Big Data : des besoins forts, un concept diffus, un marché en phase de lancement
Si elle s’impose aux Etats-Unis, l’approche Big Data émerge plus lentement en France. IDC dresse un état des lieux du sujet revenant sur le niveau de maturité, les besoins détectés, la position des décideurs. En 2016, le marché pèsera tout de même plus de 17 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Pas loin de 17 milliards de dollars en 2016. C’est l’évaluation que fait IDC du marché du Big Data d’ici quatre ans donc avec une croissance moyenne annuelle attendue autour de 40%. Un marché qui devrait donner du grain à moudre à l’ensemble de la chaîne IT puisque le cabinet d’étude estime que sur ce montant global d’investissement, 40% - la part la plus importante – seront consacrés aux Services contre 30% au logiciel. En 2016, 7% du CA généré par les ventes de serveurs concernera des infrastructures destinées au seul Big Data. Car avec ce dernier l’ensemble des couches du SI sont désormais mobilisées et optimisées pour permettre une valorisation métier des données, qu’elles soient structurées ou non.
Concernant la France, IDC a creusé un peu plus loin en lançant une étude sous l’égide de Sybase concernant la maturité du marché Big Data dans l’Hexagone. Une centaine de décideurs IT dans des entreprises de plus de 200 salariés ont été interrogés concernant 5 secteurs jugés clés. Premier résultat : trop de marketing tue le marketing et en dépit du recours récurrent à la notion de Big Data, 46% des personnes interrogées en ont une vision floue. De son côté, le cabinet d'études décrit le big data comme «un ensemble de technologies, d’outils et de procédures d’un coût accessible, permettant à une organisation de créer, manipuler, gérer et analyser très rapidement - voire en temps réel - de larges quantités de données et contenus hétérogènes et changeants, et d’en extraire des informations pertinentes ». Reprenant cette définition, les besoins recensés par l’écosystème – tant fournisseur que cabinet d’analyses spécialisés – et auxquels est censé répondre le Big Data sont donc bien vivaces et identifiés par les entreprises utilisatrices.
RH ou marketing
Les besoins immédiats sont cependant différenciés selon les secteurs, nous explique Sébastien Lamour, analyste d’IDC, à l’occasion d’une matinée très complète organisée par SAP et Sybase sur le sujet. « Dans le secteur public, les premiers utilisateurs en matière de données sont les services RH tandis que dans les télécoms ou les utilities, le marketing est en tête. » Quoi qu’il en soit, les besoins convergent, avec en point d’orgue systématique dans les bouches des utilisateurs, la nécessité de fluidifier l’accès aux informations et donc d’accélérer la vitesse de restitution des données. Aujourd’hui seulement 20% des entreprises traitent leurs données en temps réel ou quasi-temps réel (moins d’une heure).
Le besoin est donc en premier lieu métier : comment valoriser les pépites dans les mines de données ? Mais paradoxalement, les bénéfices attendus du côté du SI… sont internes au SI. Ainsi les décideurs IT estiment (pour 29% d’entre eux) d’abord qu’il s’agit, avec le Big Data, d’améliorer en premier lieu le fonctionnement et l’efficacité du système d’information. Pourtant, Sébastien Lamour estime que pour un projet réussi, « l'implication des métiers est un point très important », tout en regrettant qu’en France, au regard de l’étude, les initiatives Big Data sont encore très rares. Et les freins relevés sont avant tout liés aux ROI. IDC note que dans 45% des entreprises aucun KPI – indicateurs clés – n’est réellement utilisé pour valider la performance d’une couche d’analyse. Pas de mesure, pas de ROI possible. La maturité du marché et des utilisateurs est largement en cause avec un besoin croissant d’expertise au sein de la DSI pour justifier un intérêt à un coût qui demeure important.