Citrix sacrifie OpenStack sur l'autel de CloudStack, qui devient un projet Apache
Citrix a annoncé hier son intention d'abandonner tout développement sur OpenStack et de concentrer ses efforts sur CloudStack, la pile cloud Open Source héritée du rachat de cloud.com. Afin d'attirer une large communauté de partenaires et de développeurs, Citrix a confié le code source de CloudStack 3.0 à la fondation Apache qui pilotera à l'avenir l'évolution de la pile de gestion de cloud.
Mark Templeton, le CEO de Citrix, lors d'un récent Synergy. (Crédit photo : C.B.) |
Depuis de longues semaines, Citrix semblait particulièrement gêné aux entournures lorsqu’on l’interrogeait sur sa participation à deux projets de clouds apparemment concurrents, CloudStack, la pile cloud héritée du rachat de Cloud.com, d’un côté, et OpenStack, le framework Cloud initié par RackSpace et la Nasa de l’autre. Cette situation est clarifiée depuis hier.
Citrix a en effet décidé d’abandonner ses efforts autour d’OpenStack et de pousser le développement de CloudStack, dont il vient de confier le code à la fondation Apache pour tenter de l'imposer comme une alternative à OpenStack, mais aussi aux couches propriétaires comme vCloud de VMware. Cette bascule dans le giron d’Apache s’accompagne au passage d’un changement de licence, le code de CloudStack passant de la GPL à la licence Apache 2.0, une gifle supplémentaire pour les tenants de la licence GPL v3.
OpenStack abandonné au profit de CloudStack
L’abandon d’OpenStack a semble-t-il été mûrement réfléchi. Citrix reproche notamment au projet libre de tenter de bâtir une n-ième alternative aux API cloud d’Amazon, qui, de plus en plus, s’imposent comme un standard de l’industrie. CloudStack, d’ailleurs, s’appuie sur les API Amazon, à l’instar d’Eucalyptus, et ne cherche pas à réinventer la roue en la matière. Une façon aussi de simplifier la vie des utilisateurs qui peuvent ainsi plus facilement basculer leurs productions d’un cloud à un autre en n’utilisant qu’un jeu homogène d’API. Une façon habile, également, de s’assurer la compatibilité avec un large écosystème de partenaires supportant déjà les API cloud d’Amazon. Citrix reproche aussi à OpenStack sa faible maturité et un côté un peu bric à brac. Pour autant, Citrix ne jette pas tout dans OpenStack, puisqu’il entend conserver un lien avec le projet de stockage objet Swift, qui sert aujourd’hui de base pour le stockage objet à CloudStack.
D’une certaine façon, la décision de Citrix de confier CloudStack à la fondation Apache pour en faire une alternative à OpenStack est aussi le fruit d’un certain dépit : celui d’avoir échoué à faire du code de CloudStack le cœur de Nova, la couche de gestion de l’aspect « compute » d’OpenStack. Citrix avait, à juste titre raison de considérer CloudStack comme bien plus mûr, que Nova, mais cette bataille a été perdue il y a bien longtemps...
Concrètement, Citrix a transféré cette semaine à la fondation Apache le code de CloudStack 3.0 (devenant au passage un sponsor Platinum de la fondation). Ce code devrait être lentement incubé par la fondation et servir de base à une distribution commerciale marquée du sceau de Citrix (on devrait en apprendre plus à ce sujet lors de la conférence Citrix Synergy du mois de mai, à San Francisco). L'objectif est de faire de CloudStack le projet de cloud de référence de la fondation Apache.
Proposer une alternative libre à vCloud
L’objectif de la firme est de fournir une alternative à l’offre de cloud d’entreprise de VMware, mais aussi de continuer à motoriser certains des plus grands clouds publics de la planète. Une stratégie qui vise aussi à soutenir le développement de l’écosystème Xen, très populaire chez les grands hébergeurs, et jugé plus mature que KVM, la solution de virtualisation poussée par Red Hat. En la matière Citrix peut se prévaloir de références prestigieuses. CloudStack motorise par exemple le cloud public de Korea Telecom, mais aussi la couche infrastructure du champion du Paas Engine Yard. La pile logicielle est aussi utilisée par GoDaddy, Tata Communications, BT, Zynga…
Dans les mois qui viennent, il sera intéressant de voir comment les différents acteurs des télécoms, de l’hébergement et du cloud se positionnent face aux deux piles logicielles. Des géants comme Dell et HP ont déjà fait le choix d'OpenStack pour leurs cloud publics, au prix semble-t-il de travaux intensifs de "customisation" du code du framework.
Les deux plates-formes de cloud sont aussi examinées de près par plusieurs opérateurs et hébergeurs européens, en quête d’une alternative libre et économique à l’offre « prête à l’emploi » commerciale de VMware (vCloud). Et plusieurs, dont BT, se montrent plus qu’intéressés par CloudStack. Les mois à venir devrait permettre de voir comment se répartissent les loyautés, mais une chose semble certaine : CloudStack a une bonne carte à jouer face à OpenStack et vCloud... Si Citrix joue bien son jeu. Et ce, qu’il s’agisse de grands cloud publics ou des cloud privés de grandes entreprises…
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