Yahoo brade Kelkoo à des investisseurs anglais
Après s'être payé il y a 4 ans Kelkoo pour 475 millions d'euros, Yahoo a pris la décision de le revendre pour...100 millions. L'heureux acquéreur, Jamplant, un fond d'investissements britannique, récupère ainsi un bout d'une société dont les faiblesses de gestion sont encore pointées du doigt.
En pleine débâcle, Yahoo a décidé de revendre, ou plutôt de brader, Kelkoo, le comparateur de prix que le groupe avait racheté en 2004 pour quelque 475 millions d'euros. Alors que le marché laissait entrevoir des heures glorieuses sur le segment de la recherche et autres services associés, comme le comparateur de prix.
L'information, très discrète du côté de Yahoo, a été confirmée vendredi 21 novembre sur son blog, par le fondateur de Kelkoo, Pierre Chappaz, après plusieurs mois de rumeurs. Kelkoo est ainsi cédé, pour une bouchée de pain – on parle de moins de 100 millions d'euros - à un fonds d'investissements britannique, Jamplant Ltd, associé au fondateur du comparateur Uswitch.
Pierre Chappaz, qui explique avoir été approché maintes fois par Yahoo pour reprendre son ancien projet, tance le groupe de Jerry Yang – qui a cédé la semaine dernière de son poste de Pdg - , pour ne pas avoir été à la hauteur dans les décisions stratégiques. Il raconte que ce rachat « illustre l'incapacité de cette société à se développer dans l'univers du transactionnel. C'est un problème culturel: Yahoo!, c'est la pub traditionnelle, le bon vieux CPM, ce n'est pas le clic (CPC) et les marchands. » Incapacité de Yahoo a redynamisé le comparateur car le groupe reste englué dans ses choix donc, selon Pierre Chappaz. Et de poursuivre, amer : « Il faut aussi avouer que le management de Yahoo! n'a pas témoigné de grandes capacités pour gèrer les équipes situées hors des frontières américaines. C'est d'ailleurs ce qui avait motivé mon propre départ de la présidence de Yahoo! Europe en 2005 ».
Un inertie des responsables également fortement évoquée dans la saga du rachat de Yahoo par Microsoft, et dont Jerry Yang a été désigné comme l'un des principaux responsables. Pour finalement Laisser le groupe en plein désarroi stratégique, et sur le point de licencier un grande partie de ses effectifs.
En interne, la gestion du groupe, avait également semé la zizanie bien avant ces épisodes. Une note, baptisé « le manifeste du beurre de cacahouète », avait pointé du doigt la gestion catastrophique de la direction. Un désordre qui avait contribué à laisser filer Google sur le segment de la publicité en ligne et de la recherche. La vente de Kelkoo ne serait donc qu'une énième illustration.
Reste également à connaître le sort des effectifs de Kelkoo, qui compte aujourd'hui quelque 270 employés en Grande-Bretagne et en France (Paris et Grenoble). Le mail interne du patron de Kelkoo à ses employés – publié par Pierre Chappaz sur Wikio – ne le mentionne pas.
Désormais il reste à attendre la nomination du remplaçant de Yang et surtout à surveiller l'attitude de Microsoft qui récupérerait bien l'activité recherche du portail pour refaire un peu de son retard sur Google.
Restera-t-il seulement une trace de Yahoo!, l'un des fleurons de la première vague web, si celui-ci se trouve démembré peu à peu ?