Andromède : Dassault Systèmes menace encore de se retirer
Selon nos confrères de La Tribune, Dassault Systèmes menacerait une nouvelle fois de se retirer du Cloud tricolore Andromède, si le gouvernement décidait d’attribuer les 135 millions d’euros aux deux projets actuellement en lice. Une 2e sortie de Dassault alors que le comité d'investissement du Fonds pour la société numérique (FSN) a rendu ce jour ses conclusions à René Ricol, commissaire général à l'investissement.
A quelques encablures des conclusions finales qui devraient statuer sur le ou les projets retenus par le gouvernement pour Andromède, le trublion Dassault Systèmes fait monter un peu plus la pression. Selon nos confrères de La Tribune, le Pdg du groupe Bernard Charlès menacerait une nouvelle fois de quitter le projet si le gouvernement se décidait à financer les deux projets actuellement en lice. Un partage des 135 millions d’euros auquel Dassault Systèmes est opposé depuis son entrée au sein d’Andromède. L’éditeur français n°1 serait même allé faire pression dans les plus hautes sphères, pour faire connaître son opinion - l’article de nos confrères mentionne ainsi des prises de contacts à l’Elysée.
Le projet de Cloud souverain bleu blanc rouge, dévoilé à l’été dernier, connait depuis sa genèse un parcours chaotique. A l’origine, Andromède devait réunir l'Etat via le programme d'investissements d’avenir du grand emprunt (à hauteur de 135 millions d’euros rappelons le) et un consortium d'acteurs privés composé d'Orange, Dassault Systèmes et Thalès. Cette structure a subitement éclatée en décembre dernier. Suite à un désaccord avec Orange, au sujet d’une clause de non concurrence et des prix pratiqués par l’opérateur pour opérer les services Cloud d’Andromède, Dassault Systèmes a décidé de se retirer du projet. La cause semblait alors entendue, et déjà Atos, qui aurait dû faire partie des candidats initiaux, semblait se positionner pour remplacer le français sortant.
Coup de théatre, Dassault Systèmes se décide finalement à revenir dans la course en février avec un projet alternatif, censé être plus compétitif que celui d’Orange / Thalès. Un projet construit avec un nouvel allié, SFR, se positionnant en concurrence frontale avec le Consortium d'origine pour l'obtention des 135 M€ de l'Etat.
Comme le note La Tribune, c'est aujourd'hui que le comité d'investissement du Fonds pour la société numérique (FSN) devait rendre ses conclusions sur les deux projets concurrents à René Ricol, commissaire général à l'investissement, l'ultime décision revenant à François Fillon en fin de semaine. La dernière intervention de Bernard Charlès est donc de nature à remettre de l’huile sur le feu. Ce qui d’ailleurs ne semble pas être du goût de SFR qui, d’après nos confrères, croyait que Dassault resterait fidèle quelle que soit la décision du gouvernement. A l’occasion d’un partenariat HP / SFR, Franck Esser, remplacé depuis par Jean-Bernard Lévy, avait toutefois soutenu cette l'idée d’un unique cloud souverain.
On se rappelle également de l’intervention de Loïc Rivière, le délégué général de l’Afdel, toujours chez La Tribune, qui militait également pour un unique projet. Selon lui, financer plusieurs conduirait à un «saupoudrage», synonyme d’échec. Le «saupoudrage» en question est toutefois tout relatif, surtout quand on sait qu'il équivaut à financer l'initiative privée par le public. Comme le rapportait récemment LeMagIT, 135 M€ sont plus qu'amplement suffisant pour financer la construction et le fonctionnement d'un cloud de près de 10 000 serveurs pendant trois ans en l'état actuel des technologies et des coûts et ce sans chiffre d'affaires. On comprend donc facilement l'intérêt de groupes qui ont jusqu'alors été très timides sur le cloud vis à vis du financement de l'Etat. Ce que l'on trouve difficile à comprendre est l'intérêt que leur porte l'Etat alors que des groupes privés comme OVH ont été bien plus dynamiques que les grands acteurs des télécoms et sans aucune aide d'Etat...
Réponse attendue donc en fin de semaine, par François Fillon. Toutefois croient savoir nos confrères, citant de «bonne source», le projet Orange / Thalès serait pour l’heure devant Dassault / SFR.