CloudStore : la Grande-Bretagne passe officiellement ses politiques d’achat à la moulinette Cloud
Le gouvernement britannique a officiellement ouvert CloudStore, le catalogue d’applications et de services IT de son G-Cloud, qu’il destine à ses administrations. Quelques 257 sociétés, 50% de PME, 1 700 services IT dans le Cloud (Saas, Paas, Iaas et conseil) qui revisite en profondeur le modèle de procurement de sa Gracieuse Majesté.
Depuis ce dimanche 19 février, les services publics de sa Gracieuse Majesté ont la tête dans les nuages. Francis Maude, le vice premier ministre et ministre pour le Cabinet Office, qui a notamment la charge de soutenir le Premier Ministre David Cameron, a officiellement ouvert aux administrations du pays un volet du Cloud gouvernemental, sobrement baptisé G-Cloud. A la clé, la mise à disposition de CloudStore, un magasin applicatif de type Appstore, qui proposera au secteur public britannique un ensemble d’applications, validées et sécurisées, hébergées sur le Cloud gouvernemental.
CloudStore, ainsi que G-Cloud, s’inscrivent au coeur d’un vaste programme de mutualisation de l’IT public, voulu par le gouvernement de David Cameron. Un programme de rationalisation des infrastructures, des applications et des services IT dont l’objectif premier est de réduire les coûts IT de l’administration. Dans sa stratégie, Francis Maude mise notamment sur une rationalisation des data centers, sur un réseau unifié (Public Sector Network), ainsi que sur la mise en place d’un desktop orienté cloud.
Un bouleversement des marchés publiques britanniques
«Le framework G-Cloud doit révolutionner l’achat, la gestion et la fourniture de services IT au secteur public et la façon dont les prestataires travaillent avec le gouvernement. Les agences gouvernementales pourront acheter des services IT prêts à l’emploi depuis CloudStore sur une base de paiement à l’acte, plutôt que d’avoir à développer leur propre systèmes», indique le Cabinet Office. Une rupture avec le modèle en place donc, et ce, en deux points : premièrement, le principe de G-Cloud est de donner une place de choix aux PME de niche et non pas de se cantonner aux gros acteurs du Cloud qui trustent le secteur. Selon le Cabinet Office, sur les quelques 1 700 services (Saas, Paas, Iaas et de conseil) proposés ce jour dans CloudStore par 257 entreprises (300 ayant candidatées), 50% sont issus de PME. D’ailleurs, la plate-forme Windows Azure sur laquelle repose le magasin applicatif a été développée par la PME britannique SolidSoft, se félicite l’administration. A terme, il s’agirait d’attribuer 25% des contrats à des PME locales, nous apprend la société Memset, qui intègre ce jour CloudStore.
Deuxièmement, ce Cloud remet à plat les accords passés avec les prestataires historiques du gouvernement. On se rappelle que le gouvernement britannique avait par ailleurs demandé à ses fournisseurs de renégocier leur tarif et de privilégier l’Open Source dans leurs propositions. Par exemple, Capgemini, très présent auprès du secteur public britannique, a récemment dû renégocier son contrat qui le liait au fisc de sa Gracieuse Majesté. Ce dernier a ainsi décidé de reprendre en main une partie des prestations d’infogérance. Atos, Capgemini, ainsi que Logica sont aujourd’hui référencées dans CloudStore.
CloudStore vient ainsi bouleverser, sinon révolutionner, les conditions contractuelles avec les prestataires, rappelle de Cabinet Office. En ayant connaissance, «dès le départ», des coûts du produit, et de ceux de sortie du contrat «qui n'excédera désormais pas 12 mois», indique l’administration. Cloud oblige.
Logiquement, du côté des fournisseurs, l’enjeu est d’obtenir le précieux sésame afin de se faire référencer dans le catalogue de CloudStore. Microsoft, Google, HP, Red Hat, pour n’en citer que quelques-uns, sont ainsi présents dans cette première tranche. On se rappelle par ailleurs des efforts de la forme de Mountain View pour élever le niveau d’accréditation de ses Google Apps for Government. Actuellement, seules les Google Apps for Business sont référencées dans CloudStore. Une deuxième tranche devrait permettre d’ajouter d’autres fournisseurs au catalogue au printemps prochain, confirme le Cabinet Office.
Rappelons qu’en France, le projet de Cloud gouvernemental Andromède (dont la structure comporte également un volet privé - exception franco-française) semble englué dans des négociations à rallonge qui ont débouché sur la formation d'un consortium concurrent. Alors que le projet était initialement entre les mains d’Orange, de Thalès et de Dassault Systèmes ainsi que de l’Etat, Dassault Systèmes, a préféré quitter cette structure pour se rapprocher de SFR. Atos, pressentie pour remplacer Dassault Systèmes, a, de son côté, monté sa propre société Cloud baptisée Canopy, co-financée par EMC.