L'UE veut un cadre réglementaire unifié pour les achats publics de services cloud en Europe
Dans un discours prononcé au forum économique de Davos, la vice-présidente de la Commission, Neelie Kroes, milite pour un cadre réglementaire unifié et pour une mutualisation de l'achat public de services cloud en Europe. La commissaire évoque aussi la nécessité d'un cadre juridique cohérent à l'échelle de l'UE pour simplifier les achats de cloud des entreprises et des particuliers.
Dans un discours prononcé à l’occasion du Forum économique de Davos ce jeudi 26 juillet, Neelie Kroes, la vice-présidente de la Commission européenne en charge de l’agenda numérique de l’Union, a milité pour une accélération des efforts autour de l'informatique en nuage en Europe. Selon Kroes, « le Cloud Computing va changer notre économie. Il peut apporter des avantages significatifs de productivité à tous, y compris les petites entreprises et les particuliers. (…) Nos économies vacillantes ont besoin de tirer le meilleur parti de cela. Nous ne pouvons faire moins. Il nous faut agir pour soutenir l’adoption rapide du Cloud Computing en Europe ».
Neelie Kroes, qui a mené le combat de l'UE contre Microsoft, pilote désormais l'agenda numérique de l'Union Européenne. (crédit photo : europa.eu) |
Un cadre unifié pour les clouds gouvernementaux en Europe
La priorité de Kroes semble être l'émergence d'un cadre réglementaire cohérent pour les clouds des administrations publiques à l'échelle européenne. Selon la Commissaire, la commande publique représente environ 20% de la dépense informatique en Europe, mais elle est très fragmentée. « Nous pouvons exploiter ce pouvoir d’achat grâce à une plus grande harmonisation et à une plus grande intégration », indique la Commissaire en imaginant des marchés publics combinés au niveau européen. L’objectif : des services plus standardisés, des offres nouvelles et meilleures, des prix moins élevés. Une façon de garantir des marchés aux fournisseurs en échange d’une plus grande efficacité des administrations, explique Kroes.
La commissaire propose ainsi la création d'un partenariat pour le Cloud en Europe, impliquant utilisateurs, fournisseurs et gouvernements pour travailler sur l’ensemble de ces sujets. Dans un premier temps, il s’agira de définir des règles communes pour l’achat par les administrations de services Cloud. Le "partenariat" aura ainsi pour but de définir des standards, de traiter les questions de sécurité et de garantir la libre concurrence, en empêchant notamment les fournisseurs de « verrouiller » leurs clients. Dans une seconde phase, le partenariat fournira des « proof of concepts » de solutions répondant aux exigences définies. Enfin la troisième phase, permettra la mise en œuvre commerciale.
La Commission va injecter 10 millions d’euros dans ce "partenariat" avec l’objectif de produire des résultats concrets en 2013. "Cela fonctionnera-t-il ?". Neelie Kroes montre les exemples des États-Unis et de la communauté scientifique en Europe (notamment un consortium mené par le CERN et l’ESA) qui ont déjà travaillé sur ces sujets avec succès. Certes, explique la Commissaire, le paysage des administrations en Europe est plus complexe qu’aux États-Unis, et leurs problématiques plus complexes que celle de la communauté scientifique. Mais elle rappelle que c'est aussi pour cela que l'Europe existe : mener des projets en commun lorsque cela a du sens.
Il ne s’agit pas de créer un super cloud européen ou de forcer à l’intégration des infrastructures publiques existantes, mais de définir des critères communs et de contribuer à plus d’efficacité. La commissaire promet plus de détails pour les mois à venir.
Accélérer l'adoption du cloud en Europe
Kroes a aussi profité de son passage à Davos pour rappeler les efforts que consent l’Union pour la promotion des services en nuage. L’an passé déjà, la Commissaire avait averti que l’Union n’entendait pas rester inactive face aux bouleversements que promet l’informatique en nuage. Depuis, explique-t-elle, « les consultations avec des fournisseurs de Cloud, les utilisateurs et les consommateurs ont été nombreuses. Beaucoup de travail a également été fait par les parties intéressées en Europe et avec les principaux partenaires commerciaux afin d’identifier les principales questions qui doivent être abordées ».
Selon elle, des conclusions claires émergent de ces réunions et notamment une : beaucoup hésitent encore face au Cloud. Ils s’inquiètent des modalités contractuelles, de la protection de leurs données, de la fiabilité de leur fournisseur ou de la difficulté d’en changer.
« Toutes ces questions – les normes, la certification, la protection des données, l’interopérabilité, le lock-in, la sécurité juridique, … - sont particulièrement gênantes pour les petites entreprises », explique Kroes. Elles sont pourtant celles « qui devraient bénéficier le plus du Cloud », mais elles n’ont ni la puissance d’achat, ni les ressources pour négocier efficacement avec les fournisseurs Cloud. Kroes avertit donc : « partout où ces obstacles existent, je suis déterminée à les surmonter ».`
La commissaire indique ainsi que la Commission vient de proposer un nouveau cadre juridique européen pour la protection des données dans le XXIe siècle, un cadre qui doit homogénéiser les réglementations disparates des 27 états membres de l’Union et qui devrait singulièrement simplifier la vie des entreprises clientes et des fournisseurs de cloud.