Big Data et métiers du décisionnel : ça commence à payer
A l'heure d'une relative stagnation des salaires IT, la cote des « pro » du décisionnel s'affiche à la hausse. Effet de mode autour du big data ? Ou début d'une certaine structuration de cette filière?
Pas vraiment nouveau, le métier d'analyste de données. Plus récent, l'intérêt des (grandes) entreprises pour les profils de spécialiste fonctionnel de l'analyse de données ou de data scientist commence à se manifester dans les grilles de salaires. Ce qui situe globalement cette spécialité émergente au niveau du chef de projet chevronné voire du directeur de projet. Soit dans la plage de salaire de 50 000 à 70 000 euros par an, comme le confirme l'enquête menée en ligne par l'éditeur américain SiSense (à télécharger ici en s'identifiant) à laquelle ont répondu quelques 400 professionnels du décisionnel, dont 48% d'américains et canadiens et 24% d'européens.
Certes, s'y retrouve l'avance de phase habituelle du secteur IT américain sur le reste du monde avec, pour l'Europe, un salaire moyen (tous profils d'analystes confondus) d'environ 50 000 euros (64 000 dollars) inférieur d'un tiers à la moyenne américaine (96 000 dollars). Un constat qui rejoint le relevé d'une précédente enquête américaine publiée par Information week (salaire moyen de 90 000 dollars pour les « pro » du BI, de 119 000 dollars pour les managers de cette filère). Selon celle-ci, la progression des salaires est particulièrement nette cette année : 5000 dollars de plus entre 2011 et 2012. De même, selon l'enquête de SiSense, six sur dix de ces professionnels disent avoir bénéficié d'une augmentation de salaires significative en 2012, et près de huit sur dix n'en attendent pas moins pour 2013.
Certes, ce type d'enquête déclarative (basée sur le témoignage de volontaires) n'est pas exempte de biais. Mais ces données qui -en gros- rejoignent celles des cabinets de recrutement contribuent à positionner cette filière sur le marché de l'emploi IT. A mi 2012, l'analyste de donnée se recruterait ainsi au même niveau de salaire qu'un consultant fonctionnel expérimenté (haut de la fourchette du salaire à l'embauche en région parisienne à 56 000 euros selon l'étude de Walters People). Et le data scientist (89 000 dollars soit environ 71 000 euros), au même niveau que le consultant en stratégie ou le directeur de projet ayant plus de 10 ans d'expérience, selon l'étude de Hays.
Mais autant que son positionnement dans l'échelle des salaires, l'intérêt de l'étude de SiSense est d'esquisser une typologie de cette filière de métiers en émergence comme le souligne notre confrère et spécialiste du domaine Decideo.fr. Spécialité dont on ne trouve guère trace encore dans les référentiels européens des métiers IT (nomenclature des métiers du Cigref, notamment). En témoignent, selon SiSense, la faible ancienneté des répondants (un tiers a moins de trois ans d'expérience dans le métier), la diversité des intitulés de postes, la faible féminisation (85% des répondants sont des hommes) de cette spécialité qui fait pourtant la part aux compétences analytiques autant qu'à la technicité.
De la diversité des intitulés de postes (voir schéma ci-dessous), il ressort, cependant, une certaine hiérarchisation des responsabilités : du simple analyste de données jusqu'au manager de la fonction (director of analytics, voire vice-président à l'américaine!) en passant par le data scientist. Le périmètre d'intervention de cette filière s'en trouve un peu mieux défini. Y compris concernant les compétences requises : techniques, fonctionnelles et managériales. Symptomatique (entre autres remarques) de la « jeunesse » de cette profession, plus de quatre réponses sur dix évoquent un besoin de se perfectionner en gestion de projet et de continuer à se former aux arcanes de la business intelligence, des fondements et outils mathématiques et statistiques, et de la visualisation graphique.
Echelle de salaires (en milliers de dollars) des métiers de l'analyse de données selon l'étude SiSense
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