Démarrage poussif du DMP : 100 000 dossiers ouverts
A l’occasion de sa conférence annuelle, l’Asip Santé a confirmé que le DMP avait du mal à décoller un an après sa mise en place. A ce jour, quelque 100 000 DMP ont été ouverts, contre 500 000 initialement prévus. Un retard de trois à quatre mois du à des problèmes de compatibilité avec le parc logiciel existant.
Le dossier médical personnalisé (DMP) a encore des ratés. C’est l’une des conclusions que l’on peut tirer après la conférence annuelle de l’Asip Santé, l’agence chargée de la mise en place de ce grand chantier. Ainsi, lors du dernier pointage opérée par cette même agence, les patients n’auraient été que 100 000 à avoir volontairement fait la démarche d’ouvrir un DMP. Bien loin des objectifs premiers fixés initialement par l’Asip, qui tablait sur la création de 500 000 DMP à la fin 2011. Alors l’agence a du revoir ses chiffres et vise désormais les 300 000 ouvertures de dossiers à la fin 2012 et le million en 2013, comme nous l'indique l'AFP.
Il faut dire que si le dispositif a bien été lancé en 2011, le parcours du DMP s’apparente à un véritable serpent de mer, en France. Ce grand projet, qui vise à centraliser les données médicales de chaque citoyen, a été lancé en 2004 par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé, mais se solda rapidement par un échec. Avant d’être relancé (réanimé) en 2009 par Roselyn Bachelot. Ce re-lancement en 2011 devait ainsi permettre de voir le DMP éclore pleinement en 2012. Si effectivement, le DMP n’a jamais enregistré autant d’ouverture, il est évident que la mécanique semble grippée. Le projet connait un retard de quatre à cinq mois comme l’indique Jean-Yves Robin, à nos confrères de l’AFP.
Interopérabilité du DMP : test réussi |
Le 8 mars dernier, les premiers tests d’interopérabilité de DMP européens ont été réalisés avec succès entre la France et la République Tchèque. Dans le cadre du projet epSOS, les deux pays sont parvenus à partager une synthèse médicale informatisée d’un patient volontaire. Selon l’Asip Santé, l’ouverture des partages devrait désormais avoir lieu en mars avec l’Italie et l’Espagne, puis en avril avec l’Autriche, le Danemark et la Slovaquie. «Une étape importante vers une interopérabilité internationale de l’informatique de santé», résume l’agence. |
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La raison ? l’équipement des médecins, notamment, et l'incompatibilité du parc logiciel en place avec le DMP, a souligné le président de l’agence, comme l’indique nos confrères de AFP. La migration ou la mise à jour de ce parc prend donc plus de temps que prévu. Alors logiquement, un nombre limité de patients est aujourd’hui incité à l’ouverture. Notons également que le faible taux d’informatisation des médecins complique l’équation. A fin 2010, 50% des cabinets médicaux n’étaient pas informatisés et ce taux passe à 60% chez les spécialistes et 40% chez les généralistes, comme le soulignaient nos confrères de l’Express. Selon l’AFP, le DMP aurait cours chez 2 750 généralistes et une centaine d’hôpitaux.
L’Asip dans le viseur du député Gérard Bapt
S’il s’agit bien d’un problème de terrain qui ralentit son adoption, le coût du DMP est également au coeur de débat. Le 9 mars dernier, le député socialiste Gérard Bapt a dénoncé dans une lettre ouverte adressée à Nora Berra, la secrétaire d'État chargée de la Santé, le «dumping social» de l’agence dans les hôpitaux ainsi que les coûts élevés du projet, comme l’indique le site Ticsanté. En ligne de mire, les conditions de créations des DMP seraient selon lui les résultats d’action de dumping pour faire gonfler les chiffres. Le députés demande également la création d’audit financier pour expliquer les quelques 200 millions d’euros dépensés depuis la création du projet en 2004. De quoi en effet énervé l’Asip à quelques jours de sa conférence annuelle. «On a tenu les plannings, maîtrisé les coûts, le DMP existe sur le terrain, il nous reste à en développer les usages", a alors répondu Jean-Yves Robin, ce 15 mars. Pas question de le voir reculer.