Chômage, emplois d'avenir : le secteur IT concerné ?
Les métiers du secteur IT se prêtent-ils aux contrats aidés? Fort peu, jusqu'à présent, hors formule d'apprentissage. Mais sous l'aiguillon d'une aggravation du chômage...
L'embellie n'était que passagère. Repassé sous le seuil des 32 000 inscrits à Pôle Emploi depuis février 2012, le secteur IT enregistre de nouveau une poussée du chômage avec, en juillet, 32 800 demandeurs d'emploi (toutes catégories confondues, sans activité ou avec activité partielle) . La hausse est de 1 100 inscrits supplémentaires en un mois (+3,5%), bien au dessus de la progression générale du chômage (+1,4%).
La détérioration du début de cet été est plus sévère encore (+5%) pour la catégorie A, celle des informaticiens inscrits sans aucune activité (26 800 selon les relevés de la Dares). Reste à savoir si, comme tout au long du second semestre 2011 (29 700 chômeurs IT en juin 2011, 32 300 en janvier 2012), cette tendance est partie pour durer, voire s'aggraver.
Le numérique, métiers d'avenir ?
Deux jours après la publication de ces statistiques maussades, le ministre Michel Sapin présentait le projet de loi relatif aux emplois d'avenir. Le cap est mis sur 100 000 contrats aidés en 2013 (pendant trois ans) pour des secteurs susceptibles d'accueillir des jeunes (16-25 ans) sans qualification. Secteurs parmi lesquels est nommément cité le numérique.
Certes la priorité mise par ce projet sur les jeunes en difficulté d'insertion n'a sans doute pas grand chose à voir avec les profils habituellement embauchés ou reclassés dans le secteur IT. Peu de chance que cela allège la cohorte des chômeurs inscrits à la rubrique Système d'information et télécom (selon la typologie de la Dares), parmi lesquels se retrouvent plus sûrement des anciens que des fraîchement diplômés. Et encore moins des jeunes sortis du système scolaire. Une évidence pour les employeurs du secteur, dont les initiatives ciblées sur l'insertion et la diversification de l'embauche restent axées sur les jeunes déjà diplômés ou en passe de l'être. «Avec et à la demande des associations et des régions », tient-on à préciser à Syntec numérique (telle l'opération « Nos quartiers ont des talents » ou les actions de Atouts Jeunes Universités)
Mais le chapeau du numérique (secteur d'avenir !) est large. Non cantonné aux métiers des seules SSII, des éditeurs ou des opérateurs télécom. Comme le rappelle d'ailleurs le Munci avec son référencement des organisations « représentantes d'intérêts » du numérique en France (plus de 150). En témoigne notamment, l'essor du créneau « dépannage et assistance informatique » (entre 15 000 et 20 000 intervenants, ou 10 000 équivalents temps plein, selon le Livre Blanc des Services numériques à la personne, juillet 2012).
Le plan emplois d'avenir du gouvernement inclut de plus un volet « professeur » censé pouvoir mettre le pied à l'étrier des étudiants boursiers dès leur deuxième année d'études. Avec complément de revenus à la clé. De quoi encourager des vocations à l'heure où le numérique semble avoir un peu plus droit de cité dans les établissements scolaires. (Cf l'introduction officielle de la discipline ISN, Informatique et Sciences du numérique, confirmée pour cette rentrée 2012, mais seulement pour les lycéens de terminale S, ardemment soutenue par l'association Pascaline).
Autre initiative gouvernementale en vue : le contrat de génération (associant le maintien dans l'emploi des seniors, de plus 55 ans, à l'embauche de débutants, de moins de trente ans !) pour lequel le ministre Michel Sapin annonce vouloir lancer les négociations avec les partenaires sociaux dès la première semaine de septembre. Le secteur IT (où l'on est senior bien plus tôt) et ses demandeurs d'emploi seront-ils concernés ?