A10 Networks devra payer 112 M$ de dommages et intérêts à Brocade
Le constructeur spécialiste des appliances d'optimisation de trafic (Application Delivery controlers ou ADC) a été reconnu coupable par un jury californien d'avoir violé la propriété intellectuelle de Brocade, en répliquant notamment une portion de code d'un algorithme, et d'avoir indûment utilisé quatre technologies brevetées par Brocade. Il annonce son intention de faire appel de la décision.
Le procès qui opposait Brocade et A10 Networks vient de prendre fin avec un revers cinglant pour la start-up spécialisée dans l'optimisation de trafic (A10 est un spécialiste des Application Delivery Controlers ou ADC). Un jury vient ainsi de condamner A10 Networks à payer 112 M$ à Brocade pour violation de brevets et de propriété intellectuelle.
A10 Networks a été fondée en 2004 par Lee Chen, l'ancien vice président en charge de l'ingénierie logicielle de Foundry Networks, un spécialiste des réseaux Ethernet acquis par Brocade en 2008.
Pour Brocade, "les jurés ont unanimement réclamé des dommages et intérêts dissuasifs contre A10 ainsi que son CEO Lee Chen, en les condamnant fermement pour concurrence déloyale. Le jury a également rendu un verdict sans équivoque pour violation de brevet et de droit d'auteur et détournement de secrets de fabrication couvrant l'ensemble de la gamme de produits d'équilibrage de la charge des serveurs AX Series d'A10". A10 Networks, de son côté, estime que le jury l'a innocenté de la plupart des faits reprochés par Brocade et surtout que le jury a estimé que les violations de propriété intellectuelle n'ont pas été effectuées volontairement (ce qui aurait permis à Brocade d'obtenir des dommages bien plus élevés).
Dans la pratique, les jurés ont estimé que les ADC AX d'A10 violent quatre brevets détenus par Brocade et que 145 lignes du code de l'implémentation de l'algorithme Aho-Corasik - un algorithme de comparaison de chaînes de caractères - d'A10 constituaient un viol de la propriété intellectuelle de Brocade. Ce code était dérivé d'un code similaire développé pour les produits ServerIron de Brocade. D'ailleurs, ce seul fait vaut à A10 Networks 60 des 112 millions de dollars de dommages qui lui sont demandés. Selon A10, ces lignes de code ont été retirées des produits A10 incriminés en 2011. Le jury a d'ailleurs estimé que le code source actuel d'A10 ne violait pas la propriété intellectuelle de Brocade.
A10 a réalisé un CA de 55,1 M$ au cours de son année fiscale 2011 et est l'une des sociétés de la Silicon Valley qui a connu la plus forte croissance au cours des cinq dernières années. La firme compte plus de 2000 clients dans le monde et devrait employer plus de 500 salariés d'ici la fin de l'année. Elle a annoncé son intention "de prendre les mesures juridiques adaptées", en clair de faire appel de la décision du jury tout en continuant à affirmer que ses produits ne violent pas la propriété intellectuelle. Rappelons pour mémoire que 112 M$ représentent près de trois fois le bénéfice trimestriel de Brocade, qui s'est établi à 39,3 M$ au second trimestre fiscal 2012 (clos le 28 avril).