Hyper-V 3.0 et System Center 2012 : objectif, faire de Windows Server un OS cloud
Microsoft présente Windows Server 2012 comme un OS cloud. Certes l'OS incorpore les briques d'infrastructure nécessaires à la virtualisation d'un datacenter avec Hyper-V 3.0 mais c'est surtout du côté de System Center qu'il faut chercher le côté cloud de l'OS...
Microsoft présente Windows Server 2012 comme un OS cloud. Certes l'OS incorpore les briques d'infrastructure nécessaires à la virtualisation d'un datacenter avec Hyper-V 3.0 mais c'est surtout du côté de System Center qu'il faut chercher le côté cloud de l'OS...
Le lancement de Windows Server 2012 est certes important du fait de l'amélioration des capacités intrinsèques de l'OS. Mais il est surtout essentiel pour contrer VMware du fait de l'intégration du nouvel opus de la technologie de virtualisation de Microsoft, Hyper-V 3.0. Le nouvel hyperviseur peut enfin rivaliser avec son concurrent en matière de chiffres avec jusqu'à 64 cœurs virtuels et 1 To de mémoire vive affectables par VM, et la capacité de piloter des milliers de VM. En matière de clustering, les limitations sont aussi repoussées, passant de 16 serveurs pour Hyper-V 2.0 à 63 serveurs pour Hyper-V 3.0, chaque cluster pouvant supporter un maximum de 4 000 VM.
Les fonctions réseaux ont aussi été profondément remaniées. Hyper-V 3.0 embarque ainsi un nouveau commutateur Ethernet virtuel distribué, qu’il sera possible de remplacer par des commutateurs tiers comme le Nexus 1000V de Cisco ou comme la future implémention d'openvSwitch de NEC. D'autre acteurs tels HP ou IBM pourraient aussi prochainement se joindre à la partie. Il est aussi désormais possible d’agréger les débits de plusieurs cartes réseaux (une fonction de « NIC Teaming » liée à une refonte de Windows). De même avec NV-GRE, Microsoft dispose d'une alternative à VXLAN (le protocole supporté par VMware) pour la virtualisation des réseaux. De quoi servir de fondation à une stratégie maison de réseau programmable.
[Lire aussi notre article en trois parties : Que faut-il attendre de Windows Server 2012 ?]
Côté stockage, Microsoft a pris conscience de son retard et a mis les bouchées doubles forçant d'ailleurs VMware à le suivre sur certains aspects. Par exemple, Hyper-V 3.0 supporte des fonctions de migration du stockage SAN (live storage migration, qui sont une évolution bienvenue de la fonction Quick Storage Migration de Windows Server 2008 R2. Certains éléments indiquent en outre que Microsoft prévoit de collaborer avec des partenaires stockage pour délester la migration du stockage sur le matériel de baies de stockage. Enfin, la nouvelle version d’Hyper-V devrait également supporter plusieurs migrations live du stockage en parallèle. Ce qui intéresse fortement les utilisateurs d’Hyper-V.
Hyper-V 3.0 propose aussi une fonction originale de migration de stockage en attachement direct entre deux serveurs distincts. Cette dernière fonction devrait s’avérer particulièrement intéressante pour les TPE et PME ne souhaitant pas investir dans une infrastructure SAN. Un effort a aussi été fait sur les déploiements en mode NAS. Jusqu'alors, les faibles performances du protocole SMB et sa fragilité rendaient impossible l'utilisation d'un stockage NAS sur base de technologies Microsoft pour les environnements virtualisés. Microsoft aurait pu (ou dû) se tourner vers NFS, déjà utilisé par tous ses concurrents, mais il a finalement choisi de développer une nouvelle version renforcée de son protocole de partage de fichiers, baptisée SMB 3.0. Supportée dans Windows Server 2012, cette nouvelle mouture du protocole devrait faire son apparition dans les listes de support des grands du stockage dans les mois à venir.
Notons enfin que Replica, une fonction de réplication au niveau hôte, précédemment présentée par Microsoft, pourrait également aider à maintenir la disponibilité des applications critiques en utilisant des succursales comme sites de reprise.
System Center 2012 : la vraie dimension "cloud" de Windows Server 2012
Si Microsoft présente Windows Server 2012 comme un OS Cloud, c'est plutôt en fait du côté de System Center 2012 qu'il faut regarder pour les fonctions cloud. Lancée lors de l’édition 2012 de sa conférence Microsoft Management Summit (MMS 2012), la dernière mouture du logiciel est en effet un véritable parapluie d'administration et d’automatisation des environnements Windows Server.
D'ailleurs, System Center 2012 est présenté par Microsoft comme la solution la plus simple du marché pour mettre en place un cloud privé, une façon de positionner le logiciel comme la pierre angulaire de la riposte de l’éditeur à l’offre de cloud de VMware (même si pour l’instant, System Center n’a pas la portée d’un vCloud). Le produit, désormais vendu comme une suite, inclut ainsi l’ensemble des modules nécessaires pour concevoir une architecture cloud, la déployer, la supporter et l’administrer.
Jusqu’alors les six principaux composants de System Center étaient disponibles de façon séparée. Une entreprise pouvait ainsi n’acheter que le module d’administration (Operations Manager), que le module d’administration de la virtualisation (SCVMM) ou que le module de gestion des configurations de postes clients et de serveurs (Configuration Manager).
Désormais, tous les modules de la suite (System Center 2012 App Controller, System Center 2012 Configuration Manager, System Center 2012 Data Protection Manager, System Center 2012 Endpoint Protection, System Center 2012 Operations Manager, System Center 2012 Orchestrator, System Center 2012 Service Manager et System Center 2012 Virtual Machine) sont intégrés en standard dans les deux différentes éditions de System Center 2012.
La première, baptisée « Standard », permet d’administrer des serveurs non ou peu virtualisés (la licence permet de gérer deux VM par serveur géré), tandis que l’édition « Datacenter » permet la gestion d’un nombre illimité de VM par serveur administré. Il est à noter que le nombre de licences à acquérir est proportionnel au nombre de processeurs physiques par serveur (par exemple l’administration d’un serveur quadri-socket requiert 4 licences de l’édition DataCenter). Une licence de System Center 2012 Standard est vendue 1 323 $ tandis que l’édition Datacenter coûte 3 607 $. Ces prix incluent l’abonnement obligatoire à la Software Assurance pour une période de deux ans. À ces tarifs, il convient éventuellement d’ajouter le coûts des licences par poste client à administrer (de 22 à 121 $ selon les fonctions utilisées, avec deux ans de software assurance inclus).
Un cloud d’infrastructure privé en quelques clics…
Lors du lancement du logiciel, Brad Anderson, le vice-président de la division outils d’administration et de sécurité de Microsoft, a insisté sur l’aptitude de System Center 2012 à déployer très rapidement des clouds privés à un coût raisonnable. Selon lui, la suite de Microsoft couplée à Windows Server 2012 et Hyper-V 3.0 permet aussi de concevoir et d’administrer des clouds pour un coût 10 fois inférieur à celui d’une pile équivalente chez VMware.
Avec cet argument, Microsoft vise à la fois les entreprises et les fournisseurs de services. Ces derniers devront toutefois développer leur propre couche de portail de services multitenant s’ils veulent utiliser la pile Microsoft pour motoriser un cloud public, le portail de gestion et de provisioning de services de l’éditeur (App Controler) se limitant aux clouds privés. Il leur faudra aussi sans doute attendre la seconde partie de l’année et le lancement d’Hyper-V 3.0 pour déployer l’outil à grande échelle.
Des modules singulièrement enrichis
Au-delà de la réorganisation de la suite et de l’accent mis sur le cloud privé (qui prendra toute sa portée avec l’arrivée de Windows Server 2012 et d’Hyper-V 3.0), on note les importants progrès fonctionnels effectués par les différents modules : System Center Operation Manager, par exemple, ne dépend plus d’un unique « Root Management Server », ce qui élimine tout risque de défaillance - la fonction du RMS peut désormais être distribuée entre plusieurs serveurs d’administration. SCOM s’enrichit aussi de nouvelles fonctions d’administration du réseau (via l’intégration en OEM de capacités issues d’EMC Smarts), qui permettent par exemple de détecter la configuration physique du réseau, d’identifier les VLANS et de gérer les périphériques réseaux (via SNMP v3). De nouveaux management packs viennent également enrichir la collection de packs existants.
Configuration Manager met quant à lui l’accent sur la gestion des terminaux mobiles avec une gestion basique des combinés IOS et Android via ActiveSync et une gestion complète des terminaux Windows Phone. Configuration Manager permet aussi le déploiement d’applications sur les terminaux mobiles en fonction du contexte de l’utilisateur (déploiement d’une application complète en local, d’un accès VDI à une application serveur…). Pour ce rôle toutefois, l’outil ne gère de façon autonome que les terminaux Symbian et Windows Phone et s’appuie sur Citrix pour la distribution d’applications sur les terminaux iOS.
Service Manager, l’outil de gestion de service de l’éditeur de Redmond, s’enrichit quant à lui de quatre nouveaux processus Itil et est positionné de plus en plus comme un outil pour les exploitants, alors qu’à l’origine, il était plutôt présenté comme un outil de gestion des incidents pour les utilisateurs finaux.
Enfin, pour terminer ce tour d’horizon (incomplet) de la suite, signalons que System Center Virtual Machine Manager, l’outil de gestion de la virtualisation ajoute XenServer à son portefeuille d’hyperviseurs gérés, en plus des actuels Vmware ESXi et Hyper-V. SCVMM est déjà prêt pour la gestion d’Hyper-V 3.0 et inclut notamment le pilotage graphique de nouvelles fonctions proposées par le nouvel hyperviseur, comme la migration à chaud de VM sans stockage partagé ou une gestion plus avancée du provisioning du stockage.
[Lire aussi notre article en trois parties : Que faut-il attendre de Windows Server 2012 ?]
En France, de nombreux partenaires de l’éditeur comme Osiatis ou vNext ont déjà commencé à déployer l’outil chez des clients et les représentants de ces sociétés s’accordent à dire que l’intérêt pour la nouvelle version dépasse de très loin celui pour la mouture antérieure. System Center 2012 aurait déjà séduit de grands utilisateurs, dont Renault (qui a été le seul client français à participer au programme d’évaluation en avance de phase du logiciel – programme dit « TAP »).
Il faudra attendre System Center 2012 SP1 pour gérer Hyper-V 3.0.
Dans tout plan, il y a parfois des couacs et le beau discours sur l'OS cloud se heurte toutefois à un petit détail fâcheux : selon la documentation de Microsoft, la version actuelle de System Center 2012 (et notamment la version actuelle de System Center Virtual Machine Manager) ne supporte que les hôtes Hyper-V sous Windows Server 2008. Comme nous le confirmait en juin dernier Jérôme Trédan, le directeur des produits serveurs et plateformes de Cloud Computing de Microsoft, les entreprises devront passer à System Center 2012 Service Pack 1 (SP1), pour pouvoir administrer pleinement les capacités de Windows Server 2012 Hyper-V (ou Hyper-V 3.0).
Le problème est qu'il n'y a pour l'instant pas de date ferme pour System Center 2012 SP1. Cette nouvelle mouture de l’outil d’administration de Microsoft n’en est pour l’instant qu’au stade de la Community Technology Preview. Or, elle est nécessaire pour tirer parti des nouvelles fonctionnalités de la technologie Hyper-V, comme la technologie de virtualisation de réseau NVGRE (Network Virtualization using Generic Routing Encapsulation), les améliorations en matière de migration en temps réel de VM et le support amélioré des sauvegardes de volumes en cluster (CSV).