Emploi de jeunes diplômés IT : Telecity et Capgemini avancent leurs pions
Autour de divers parcours d'insertion professionnelle, la collaboration université-entreprises se précise. Notamment en Seine Saint-Denis. Après les bac+4/+5, futurs concepteurs/développeurs, le focus est mis sur les futurs diplômés bac+2 se préparant aux métiers des data centers.
Pour une douzaine d'étudiants de l'IUT de Villetaneuse (université Paris-13), la rentrée de septembre se fait sous l'égide d'un cursus ciblé data center. Avec, pour ces futurs bac+2 génie électrique et informatique industrielle (GEII), un emploi assuré en fin de parcours dès l'été prochain. C'est une première. Non pas pour la formule d'alternance (accueil en entreprise) qui sous-tend ce genre de parcours d'insertion. Ni pour la garantie d'un point de chute qu'ont ces jeunes pour leur stage de seconde année (dix à douze semaines). Mais une première, en tout cas, pour la façon dont s'est monté ce cursus. «Un effort et un engagement importants», selon Stéphane Duproz, directeur général de TelecityGroup France, qui tient d'emblée à ajouter : « nous recrutons sans problème aujourd'hui ». Histoire de souligner que l'initiative en question, qui associe son entreprise, Schneider Electric et ETDE à l'université de la banlieue nord de Paris, a essentiellement une visée « sociale et locale ».
Il a fallu, en effet, pas moins de deux ans pour peaufiner cette « initiative citoyenne ». Sur fond d'un constat : une forte implantation de datacenters dans le sud du département de Seine Saint Denis (à Aubervilliers pour Telecity Group), avec en face un faible recrutement local. La volonté de pallier à ce déséquilibre s'est dans un premier temps concrétisée par l'accueil de stages de fin d'études. Restait à conforter le bagage initial des futurs techniciens supérieurs avec une approche dédiée « datacenter ». « Cela passait notamment par la définition d'un module climatisation », précise Priscilla Le Minter, responsable des relations extérieures de l'IUT. Un module qui, désormais, amènera les étudiants concernés à s'exercer sur l'équipement du lycée René Cassin. Cela impliquait surtout de s'assurer un tutorat adapté de la part d'entreprises parties prenantes. Une innovation pédagogique et une ouverture pour laquelle l'équipe de l'IUT était d'autant plus volontaire que s'est accrue, ces derniers temps, la difficulté des jeunes à décrocher un accueil en stage ou en contrat d'apprentissage.
La faisabilité et le bien-fondé d'un cursus dédié étaient d'ores et déjà confortés par le fait que, parmi les stagiaires de la promo 2011 accueillis par Telecity Group, trois ont été embauchés. La compagnie Schneider Electric, déjà rompue à l'accueil d'apprentis, et ETDE (pôle Energies et Services de Bouygues Construction), ont rejoint cette année la préparation de ce cursus qui, à coup sûr, n'a pas manqué d'amateurs (douze étudiants sélectionnés parmi les 25 inscrits en deuxième année de GEII). Un dispositif qui, si tout se passe bien, pourrait bien être étoffé dès cette année, «rejoint par d'autres entreprises de l'écosystème des datacenters », avance Stéphane Duproz.
Pour une approche éclairée de l'insertion professionnelle
Depuis deux ans, le même genre d'initiative citoyenne -et néanmoins intéressée- est menée par la SSII Capgemini France et Sogeti, filiale conseil du même groupe, en direction des étudiants de niveau bac+4/+5 de l'université Paris-13. Une poignée d'étudiants (douze par an) issus de cursus scientifiques divers est formée pendant dix-huit mois, en alternance, aux métiers de la conception et du développement de système d'information, tout en étant salariée (en CDI).
Au départ, le groupe Capgemini a inscrit cette collaboration avec l'université francilienne et son école d'ingénieurs (l'Institut Galilée) dans son Plan Jeunes. Un programme volontariste visant l'accueil de 1000 alternants (contrats d'apprentissage, stages ou contrats de professionnalisation) en deux ans (2009-2010). Objectif respecté, et qui contribue encore cette année à la réalisation du plan de recrutement du groupe en France, avec 60 à 70% de jeunes diplômés sur les 2000 embauches prévues, dont 50% issues de filières universitaires et 50% d'écoles d'ingénieurs et de management.
Selon la prise de position de Philippe Tavernier, directeur général de Sogeti à l'époque, il était fermement question, en novembre 2010, « d'installer cette initiative dans la durée et de l'étendre à d'autres universités en France ». Objectif également atteint puisque ce cursus persiste. De plus, la balle est reprise au bond cette année par l'engagement de Capgemini, en tant que membre fondateur (aux côtés de L'Oréal, Auchan et Danone et des universités de Villetaneuse, de Marne-la-Vallée, de Créteil, et de Cergy Pontoise) au sein de l'association Atout Jeunes Universités (AJU). Une implication qui s'inscrit cette fois nettement dans le cadre de la RSE (responsabilité sociale et environnementale) de Capgemini (sous la houlette de Géraldine Plenier, directrice RSE pour la France) et avec des visées étendues plus généralement à une « approche éclairée de l'insertion professionnelle ». C'est-à-dire l'accompagnement des étudiants d'universités de diverses filières (littéraires, sciences humaines et sociales) en quête de débouchés. Et ce, tant pour leur orientation professionnelle que pour la période délicate de l'arrivée sur le marché du travail.
Plateforme de rencontre, accompagnement de dispositifs d'insertion, rencontres avec des responsables RH, organisation de conférences sur les métiers, ateliers de coaching CV, simulation d'entretiens d'embauche : le projet de cette association (AJU) et ses diverses propositions (de type boîte à outils, adaptables aux besoins de chaque filière) qui justifient ce rapprochement grandes entreprises-universités n'ont rien de superflu. En témoignent notamment les premiers résultats du projet Sciences Insert de l'université de Rennes-1 (renforcement du dispositif d'accompagnement des étudiants) confirmant, chez ces derniers une « relative méconnaissance des conditions d'accès à l'emploi » (voir le compte rendu présenté par la lettre du Cereq). Pour l'heure, les filières menant aux métiers du secteur IT ne sont pas encore ciblées par le dispositif Atout Jeunes Universités. Mais avec cette implication affichée de Capgemini/Sogeti, cela ne saurait tarder. En Ile-de-France comme ailleurs (Toulouse, Aix-Marseille, Lyon, Nantes, Lille) où des partenariats sont en vigueur avec les universités, l'idée est bel et bien de coupler objectif de RSE et diversification de l'embauche. Notamment dans le sens de l'accord égalité homme-femme pris par le groupe pour trois ans, selon lequel de 25% à fin 2011, le taux de féminisation des effectifs devrait passer à 29%.