L'apprentissage sied à l'informatique... et réciproquement
Avec la loi Cherpion votée l'été dernier, toute entreprise de plus de 250 salariés est appelée à compter 5% d'apprentis dans ses rangs d'ici à 2015. Le secteur IT - et les cursus qui lui amènent du sang neuf - sont plutôt bien partis pour relever le défi avec, de bac+2 à bac+5, plus d'un étudiant sur dix formé selon cette modalité.
A l'heure où l'Europe mène campagne autour des promesses du numérique et des millions d'emplois en jeu, en France, le secteur informatique avance le pion de l'apprentissage, comme l'un des moyens de contrer la relative désaffection des jeunes pour les études scientifiques et techniques. Recours qui a désormais largement fait ses preuves. Le colloque organisé cette semaine (28 mars) à Paris dans le cadre de la « e-skills week » fournit l'occasion d'un état des lieux. Bon an mal an, près de 4000 jeunes alternent études et travail en entreprise pour se former aux métiers de l'informatique (au sens large). Et ce n'est qu'un début.
IUT, BTS, licences pro, masters, cursus ingénieurs... rares sont les établissements qui n'ont en projet, si ce n'est déjà fait, de contribuer au défi d'atteindre le « million d'apprentis » (600 000 cette année, 800 000 en 2015). Depuis la relance amorcée en 2005 par le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, le nombre de diplômes d'ingénieurs (toutes spécialités) préparés en alternance a quasiment doublé. La commission des titres d'ingénieurs estime à plus de 3000 le flux sortant de cette modalité (10% du total des nouveaux diplômés). Une voie qui ouvre aux bac+2 la perspective de poursuite d'études qui pouvait leur paraître inaccessible juste après le lycée.
Parallèlement, l'informatique est une des spécialités qui ont le plus contribué au développement de l'offre de l'enseignement professionnel dans le supérieur. Ne serait-ce que, depuis quarante ans (déjà!), avec la Miage (informatique appliquée à la gestion). Professionnalisation dont fait partie la formule d'alternance. Aujourd'hui, quinze des vingt sections de Miage réparties dans l'Hexagone accueillent des apprentis (860 en 2010). Qui constituent près du quart des effectifs étudiants de cette spécialité.
Les CFA font le plein
Mais au delà des statistiques, c'est surtout l'évolution des mentalités qui est en marche. S'écartant de plus en plus de l'image de l'apprentissage voie de garage, faute de mieux, et de l'apprenti corvéable à volonté. Déjà, toutes disciplines confondues, plus de la moitié des « alternants » préparent un diplôme supérieur au bac (51% selon le relevé officiel de la Dares). Ce qui encourage les filières et centres de formations dédiés (CFA) à étoffer leur offre. En ingénierie, les partenariats entre grandes écoles et CFA se multiplient (dernières annonces en date, par exemple, l'EIGSI de la Rochelle ouvrant à la rentrée prochaine avec le Cesi une section autour d'une dominante système d'information et logistique, ou encore l'ESTP avec CFA Ingénieurs 2000 sur le thème du génie énergétique lié au développement durable).
A Créteil, le CFA Sup 2000, pionnier de la formule, entretient depuis vingt ans son cercle d'industriels-clients (1400 entreprises, dont, en informatique, les partenaires historiques, Essilor, Bred, IBM, Axa, et nombre de PME). Le centre fait le plein avec 3300 étudiants inscrits (auprès de 25 sites universitaires et écoles partenaires) dont un quart d'apprentis-informaticiens. Nouveautés de l'année en cours, l'ouverture d'un master en sécurité informatique (avec l'Upec, Université Paris-Est Créteil) et d'un cursus ingénieur réseaux (Université Galilée de Villetaneuse) et au niveau licence, un cursus Systèmes embarqués pour le secteur santé (avec l'IUT de Fontainebleau et l'Upec). De plus, la montée en capacité d'accueil (en 2010 comme en 2011, 10% d'étudiants supplémentaires) ainsi que l'aménagement de l'alternance, permet à ce centre francilien d'admettre des jeunes venant d'autres régions.
L'apprentissage sied à l'informatique. Et réciproquement : l'informatique constitue un terrain propice pour l'insertion professionnelle (pour ne pas dire le recyclage), via l'alternance, de jeunes en quête d'emploi après une licence, voire un master en mal de débouchés. A noter, par exemple, l'initiative de l'Institut Galilée (Paris 13-Villetaneuse) lancée il y a deux ans avec Sogeti, pour la formation de concepteurs-développeurs SI.
Relayé sur Facebook
« Autant que la professionnalisation des cursus, c'est bel et bien l'évolution réglementaire autour de la taxe d'apprentissage et des contrats pour apprentis qui incite les entreprises à jouer le jeu », témoigne Estelle Anne-Vigne, responsable de la communication du CFA Sup 2000. Un constat que nuance Michaël Hayat, délégué aux affaires sociales de Syntec numérique : «Plus que l'aspect économique, il y a une réelle prise de conscience chez les employeurs de l'intérêt de ce vivier potentiel de jeunes généralement motivés pour rester dans l'entreprise après la période d'alternance». D'où la forte évolution des effectifs concernés (environ 3500 jeunes sous contrats en Ile-de-France). Et d'évoquer l'émergence de politiques RH construites autour de l'accueil d'apprentis. Il est vrai que la chambre professionnelle n'a pas ménagé ses efforts d'évangélisation sur ce thème depuis quatre ans. A coup de campagne d'informations sur les métiers du numérique, les cursus, les démarches à prévoir, auprès des premiers intéressés, les lycéens et leurs parents, mais aussi auprès des DRH. Les publications sur papier (guide du maître d'apprentissage, journal trimestriel ApprenTic, devenu Numéri'Pass) sont désormais relayées par une page Facebook éponyme, support d'information et d'actions ciblées. « 4000 followers inscrits, c'est un bon début », signale Michaël Hayat.
A consulter également :
- le portail officiel, mine d'information: https://www.alternance.emploi.gouv.fr/
- pour le secteur IT