Emploi cadres : le secteur IT en mode attentiste comme les autres professions
Prudence, prudence : non seulement les entreprises ont moins embauché au premier trimestre qu'un an plus tôt, mais elles n'osent s'avancer pour le second trimestre. Le secteur IT se distingue néanmoins par un certain degré d'optimisme. Un tiers des entreprises IT du panel Apec estime que les mois à venir ne peuvent être que meilleurs.
Pour la première fois depuis trois ans, les intentions d'embauche de cadres pour le second trimestre 2012 sont en baisse. Tous secteurs confondus, 50% des 750 entreprises du panel Apec envisagent l'embauche d'au moins un cadre. Une proportion en recul de trois points par rapport au premier trimestre, et de trois points également par rapport à l'an dernier même période. Et encore : pour 65% de ces employeurs, cette intention d'embauche est certaine, 35% y pensent sans en être totalement sûrs. « Manque de visibilité, mais il est encore trop tôt pour dire si ce fléchissement de l'embauche de cadres va se poursuivre », commente la présidente de l'Apec, Marie-Françoise Leflon, en introduction de la note de conjoncture trimestrielle de l'Apec.
91% des entreprises IT du panel ont embauché
Certes, il reste des employeurs qui restent confiants en des jours meilleurs. Et c'est encore et toujours dans le secteur IT qu'on les trouve en plus grande proportion : un tiers des entreprises IT interrogées par l'Apec. C'est aussi dans ce secteur qu'un plus grand nombre de firmes ont recruté au moins un cadre au premier trimestre (91% des entreprises IT du panel). De plus, en volume d'embauches, alors que tous secteurs confondus la tonalité est plutôt à la stabilité (41% des entreprises) ou à la baisse (30%), les entreprises IT jouent l'équanimité: autant à la hausse (33%) qu'à la baisse (33%) et presque un tiers également envisage une stabilité du nombre d'embauches (28%).
Pour autant, l'heure n'est pas vraiment à l'optimisme, y compris chez les informaticiens. A l'aune du nombre d'offres d'emploi relevées par l'Apec, en hausse de 30% pour l'ensemble des cadres, le ralentissement a déjà été très net au premier trimestre pour les « activités informatiques » (secteur IT, selon la terminologie de l'Apec) : +13% au premier trimestre 2012, alors qu'au premier trimestre 2011, la hausse était de +56%.
Ralentissement à l'aune du nombre d'offres d'emploi informatique
En examinant l'offre d'emplois par fonction (et non plus par secteur), l'informatique, traditionnellement en tête (26% du flux total d'annonces, à peu près autant que la fonction commerciale) est aussi la fonction qui enregistre le ralentissement le plus net (+21% au premier trimestre 2012, après une progression de +32% au quatrième trimestre 2011). Surtout en informatique de gestion dont le volume d'offre stagne (+1% au premier trimestre, +15% sur l'année). Les scores de l'informatique industrielle, de la filière internet sont meilleurs (autour de +50% sur douze mois). Une confirmation du tempo relativement ralenti est donnée par les relevés de l'offre d'emploi en mars : +12% par rapport à l'an dernier au même mois, à comparer à la progression de +19% pour l'ensemble des cadres. Comparativement, ce sont les cadres de production industrielle et de chantiers qui connaissent la plus forte progression de l'offre (+59% par rapport à l'an dernier même mois, +83% sur douze mois glissants) . Effet de rattrapage ? De même, les services techniques (maintenance, process, qualité, logistique, etc) garde un tempo élevé (+74% sur douze mois).
Et toujours une certaine tension
Pour les informaticiens, au delà du manque de visibilité des employeurs, joue encore et toujours le déséquilibre entre l'offre et la demande. Une tension spécifique que souligne l'Apec, en notant que pour l'ensemble des cadres, à chaque offre correspond en moyenne 36 candidatures, alors que pour la fonction informatique, une offre ne recueille en moyenne que 19 candidatures (contre 28 il y a un an). Le constat se répète : c'est bien en informatique que se signalent en plus grand nombre les difficultés à recruter ( « à trouver les candidats adaptés au poste proposé », dixit l'Apec). 79% des employeurs du secteur le disent (toutes fonctions confondues, le taux est de 64%). Et encore : pour une bonne part de l'analyse des données concernant les informaticiens, l'Apec distingue la situation des SSII et celle des entreprises recrutant des informaticiens hors SSII. Certes, le constat de fléchissement de l'embauche est général, en milieu SSII ou hors SSII. Mais le constat de tension est surtout dû au manque d'attractivité des SSII. Un problème récurrent pertinemment analysé, en décembre dernier, par la note sectorielle de Pôle Emploi (voir l'article : « une gestion de court terme explique les difficultés d'embauche des SSII »). Mais aussi commenté et largement documenté par le Munci.