Embauches IT : les besoins en main d'oeuvre rimeraient-ils avec besoins de formation ?
Comme en 2011, l'enquête BMO 2012 de Pôle Emploi/Credoc recense près de 35 000 projets d'embauche de cadres et ingénieurs IT. Et près de 13500 postes pour techniciens (développeurs, exploitants, webmasters). Sauf que, plus encore que l'an dernier, les employeurs soulignent les difficultés de recrutement.
Ni récession, ni relance. Selon la onzième édition de l'enquête Besoins en main d'oeuvre (BMO 2012) de Pôle Emploi/Credoc, les prévisions d'embauche de cadres informaticiens (études, exploitation et maintenance) et d'ingénieurs et cadres télécom ne diffèrent que légèrement de celles de l'an dernier. Au total, près de 35200 postes à pourvoir répertoriés dans la catégorie cadres auxquels s'ajoutent près de 13500 postes de techniciens (voir tableau ci-après). Soit, avec un bonus d'optimisme, à peu près autant que les recrutements et postes pourvus par promotion en 2011 (33000 cadres) selon les relevés de l'Agence pour l'emploi des cadres (Panel Apec 2012, voir notre article du 25 avril: « le secteur IT en mode attentiste »).
Comme l'an dernier, les métiers IT se distinguent à la fois parmi ceux rassemblant le plus de projets d'embauche et parmi ceux qui rencontrent le plus de difficultés de recrutement. Et, aux dires des employeurs, la situation s'aggrave même quant au déséquilibre entre offre et demande pour cette filière.
Ainsi, près de deux embauches d'ingénieurs informaticiens (études, R&D) sur trois (62,3%) seraient difficiles à réaliser. La tension est également sensible pour les techniciens et cadres d'exploitation et de maintenance (58,8%), mais moindre pour les métiers télécom (34,4%). Plus que jamais est mise en exergue l'inadéquation des profils des candidats, plus que le manque de candidats, les conditions de travail ou le manque d'attractivité des filières concernées. L'enquête BMO ne détaille pas, filière par filière, la hiérarchie des raisons de ces tensions. Mais, comme s'empresse de le rappeler le Munci, une chose est sûre pour le secteur IT : « difficultés de recrutement ne signifie pas pénurie ». L'analyse (comme d'habitude solidement documentée) de cette association professionnelle rejoint celle de Pôle Emploi : le manque d'attractivité de la filière informatique est mis en parallèle avec le court-termisme de la gestion de l'emploi des SSII.
La formation en premier recours
Plus généralement, les employeurs estiment que la formation des salariés (internes ou candidats potentiels) s'impose comme le principal recours à ces difficultés d'embauche. Le secteur du numérique n'échappe sûrement pas à la règle. Et si les actes se mettaient en accord avec les paroles, l'on devrait voir cette année gonfler les investissements en formation sous diverses formes (prestations, tutorat en interne, période d'apprentissage, e-learning, etc). D'autant plus que, selon le rapport BMO, le développement des compétences autour des nouvelles technologies vient largement en tête (pour 58% des établissements interrogés) des besoins de formation (renforcement des compétences ou acquisition de nouvelles compétences), tous secteurs et tous métiers confondus.
Autre note d'optimisme de la vague 2012 de cette enquête à laquelle ont répondu près de 410 000 entreprises des 27 régions, près d'un tiers des établissements (31%) envisage une progression d'activité dans les trois à cinq ans à venir (43% misent sur la stabilité). En 2011, la proportion n'était que de 25% (stabilité pour 56% des réponses).