La Vallée d’Ossau mise sur les télécentres
Les territoires ruraux ont pris la mesure de la transformation du travail rendue possible par les technologies de l’information. Et les exemples de télécentres se multiplient. Dans les Pyrénées, la Vallée d’Ossau déploie quelques postes de travail pour attirer les télétravailleurs sur la base d’une infrastructure et de services IT tout compris. Une première initiative qui ne demande qu’à essaimer pour relocaliser des emplois et des dynamiques d’entreprises.
Le 20 janvier, la Communauté de communes de la Vallée d’Ossau – au cœur du Béarn, dans le département des Pyrénées Atlantiques – a inauguré son premier télécentre. Un projet symbolique des efforts des collectivités locales en milieu rural notamment pour inscrire les technologies de l’information au cœur de leur développement. Ici Francis Courouau, président de la communauté de communes de la vallée d'Ossau et conseil général, vise clairement les télétravailleurs potentiels qui souhaiteraient profiter de la qualité de vie offerte par cette région de montagne tout en développant leur activité individuelle dans le cadre de télécentres totalement équipés. Autre intérêt non négligeable : dans des bassins d’emploi très étendus autour de grandes agglomérations, ce type d’offre « décentralisée » permet de minimiser l’empreinte carbone en limitant les déplacements d’une population professionnellement nomade qui pourrait pratiquer le télétravail.
Installé place de l'Europe à Sévignacq-Meyracq, près d’Arudy, le télécentre de la Vallée d’Ossau propose trois bureaux équipés de postes de travail fixes Windows 7 avec webcam et haut-parleurs, raccordés à Internet par une liaison SDSL à 2 Mo. L'un de ces bureaux est modulaire et permet la transformation en salle de réunion de 6 places, avec vidéoprojecteur au plafond. Le passage à la fibre est à l’étude et devrait dépendre du succès de l’opération. Sur ce point, Francis Courouau se veut résolument optimiste fort de premiers contacts engageants : « GDF est d’ores et déjà intéressé par la signature d’une convention pour occuper régulièrement un poste. L’Urssaf est également sur les rangs pour assurer une forme de permanence. Et surtout une entreprise paloise dans le domaine du conseil informatique qui doit prochainement s’installer sur Arudy a décidé d’anticiper sa venue dans la vallée en préemptant une partie du télécentre jusqu’à l’été 2012 ». Des premiers succès qui pourraient permettre à cette expérience pilote dans le département d’essaimer rapidement. Plusieurs autres territoires qui ont déjà éprouvé le dispositif (Orne, Cantal, Ariège, Gers) ont servi d’exemple à la Vallée d’Ossau.
Des initiatives qui bénéficient de l’écoute des bailleurs de fonds européens puisque le télécentre de Sévignacq-Meyracq fonctionne grâce aux financements de l'Union européenne (Fonds FEADER, Programme Leader) - représentée lors de l’inauguration par Alain Lamassoure, ancien ministre et député européen issue des Pyrénées Atlantiques - pour un montant de 31 500 euros (50 %) et de la Région Aquitaine pour un montant de 15 750 euros (30 %).
Au cœur des programmes des candidats à l’élection présidentielle et des préoccupations des groupes de pression du secteur – Afdel ou Syntec -, la relocalisation des emplois et le développement de la filière IT peut également passer par ce type d’initiative vertueuses à deux niveaux : la réduction de la fracture numérique en organisant le déploiement d’infrastructures et l’accès aux usages dans des régions sous-équipées ; le développement d’un entreprenariat décentralisé, mobile, à moindre coût qui pourrait intéresser un secteur IT qui compte déjà plus de 70 000 informaticiens auto-entrepreneurs.