Cebit 2012 : Intel dévoile ses puces pour serveurs Xeon E5-2600

Attendues à l'origine pour la fin du second semestre 2011, les puces Xeon E5-2600 d'Intel ont officiellement été présentées hier au Cebit. Au programme, des performances en très forte hausse qui permettent à Intel d'afficher sa supériorité face aux puces Opteron d'AMD. Une supériorité qui se paie toutefois au prix fort...

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Le lancement du Xeon E5-2600
(crédit photo : Intel)

Intel a profité du Cebit qui se tient actuellement à Hanovre pour dévoiler sa nouvelle famille de processeurs pour serveurs, la gamme Xeon E5-2600, une famille de puces qui succède à l’actuelle gamme de Xeon 5600. Certaines des caractéristiques de la puce n’étaient plus un mystère depuis longtemps, Intel ayant entamé les livraisons de son dernier-né dès l’automne afin de servir plusieurs grands clients du monde HPC dont le CEA, qui a choisi le Xeon E5 pour motoriser son nouveau cluster civil Curie. Mais le lancement opéré hier a permis d’achever de lever le voile sur les améliorations apportées par le fondeur à son fer de lance sur le marché des entreprises.

C’est en fait une nouvelle plate-forme, baptisée Romley, que le fondeur lance avec son dernier-né. La plate-forme serveur Romley se compose de la puce Xeon et d’un nouveau chipset le C600. Ce dernier voit toutefois son importance se réduire, Intel ayant poursuivi son travail d’intégration de fonctions clés dans le processeur. Le Xeon E5-2600 embarque ainsi nativement un contrôleur PCI-express Gen3, ce qui en fait plus un « system on a chip » qu’un processeur traditionnel. Reléguant le C600 au rôle secondaire de gestion des I/O (avec notamment la fourniture du support du SATA, du SAS et des interfaces USB...)


Jusqu'à 80% plus rapide

Selon Intel, le nouveau Xeon E5-2600 est jusqu’à 80% plus rapide que son prédécesseur et affiche un rapport performance/watt en hausse de près de 50%. La puce se révèle notamment peu gourmande lorsque la charge du processeur est faible à moyenne, mais semble bien plus vorace lorsqu’elle est poussée dans ses derniers retranchements. Globalement, selon les premiers benchmarks publiés (Spec Int, SpecJbb, SapSD…), les plus rapides des Xeon E5-2600 affichent des performances environ 30% supérieures à celles des meilleures puces Opteron 6200, des puces officiellement lancées il y a cinq mois par AMD.

Ces performances sont certes liées à l’efficacité du cœur processeur (qui n’est pas totalement inconnu puisqu’il équipe déjà d’autres puces Intel), mais surtout au travail effectué par Intel sur la bande passante des différents bus et du contrôleur mémoire intégré. Le Xeon E5-2600 dispose ainsi d’un contrôleur mémoire à quatre voies chacune capable de supporter trois rangées de barrettes mémoires. Exploité dans sa configuration la plus véloce, ce contrôleur affiche, selon Intel, une bande passante maximale de 90 Go/s soit plus de deux fois ce que pouvait fournir le contrôleur mémoire du Xeon 5600.  La capacité mémoire maximale supportée par un système à deux sockets est de 768 Go. Il est à noter que les nouveaux contrôleurs QPI intégrés qui permettent de connecter les processeurs entre eux fournissent aussi une bande passante en forte hausse, à 70 Go/s (dans le meilleur des cas, c’est-à-dire avec deux liens à 8Gigatransferts/s).


Support du PCI-express 3.0

Côté entrées sorties, le nouveau contrôleur PCI-express 3.0 intégré à chaque Xeon fournit 40 liens PCIe Gen3, soit un total de 80 liens pour les deux processeurs d’un serveur bi-socket - de quoi faire face aux besoins des applications les plus intensives en matière d’entrées sorties sur le marché. Les opérations d’entrées/sorties stockage et réseau ont aussi été optimisées et Intel a aussi lancé un nouveau contrôleur 10 Gbit Ethernet unifié (CNA) pour épauler sa nouvelle plate-forme. Notons que l’on attendait sans doute plus d’innovation du côté du chipset C600 qui, par exemple, propose un contrôleur SAS à quatre ports intégrés, mais limité au SAS 3Gbit/s (alors que des constructeurs comme Adaptec PMC et LSI ont déjà livré des échantillons de contrôleurs SAS 12Gbit et prévoient leur lancement commercial pour le second semestre).

Intel a aussi entièrement refondu l’unité de calcul en virgule flottante, fusionnée avec l’unité de calcul vectoriel en une seule unité dite AVX. Cette unité est capable d’exécuter deux opérations en virgule flottante par cycle d’horloge soit deux fois plus que l’unité des Xeon 5600 et surtout elle est capable d’opérer sur 256 bits, à l’instar de ce que propose déjà l’Opteron 6200. Intel a aussi renforcé les capacités cryptographiques de la puce, qui est désormais capable de supporter des débits de chiffrement atteignant près de 40 Gbit/s avec l’algorithme AES-256bit (en utilisant OpenSSL). Selon Intel, c’est plus de 2 fois ce que pouvait offrir le Xeon 5600.


Un processeur performant mais coûteux

Les fréquences annoncées vont de 1,8GHz pour la version d’entrée de gamme à 4 cœurs (198$) jusqu’à 2,9 GHz pour le fer de lance de la gamme destinée aux serveurs, le Xeon E5-2690 à 8 cœurs physiques et 16 cœurs logiques (2057$). On notera que si cette dernière puce est celle qui bat à plate couture l’Opteron 6282SE dans les benchmarks, elle est aussi près de deux fois plus chère que son homologue chez AMD. D'une façon générale d'ailleurs les puces Xeon E5-2600 de milieu et haut de gamme sont bien plus chères que leurs homologues chez AMD.

xeon E5

Un autre point à noter est que le plus rapide des Xeon E5-2600 est cadencé à 2,9 GHz contre 2,6 GHz pour le haut de gamme d’AMD ; ce qui laisse sans doute encore un peu de marge à AMD pour riposter (même si l’Opteron 6200 n’a sans doute aucune chance de rivaliser en puissance pure avec son concurrent). Au final, Intel affiche sans aucun doute la gamme de processeurs la plus performante du marché mais AMD, du fait d’une tarification bien plus agressive et d’une stratégie qui lui permet d’offrir bien plus de cœurs physiques que son concurrent (ce qui peut être très intéressant dans les environnements virtualisés) a sans doute une carte intéressante à jouer. À condition toutefois que les entreprises acceptent de jouer le jeu de la concurrence et d’évaluer les deux offres des deux fondeurs à l’aune de leurs avantages respectifs…

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