Emploi 2012 : le secteur IT préservé dans un contexte de croissance « tétanisée »
Pas d'espoir de reprise tangible avant 2014 pour l'emploi des cadres selon l'Apec. Qui prévoit au mieux une quasi stagnation des recrutements en 2012. Grâce notamment à l'embauche du secteur IT et de la fonction informatique qui devrait maintenir le rythme de près de 30 000 postes à pourvoir.
Pourvu que ça dure. A l'orée de 2012, il reste encore presque deux fois plus d'entreprises qui souhaitent augmenter leurs effectifs cadres (9%) que celles qui les voient à la baisse (5%). Et donc plus de huit employeurs sur dix qui envisagent un statu-quo. Ce qui donne à penser, selon l'Apec que « la crainte d'un décrochage brutal des recrutements de cadres, comme en 2002 ou en 2009, n'est pas de mise ». Le secteur IT au sens large (incluant les informaticiens des entreprises utilisatrices) est pour beaucoup dans cette perspective de maintien de l'emploi des cadres.
Selon le panel de 11000 entreprises interrogées par l'Apec, sur un total de 164 000 embauches cadres (scénario pessimiste) ou de 195 000 embauches (scénario optimiste) prévues pour 2012, la fonction informatique reste l'une des deux motrices (avec l'autre locomotive qu'est la fonction commerciale) du marché de l'emploi cadres. Avec, pour les informaticiens, près de 30000 emplois à pourvoir (plus ou moins 5000, selon que le scénario choisi soit optimiste ou pessimiste). Soit à peu de chose près autant qu'en 2011 (29 839 embauches réalisées). Ce qui confirmerait les prévisions plutôt conservatrices de Syntec numérique envisageant quasiment autant d'embauches en 2012 qu'en 2011.
D'ailleurs, le tout premier relevé barométrique 2012 de l'Apec affiche, pour janvier, un nombre d'offres d'emplois diffusées en croissance de +38% par rapport à janvier 2011 (de +32% pour les informaticiens). Ce qui situe le début de l'année dans le sillage du bilan globalement positif de 2011 (+10% en nombre d'embauches cadres réalisées, par rapport à 2010 ; +13% pour les informaticiens).
Courbe plate aussi pour les salaires |
Un marché qui résiste: tels sont les termes employés par les analystes du cabinet Hays pour décrire la situation de la fonction informatique dans un contexte de « prudence généralisée ». Selon l'étude des salaires pratiqués à l'embauche (étude sectorielle des rémunérations 2012, Hays France), la fonction informatique reste plutôt bien lotie (comme les fonctions achats, supply chain et autres métiers susceptibles de maintenir la compétitivité des entreprises). Ce qui n'empêche une quasi-stagnation des politiques de rémunérations pour l'ensemble des postes (études et développement, systèmes ou exploitation, MOA, télécoms). Sauf exception : certains consultants (business intelligence, ERP), les profils certifiés parlant anglais, ou les experts d'une technologie recherchée, qui, selon l'étude Hays, « peuvent prétendre à une surcote de 10% environ » sur la moyenne. (Grilles de salaires, par métier et par niveau d'expérience à consulter sur le site de Hays France). De même, l'étude du cabinet Robert Walters constate la valorisation de certains experts (dont les spécialistes SAP) qui ont vu leurs salaires s'envoler (jusqu'à +25%) en 2011. Et de prévoir, face à l'incertitude économique qui marque ce début d'année 2012, une individualisation accentuée des salaires. |
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Marché resserré pour les débutants
Pour autant, l'incertitude et l'attentisme, qui prévalent dans le contexte économique actuel, ont tendance à accentuer la dichotomie du marché : entre d'une part, les secteurs high tech (à forte valeur ajoutée selon l'Apec, dont le secteur IT, l'aéronautique, l'électronique) qui devraient poursuivre sur la lancée de 2011; d'autre part, les secteurs plus exposés aux aléas de la conjoncture. Mais celle-ci explique aussi le grand écart des prévisions d'embauches, entre la fourchette haute (+8% pour l'ensemble des cadres, +17% en informatique) du scénario optimiste et la fourchette basse (-10% pour les cadres, -11% pour les informaticiens) du scénario pessimiste.
Pas de quoi non plus rassurer les nouveaux arrivants sur ce marché dichotomique et attentiste, encore plus enclin à se tourner vers les cadres confirmés (50% des embauches) ou les jeunes cadres (30% des embauches). Selon le panel Apec, par rapport aux 38000 embauches de jeunes diplômés réalisées en 2011, le nombre de postes ouverts aux débutants en 2012 devrait se situer entre 31000 (-18%, fourchette basse) et 37000 (-2%, fourchette haute). Soit un marché particulièrement « difficile » et resserré pour les jeunes qui ne sont pas issus des filières prisées des employeurs (dont la filière informatique).
Selon l'Apec, cette quasi-stagnation de l'emploi, particulièrement défavorable aux jeunes, pourrait bien se prolonger jusqu'en 2014, selon un scénario de « croissance tétanisée ». D'après le modèle économétrique élaboré par l'agence (compilation d'études de conjoncture, évolution du PIB, des investissements et de l'octroi de crédit, de la démographie), le tassement de 2012 pourrait être suivi d'une reprise technique en 2013 (« correspondant aux investissements d'entretien obligatoires aux entreprises »). Concernant l'emploi, la reprise de l'embauche envisageable pour 2013 (+8% selon cette modélisation) permettrait en 2014 de retrouver le niveau du marché de l'emploi cadre de 2008. Et la démographie aidant (départ en retraite) à partir de 2015, cette progression pourrait se poursuivre au rythme de 6% par an, aboutissant à 228 000 embauches en 2016 soit 20 000 de plus qu'en 2008.
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