L’Industrie IT indienne résiste à une vaste panne électrique
L’Inde vient de traverser deux jours de panne électrique massive. Habituée des coupures plus modestes mais très fréquentes, l’industrie IT indienne était équipée pour faire face à la situation.
Tout a commencé ce lundi 30 juillet, avec l’effondrement du réseau électrique du nord de l’Inde. Une surcharge aurait provoqué des coupures en cascade. Jusqu’à 300 millions de personnes ont été affectées, privées de lumière, de climatisation, voire d’eau. Relancé dans la matinée de ce mardi, le réseau est à nouveau tombé peu après; une seconde panne plus étendue, touchant environ 600 millions de personnes. Et en pleine journée, cette fois-ci, bloquant le tout récent métro de New Delhi ou encore les feux de signalisation routière. En fin de soirée, l’opérateur NTPC assurait avoir rétabli le courant à 82 %. Dès 15h30, la capitale indienne avait retrouvé l’électricité avec une puissance délivrée de 4 100 MW. Vers 22h30, l’est du pays avait retrouvé 65 % de sa puissance électrique. L’ensemble de l’alimentation électrique de l’Inde - qui compte cinq réseaux régionaux - a été rétabli à près de 100 % ce mercredi 1er août, en début de matinée - 95 % d’un total de près de 30 000 MW pour la région nord. La presse locale rappelle que cet incident n’est pas isolé, listant les «7 pires blackouts» du monde. Une façon de relativiser cette double panne alors que les critiques s’élèvent déjà pour dénoncer les états à la consommation électrique trop élevée, ou encore les négligences d’un secteur dont la modernisation se fait toujours attendre. Au point de menacer le développement économique du pays.
Des capacités de production en déficit chronique
Entre pertes en ligne et capacités de production en déficit chronique, Som Mittal, président du Nasscom, qui représente le patronat des SSII indiennes, nous avait notamment expliqué, en octobre 2010, que «les exemptions ou réductions fiscales en Inde sont là [...] pour compenser des contraintes qui nous sont spécifiques ». Et de souligner que «dans le bâtiment où nous nous trouvons, il y a probablement un important système de production électrique ». Lors de notre enquête sur place, en juillet 2008, nous avions relevé les insuffisances du réseau électrique. Un entrepreneur rencontré dans l’état du Maharastra, où se trouve Mumbai (Bombay), nous avait confié que le coût de la production électrique autonome serait de près de 800 000 euros par jour. Chez Sopra, à Noida, près de New Delhi, Pankaj Agarwal, PDG de la SSII sur place, nous avait assuré que ce coût était alors «encore supportable; d’autant plus qu’il n’augmente pas de manière significative ». Reste que, depuis, le prix du diesel a sensiblement augmenté dans le pays. Mais pas question, pour les entreprises, de faire toutefois l’impasse sur la production électrique autonome.
Plusieurs jours d’autonomie
Comme le relève l’Economic Times of India, les grands centres de BPO du nord du pays ont poursuivi leurs opérations durant les deux grandes pannes que vient de traverser l’Inde. Joint par e-mail, Som Mittal souligne que «notre industrie fournit des services critiques 24h/24 et 7j/7. Les entreprises disposent de plans de continuité de l’activité très robustes, couvrant notamment les coupures d’électricité. Nous disposons d’alimentations de secours pour couvrir 100 % de nos besoins. La panne ne devrait pas avoir impacté nos activités.» De la même manière, TCS nous a assuré que toutes ses installations fonctionnaient normalement, soulignant une fois de plus la rigueur de ses processus de continuité de l’activité. Un porte-parole d’Infosys nous a, de son côté, indiqué que la SSII dispose de centres de développement et de bureaux dans les villes affectées - Gurgaon, près de New Delhi, mais aussi Chandigarh, Jaipur et Bhubaneswar. «Mais nos activités n’ont pas été interrompues. Nous disposons de capacités de production électrique avec une autonomie de trois jours.» Même chose chez un acteur franco-indien de dimension bien plus modeste, SilverAge, qui nous a confirmé que ses bureaux sont équipés de groupes électrogènes.