans une logique de clients bêta-testeurs."

Une stratégie qui trouve en cette fin d'année sa première concrétisation côté utilisateurs avec la disponibilité de MyDay, une interface Web d'accès aux applications maison. MyDay vise à offrir un environnement de travail personnalisé aux utilisateurs. Il repose sur des rôles (16 aujourd'hui) et propose des analyses décisionnelles en plus de l'accès aux fonctions des ERP. La disponibilité de l'environnement, limitée aujourd'hui à certains produits d'Infor (Adage, LN, SyteLine et Visual), sera étendue en 2009.

bruce gordon

"Nous avons commencé il y a trois ans cette stratégie SOA, qui n'a été rendue publique qu'en 2007, explique Bruce Gordon, le directeur technique du groupe (en photo). C'est une stratégie qui s'étale sur six ans." Open SOA, insiste le dirigeant, "ne vise pas à construire une autre plate-forme d'entreprise comme Fusion (d'Oracle, ndlr) ou Netweaver (de SAP, ndlr)". Chez Infor, pas de middleware propriétaire. La conception repose plutôt sur un framework XML reposant sur le standard Oagis (Open Applications Group Interoperability Standard). L'autre socle de la stratégie Open SOA réside dans le standard OSGI (Open Service Gateway Initiative), une façon de délivrer des packages logiciels en environnement Java, associée à un référentiel de services.

Open SOA arrive par la maintenance

Au centre des outils fournis par Infor à ses utilisateurs se trouve un composant (on-ramp) assurant pour chaque progiciel le contrôle de l'information publiée (prête à être consommée) et de l'information reçue (que le progiciel pourra consommer). Autre choix de l'éditeur : amener peu à peu les composants de sa stratégie Open SOA à ses différentes bases installées via la maintenance, sans surcoût (voir la roadmap pour les composants de Open SOA ci-dessous). "Et les entreprises n'ont pas à mettre à jour leurs applications vers la dernière version. Comme avec Baan, plate-forme pour laquelle nous proposons nos composants SOA pour les versions 6 mais aussi 4c4 et l'année prochaine pour la version 5, nous amènerons l'architecture orientée services à plus d'une version de produit. Ce sera aussi le cas pour Mapics", commente Bruce Gordon.

roadmapinfor

Quoi qu'en dise Infor, Open SOA est une stratégie de convergence qui ne dit pas son nom. En amenant des modules communs au sein de ses principales lignes de produit, l'éditeur rend possible la mutualisation des développements. "Par exemple, les équipes de Siteline, LN (ex Baan, ndlr) ou Adage travaillent à des modules de contrôle du pricing. Pour la prochaine génération de ce module, une seule équipe prendra le travail en charge". Trois modules (gestion des commandes Web, gestion d'inventaire et contrôle du pricing) seront ainsi capables dès janvier de gérer les ressources de plusieurs systèmes du catalogue Infor. D'autres briques, autour de la gestion des clients et de la gestion financière, suivront en 2009.

Introduction en bourse reportée

Pour sa base installée sur iSeries (ex AS/400) - soit un client Infor sur deux dans le monde -, l'éditeur prévoit de faire tourner les nouveaux composants soit sur une partition Linux hébergée par iOS, soit sur un serveur séparé.

Autant d'éléments censés rassurer des bases installées que ne pouvait manquer de brusquer le rachat de leur éditeur de PGI par un fonds d'investissement. Si ces derniers ont désormais une meilleure idée de l'évolution des solutions qu'ils emploient, il leur faudra garder un oeil sur les finances de l'éditeur. Maniant à tour de bras le rachat par endettement (LBO), le groupe est lesté d'une dette de 4,8 milliards de dollars. Et a dû renoncer pour l'instant à son projet d'introduction en bourse, en raison des conditions de marché créées par la crise financière. Pas étonnant qu'Infor marque une pause, depuis un an et demi, dans sa boulimie d'acquisitions.

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