Thierry Breton aux syndicats d'Atos : "je serai direct et agirai vite"
Moins d'une semaine après l'arrivée de Thierry Breton à la tête d'Atos-Origin, les syndicats de la SSII donnent une idée de l'ambiance au sein de la société. Où on s'attend manifestement à des grandes manœuvres.
Suite au remplacement brutal de Philippe Germond par Thierry Breton, LeMagIT a contacté un certain nombre de syndicalistes au sein de la SSII. Une façon de tâter le terrain alors que la société est secouée depuis plusieurs mois par les va-et-vient des fonds d'investissement dans son capital. Et au moment où elle est reprise en main par une personnalité emblématique, ex Pdg de France Télécom et ex ministre de l'Economie et des Finances.
"Un petit poisson pour Breton"
Membre du comité d'entreprise européen, et coordinatrice CFDT d'Atos-Origin, Marie-Christine Lebert explique :
"L'arrivée de Thierry Breton est une surprise brutale. Elle suscite d'importantes questions au sein des équipes d'Atos-Origin. Vu la réputation de Thierry Breton, réputé direct et saignant, tout le monde s'attend à ce que ce soit dur. Et se pose des questions sur l'avenir de la société. Atos-Origin est un petit poisson pour une personnalité comme Thierry Breton. On peut donc légitimement se poser des questions sur ce qui se cache derrière cette arrivée, d'autant que la vente du groupe a été clairement un enjeu ces derniers mois."
"Thierry Breton a reçu le comité d'entreprise européen mardi. Il a tenu à nous dire qu'il est arrivé plus tôt qu'initialement prévu pour participer à l'élaboration du budget 2009 du groupe, exercice où il s'attend à une situation grave. Il nous a dit qu'il serait direct et agirait rapidement. Les élus sont aujourd'hui à l'affût de ces décisions difficiles."
"La prime de départ reçue par Philippe Germond (entre 4,5 et 5 millions d'euros) est totalement scandaleuse. Nous comptons engager des actions sur ce sujet. C'est d'ailleurs le sujet qui a le plus fait réagir les salariés."
"Les salariés sont résignés"
Absent au niveau des instances du groupe, le Specis (le syndicat Unsa de la branche Syntec), compte toutefois de nombreux salariés d'Atos parmi ses permanents. Il est représenté au niveau de l'activité Intégration de la SSII. La réaction de Frédéric Peyron, le secrétaire général adjoint du syndicat (interrogé en début de semaine) :
"Tout le monde est surpris. Les salariés ont accueilli la nouvelle du départ de Philippe Germond avec un certain détachement, ils ont l'impression de n'être que des pions dans une partie qui les dépasse. Il sont un peu résignés. En France, les départs de Didier Zeitoun (président des activités de la SSII dans l'Hexagone, ndlr) et de Claude Aulagnon (responsable des activités d'intégration dans le pays, ndlr) nous avaient déjà inquiétés. D'autant que nous n'avions reçu aucune explication officielle."
"Début janvier 2009, dans le cadre du plan de transformation 303, une nouvelle organisation sera mise en place, pour mieux prendre en compte l'industrialisation de nos offres. Un accord de GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) doit l'accompagner, couplé à la création d'un observatoire des métiers dits sensibles. Ceux qui sont le plus susceptibles d'être transférés offshore (le développement de l'offshore étant une des priorités du plan 303, ndlr)."
"Le communiqué nous incite à la vigilance"
Pour la CFTC, où l'on s'alarme d'un environnement de régression sociale dans le pays menaçant les acquis sociaux, Antoine de Givry remarque :
"Le fait que la réunion fixant le sort de Philippe Germond ait été fixée un dimanche montre qu'il ne s'agit pas d'une procédure habituelle. Ce n'est donc pas rassurant."
"Mais la CFTC n’a pas à prendre position sur un changement de dirigeant ou sur des modifications de statuts qui regardent les actionnaires. Nous remercions Philippe Germond de son attitude plus ouverte et plus positive que ses prédécesseurs. Et espèrons que Thierry Breton maintiendra une volonté de dialogue."
"Mais, la lecture du communiqué du groupe, particulièrement la phrase « pour rapidement maximiser la création de valeur pour tous les actionnaires. », nous incite à la plus grande vigilance pour la défense des intérêts légitimes des salariés."