HTML 5 : scission autour du standard
Le What WG, qui réunit les éditeurs de navigateurs, décide de reprendre son indépendance par rapport au W3C et continue les travaux de standardisation de HTML 5 hors des processus du consortium.
Longue sera la route qui mènera à la standardisation de HTML 5, serait on tenté de dire, suite à la décision du W3C et le What WG (Web Hypertext Application Technology Working Group), groupe dissident fédérant les principaux éditeurs de navigateurs du marché (Apple, Opera, Mozilla, Google), de faire évoluer la précieuse norme, indépendamment, chacun de leur côté. Un coup de canon dans la sphère du langage n°1 du Web, et désormais des applications mobiles, qui vient rebattre les cartes du secteur...quitte à semer la panique chez les développeurs. En se dissociant des processus très huilés du W3C, et parfois pointés du doigt pour leur lourdeur, le What WG compte créer une version de la norme, censée répondre aux desiderata du marché - comprendre des éditeurs de navigateurs.
Cette épisode de la vie très chaotique de HTML 5 nous renvoie à 2006, date à laquelle dans un billet de blog très alarmiste Tim Berners-Lee, patron du W3C, décrète que l’avenir du standard HTML doit inévitablement passer par un bouleversement de sa structure de développement. Dans un billet de blog très éloquent, il appelle la communauté à ré-inventer HTML. La communauté et le groupe de travail W3C dédié à HTML sont alors en proie à des dissensions internes sur l’avenir même du standard. Evolution pour certains - il s’agit du camp des éditeurs de navigateurs réunis au sein du What WG - qui militent pour un développement itératif de HTML. Ce groupe travaille depuis 2004 à une version concurrente du standard, comme pour représenter la voix des éditeurs. Révolution pour d’autres, qui poussent le standard xHTML 2.0, quitte à briser la précieuse compatibilité ascendante. La cause est entendue : les groupes travailleront de façon autonome et indépendante. Plus tard, en 2009, les travaux autour de xHTML 2.0 seront définitivement stoppés, pour ne privilégier que le vaste chantier HTML 5, davantage souhaité par le marché et ses acteurs.
Suite à ce premier feuilleton, le W3C et le What WG avaient ainsi débuté des travaux communs autour de HTML 5, les travaux du second étant peu à peu repris comme la base du standard. C’est justement cette relation qui aujourd’hui semble remise en cause par le groupe dissident qui décide de reprendre quelque peu les clés du standard. Dans un post publié sur la mailing-list du W3C, Ian Hickson, présenté comme l’un des fondateurs du What WG, pointe du doigt les objectifs désormais divergents des deux groupes. Il y critique notamment la décision du W3C de scinder les spécifications HTML 5 en plusieurs sous-spécifications, semant ainsi une confusion grandissante entre les versions. Le What WG de son côté, s’est engagé à travailler à une unique spécification, qui renferme tous ses travaux, baptisée «HTML Living Standard». Ces travaux formeront désormais en quelque sorte la branche HTML 5 du What WG - un fork en somme.
Mais surtout, Ian Hickson évoque des divergences autour du standard. «Les objectifs du W3C et du WhatWG autour de HTML ont également quelque peu divergé. Les travaux du What WG se concentrent sur le développement d’une version canonique de HTML et des technologies associées, qui implique la correction des bugs lorsqu’ils sont découverts, l’ajout de nouvelles fonctions lorsqu’elles s’avèrent nécessaires et viables et le suivi des implémentations. Les travaux du W3C, quant à eux, visent désormais à créer un instantané selon ses processus.» Cela formeront donc deux versions du standard. Mais avec toutefois une volonté chez What WG d’accélérer les développements de «Living Standard», comme l’indique Anne van Kesteren, membre du groupe, employé chez Opera sur le blog du What WG.