Les SSII indiennes nagent en eaux troubles
Les résultats trimestriels des SSII indiennes, en dollars, sont attendus avec une croissance séquentielle très limitée. En roupie, la dépréciation de la monnaie nationale face à la devise américaine devrait avoir un effet mécanique positif. À moyen terme et sur leur principal marché - les Etats-Unis -, ces SSII sont partagées entre la menace du protectionnisme et les perspectives ouvertes par la confirmation de la réforme du système de santé mise en place par le président Obama.
Retour à la case départ, ou presque. Les observateurs s’attendent en effet à ce que les SSII indiennes annoncent des chiffres d’affaires globalement stables pour le second trimestre 2012, par rapport au précédent, en dollars : «les résultats du trimestre de juin seront probablement les plus faibles en dollars depuis la crise financière [de 2008]», estime ainsi le quotidien DNA India. Plusieurs analystes interrogés par nos confrères anticipent qu’Infosys revoie à la baisse ses prévisions de croissance. Le géant des services informatiques a d’ailleurs déjà reculé la prise de fonction effective des jeunes diplômés précédemment recrutés. Selon Macquarie Equities Research, 30 % des effectifs d’Infosys seraient actuellement en inter-contrat.
TCS, de son côté, pourrait afficher une croissance séquentielle de 2,4 %. HCL pourrait tirer son épingle du jeu grâce à des nouvelles affaires plus nombreuses que chez ses pairs, selon des analystes de Bank of America. Mais globalement, les plus grandes SSII indiennes devraient se contenter d’une croissance à un chiffre, dans la fourchette basse, selon l’Economic Times of India. Le recul de la roupie face au dollar - plus de 7 % sur un an, au cours du second trimestre 2012 - devrait toutefois leur permettre d’afficher des résultats plus forts dans leur monnaie domestique.
Regards tournés vers le Pacifique
À moyen terme, les SSII indiennes ont toutefois des raisons d’espérer. En particulier, elles pourraient profiter de relais de croissance sur leur marché principal, les Etats-Unis. La Cour Suprême américaine vient en effet de confirmer la réforme du système de santé local impulsée par Barack Obama au début de son mandat. Selon le Times of India, cette confirmation pourrait déboucher sur de nouveaux contrats importants - d’une valeur pouvant atteindre 22 Md$. Au programme : projets de traitement de données, de création et d’administration de dossiers patients numériques, ou encore sous-traitance du traitement de demandes de remboursement et de vente d’assurances complémentaires. Le secteur de la santé ne représenterait pour l’heure que 4 % du CA de l’industrie indienne des services informatiques et de l’externalisation des processus métiers mais il devrait enregistrer une croissance de 11 à 14 % cette année. Reste que les acteurs indiens ne sont pas seuls à vouloir se partager le gâteau : ils devront compter avec ACS-Xerox, Hewitt, Mercer, ADP ou encore UnitedHealth Group. Mais n’oublions pas non plus Dell qui avait racheté Perrot fin 2009, une SSII qui réalisait alors près des trois quarts de son activité dans la santé.
La menace du protectionnisme
Reste que les SSII indiennes doivent continuer de composer avec les tensions protectionnistes outre-Atlantique. En particulier, le sénat américain doit prochainement examiner une proposition de loi soutenue par la Maison Blanche et qui vise à réduire l’attractivité de l’externalisation offshore, en jouant notamment sur la fiscalité. Au programme, en particulier, un crédit d’impôt correspondant à 20 % du coût de relocalisation des emplois. Pour l’heure, le message officiel des acteurs concernés est à la réserve prudente mais certains, comme Ganesh Natarajan, Pdg de Zensar Technologies, insistent tout de même sur les efforts des SSII indiennes en matière d’emploi local. Une approche mise en avant depuis de nombreux mois maintenant, par plusieurs d’entre elles, notamment pour appuyer leurs efforts de communication et de lobbying contre la tentation du protectionnisme.