Alcatel-Lucent allume son plan de ré-organisation
L’équipement franco-américain a annoncé officiellement son Programme Performance qui vise à réduire les coûts de 1,25 milliard d’euros à fin 2013. Une direction restreinte, une gouvernance opérationnelle plus centralisée et une recentrage sur les lignes de produits clés sont au programme.
Alcatel-Lucent a dévoilé ce jour la teneur de son vaste plan de réorganisation baptisé Programme Performance dont l’objectif est de permettre une réduction des coûts de quelque 1,25 milliard d’euros d’ici à la fin 2013. Ce programme, dont la mise en application doit permettre au groupe franco-américain de se repositionner sur l’échiquier mondial de l’équipement réseau, comporte ainsi plusieurs volets : un recentrage sur les produits, un modèle opérationnel plus centralisé qui passera par une suppression des divisions au niveau régional, et enfin une direction remaniée.
«L’objectif de notre nouvelle structure opérationnelle est de renforcer la présence d’Alcatel-Lucent dans les produits et services clés des télécommunications, grâce à un groupe d’activités unifié», a expliqué Ben Verwaayen, le directeur général du groupe dans un communiqué, soulignant ainsi l’effort de rationalisation des opérations entrepris par le groupe.
Il faut dire qu'Alcatel-Lucent bataille actuellement sur son segment de marché, confronté tantôt à une forte concurrence, venue notamment de Chine, et à un climat économique tendu. Au deuxième trimestre, le groupe a d’ailleurs annoncé une perte de quelque 254 millions d’euros, ainsi que son intention de supprimer 5 000 postes dans le monde. « Même si nous avons prouvé que nous pouvions être rentables sur le plan opérationnel, il est clair que, au regard du contexte macro-économique qui se détériore et de la concurrence qui règne sur les prix dans de nombreuses régions du monde et qui pèse sur notre rentabilité, nous devons amorcer une transformation plus ambitieuse», avait affirmé Ben Verwaayen à l’époque. Une stratégie de désengagement des secteurs non rentables était également annoncée.
Une direction réduite de moitié
Ce Programme Performance prévoit ainsi la mise en place d’un «comité exécutif» réduit - on passe de 12 à 6 dirigeants - qui pilotera les activités du groupe, axées sur les produits coeur de métier Alcatel-Lucent.
Ainsi, Paul Tufano, l’actuel directeur financier prend la direction au niveau mondial de la chaîne logistique, des achats et des activités Entreprise, Industries Stratégiques et Réseaux Sous-marins. De son côté, Robert Vrij assurera le poste de président des ventes globales et du marketing, au sein d’une unique entité mondiale. Il aura la charge de l’ensemble des relations commerciales avec les clients. Stephen Carter présidera les services managés pour les opérateurs et aura également la responsabilité de l’application du Programme Performance.
Philippe Keryer, quant à lui, prend la tête de la nouvelle division «réseaux et plateformes» qui réunit les gammes de produits du groupe en quatre lignes : Réseaux mobiles, Réseaux fixes, Plateformes et Coeur de réseau - qui regroupe désormais les activités IP et optiques, dirigées par Basil Alwan.
George Nazi reste quant à lui président Global Customer Delivery, tandis que Jeong Kim, président des Bell Lab et directeur de la stratégie, s’occupera également de la gestion du portefeuille de brevets du groupe.
Cette organisation re-visitée devrait être mise en place début 2013, indique Alcatel-Lucent, une fois les représentants du personnel dans chaque pays consultés. Le groupe ne détaille toutefois pas les pays affectés par les mesures de licenciement. Le président du conseil d'administration de l'équipementier Philippe Camus a certes rencontré Arnaud Montebourg en fin de semaine dernière, mais le ministre du Redressement productif a affirmé que l’équipementier français n’avait alors pris «aucun engagement», en matière d’emplois en France. Mais selon Reuters, qui cite des sources proches du dossier, les langues pourraient se délier cette semaine lors d’une réunion du conseil d’administration.
Chez les syndicats d’Alcatel-Lucent, interrogés par nos confrères de l’Usine Nouvelle, l’heure n’est toutefois pas à l’optimisme. On reste d’ailleurs préoccupé par cette ré-organisation simplifiée, inquiet de voir la place de la France, voire de l’Europe, affaiblie au sein du groupe.