Emploi : GFI, Atos, Steria et la SNCF font bloc autour de 15 apprentis
Pour la Mairie et l'Académie de Lille, c'est « l'école de la deuxième chance ». Pour GFI à l'initiative de ce projet pilote avec la SNCF, c'était aussi un moyen de résorber les tensions d'embauche.
Depuis le 28 novembre 2012, le centre informatique de la SNCF de Lille et le lycée Jean Rostand de Roubaix accueillent en alternance, une semaine sur deux, une quinzaine de jeunes apprentis. A terme, en juin 2013, leur parcours -dûment tutoré par des informaticiens galonnés- sera validé par un diplôme bac+2 ( BTS Informatique et réseaux pour les industries de services) et, surtout, entériné par une embauche ferme en CDI au sein d'équipes prestataires de la SNCF. Rien de très original à cela ? Sauf que l'intérêt de la démarche vient de ce qu'elle cible des « profils » pas forcément recherchés par les SSII. A savoir, des jeunes en difficulté ou en situation de décrochage. D'où sa présentation par les acteurs impliqués (dont l'Académie de Lille) sous l'intitulé d'« école de la deuxième chance ».
« Le milieu de l'informatique a trop couru au diplôme, en oubliant le savoir-faire et le savoir-être », note Samuel Hurtrel, directeur du centre informatique de la direction Voyageurs de la SNCF (Vinsi X Lille) . «En tant que prestataire, nous sommes trop souvent enclins à rechercher des personnes qualifiées, immédiatement opérationnelles, et sommes sans recours face aux difficultés de recrutement actuels », concède Dominique Drzewiecki, directeur de région Nord pour la branche infrastructures & services de GFI. Dont acte.
Ciblé bac+2, adapté aux besoins de l'organisation en centre de services
Le projet est parti de l'idée d'associer les missions locales pour l'emploi (Mairie de Lille) à la détection de futurs «talents» (le terme est à la mode). Non pas parmi des bacheliers les plus convaincus d'avoir un avenir dans la filière informatique. Mais parmi ceux qui ont décroché. Plus facile à écrire sur le papier qu'à concrétiser. Pour arriver à constituer cette « promo », le processus de repérage et de sélection des candidatures, a impliqué la SNCF, la Mairie de Lille, le lycée-CFA (Centre de formation par l'apprentissage) et l'agence lilloise de GFI, rejoints ensuite par les représentants de Steria et d'Atos. Au départ, 200 jeunes de moins de 26 ans, puis 90 retenus sur CV, puis 30 après réponse à un questionnaire, et 15 apprentis au final. De ce fait, le cursus qui devait les accueillir dès septembre n'a pu démarrer que trois mois plus tard. « Nous ne voulions pas céder à la facilité de rechercher des jeunes qui avaient déjà une expérience de l'informatique, mais en revanche, miser sur la motivation pour éviter autant que possible la perte en ligne », témoigne Dominique Drzewiecki.
A ce jour, au tiers du parcours, parmi les quinze apprentis tutorés par les prestataires de la SNCF (pour GFI, le chef de projet de l'équipe déploiement intervenant sur le site de la SNCF), aucun n'a lâché. L'encadrement y est pour beaucoup. « Même s'ils ne sont pas encore opérationnels, tous ont de bons résultats au lycée comme dans les équipes », ajoute le dirigeant de GFI Lille. Sans regret d'avoir insisté pour que cette opération « seconde chance » soit ciblée sur des jeunes amenés au niveau technicien supérieur et non pas le recyclage de demandeurs d'emploi à niveau bac+4, comme d'autres acteurs impliqués l'avaient un moment souhaité.
Une double compétence technique et opérationnelle
«Avec l'organisation en centre de services qui nous amène à industrialiser nos métiers, il n'est pas forcément facile d'embaucher au bon niveau », confie ce dernier. La tentation étant de rechercher des profils sur-dimensionnés. « Il est surtout besoin de professionnels qui ont de bonnes bases de fonctionnement au départ, formés par rapport aux besoins réels de l'activité des entreprises clientes » , ajoute-t-il. Et c'est précisément l'avantage de la formule d'apprentissage. « Ils sont chez le client, ils voient comment cela se passe au plus proche du métier du client. Autrement dit, ils acquièrent une double compétence technique et opérationnelle, en s'appropriant sur site les contraintes du client ». Dans ce type de démarche, l'investissement en temps (montage du partenariat, sélection des stagiaires, ajustement du cursus en alternance, exigence du tutorat) est considérable. Mais au final, chaque partie pense y trouver son compte. La SNCF (entreprise citoyenne) et les SSII . « Ce projet pilote s'impose comme une mesure pour résorber les tensions d''embauche », conclut Dominique Drzewiecki. Et justement : pour GFI Lille, une opération du même type, avec d'autres grands clients, devrait être annoncée (et lancée) prochainement. Une façon comme une autre de capitaliser autour de cette méthodologie « d'école de la seconde chance ».