Spécial sécurité : ADSL, pigeons et comparaisons absurdes

Aujourd'hui, nos confrères de CNIS, magazine dédié à la sécurité des systèmes d'information, s'attardent les comparaisons pour le moins décalées nées des performances d'un pigeon voyageur du Yorkshire qui a transporté une clé USB sur 120 km en moins de 2h. Ils reviennent également sur le passage en force de la FCC américaine dans le dossier de la gestion des espaces interstitiels du spectre radio utilisé par les diffuseurs de la télévison, outre Atlantique.

Sommaire

1 - ADSL, pigeons et comparaisons absurdes

2 - La FCC fait la nique à la Radio Numérique Française

1 - ADSL, pigeons et comparaisons absurdes

La presse technique s’extasie devant la performance d’un pigeon voyageur du Yorkshire (pays grand-breton autant que canin) qui (le pigeon, pas le yorkshire), en transportant une clef USB sur 120 km en moins de 2 heures, est parvenu à battre de vitesse un raccordement « bas débit ». Lien bas débit tentant de transmettre ces mêmes informations au même moment et sur la même distance. Nos petits copains du Monde Informatique, nos confrères de Red Orbits, nos éminents collègues d’IT Portal et quelques 4000 autres titres, blogs et web d’information ont repris ce scoop d’une portée techno-sociale considérable, avec le sérieux qui caractérise les « journaux biens ».

Aucun journaliste, en revanche, n’a émis l’idée que ce même comparatif aurait peut-être tourné à l’avantage de la liaison IP s’il s’était agi d’acheminer les deux derniers épisodes de « Lost, Les Disparus » entre ce même Yorkshire cano-aviaire et les serveurs Californiens du spécialiste du streaming Hulu.com. Le pigeon, c’est bien connu, est affecté d’un time to live (TTL) inversement proportionnel au nombre de « metrics » à franchir. Or, les short path transitant par le pôle nord sont, c’est un fait certain, totalement interdits au pigeons voyageurs, lesquels empruntent des chemins plus tempérés et plus longs. En outre, le pigeon est un porteur de paquets qui s’apparente plus à UDP qu’à TCP. En cas d’accident, l’émetteur n’est pas prévenu. Enfin, malgré tous les efforts prodigués par les généticiens pour accroître les facultés de reproduction de ces animaux, il est très difficile d’effectuer des envois en multicast avec cette technologie à plume.

L’on pourrait aussi ergoter sur le fait que le rapport volume de données / temps de transmission aurait été plus spectaculaire avec d’autres technologies. Par exemple un cycliste roulant à 40 Km/h (le Yorkshire, ça n’est pas le Mont Ventoux) pourrait en 3 heures véhiculer sans gros efforts 12 disques durs de 2 To chacun, soit 24 To en 10 800 secondes, 2,2 Go par seconde, ou plus de 17 Gb/s d’un seul bloc, le tout avec un MTU monstrueux, un ping un peu long mais un traceroute aisément déterminé à l’aide d’un GPS. Avec de tels débits, même l’anneau principal de Renater peut aller se rhabiller. L’on comprend d’ailleurs mieux la raison pour laquelle notre opérateur historique travaille d’arrache-pédale pour développer ces nouveaux types de médiaset peut-être rétablir l’image émouvante du «  facteur à bicyclette ». Ajoutons que, à quelques injections de fortifiants près, un coureur cycliste n’exige presque rien de son propriétaire, pas même de nettoyer sa cage chaque jour. Certes, pigeons et cyclistes, s’ils sont plus efficaces qu’une liaison DSL « lente », pêchent généralement par manque de redondance, notamment en cas de collision, soit avec un pavé de l’Enfer du Nord dans la typologie vélocipédique, soit avec des plombs de chasse lors des campagnes nationales de défense contre l’invasion des palombes, ces prédateurs sanguinaires dont on ne dira jamais assez les dégâts qu’ils commettent le long de la chaîne Pyrénéenne. Dans les deux cas, l’absence de NACK peut poser problème et nécessiter l’invention d’un équivalent du « sliding window », grâce à des coulombs spécialisés dans les requêtes de « retry ». Remarquons au passage cette analogie étymologique entre le mot « coulomb » désignant, en parler « chti », les messagers à plume, et en langage scientifique, l’unité de charge électrique, à la base de tout échange numérique. On frise le lacanien.

Certes, un RFC 1149 et diverses implémentations avaient bien tenté de résoudre ces problèmes… en vain. Un pigeon ça se mange (hommes, rapaces), un pigeon ça salit, un pigeon ça se fatigue lorsque le Round Trip Time dépasse une dizaine d’heures de vol ou par temps de grand vent (également appelé packet storm ou déni de service aérien), un pigeon enfin, ça nécessite l’obtention d’une licence de colombophilie. Ajoutons que la possession d’un tel système de communication en temps de guerre est passible d’un traitement curatif au plomb pour son propriétaire, sous prétexte de «  tentative d’intelligence avec des puissances extérieures ». Hadopi, Loppsi et autres LCEN ne sont à côté que de vagues bluettes pour collégiennes.

Non : la véritable solution, c’est le colis postal. Car nos 12 disques durs de 600 grammes chacun, empaquetés dans une boîte « XL » Colissimo (à 13 euros TTC ), même expédiée sous deux jours, c’est toujours plus rapide qu’une liaison bas débit. Sans parler de l’équation carbone liée à la consommation électrique des routeurs, ordinateurs, centraux téléphoniques etc. Ajoutons que cette méthode échappe totalement aux contrôles des contrôleurs sachant contrôler de manière totalement indépendante et objective de la commission Hadopi, ce qui permet de diffuser en toute impunité l’équivalent de 6000 fichiers ISO de 4 Go chacun contenant diverses versions de Linux… ou pas. Seul un groupe de Députés du CIdsV (Centre Indépendant de sa Volonté) a émis une proposition de loi visant à appliquer une TVA à 19,6% sur les colis postaux et une taxe supplémentaire pour combler le manque à gagner des éditeurs de musique folklorique Savoyarde. Proposition que les députés de l’opposition, de la majorité, du centre historique et des extrêmes ont rejeté en raison du fait que les échanges binaires postaux ne constituaient pas une technologie assez fiable. En effet, la QoS du « last mile » couvert par l’administration tend très nettement à se dégrader avec le temps, particulièrement dans les campagnes qui se vident de leurs bureaux de poste et de leurs gendarmeries, ou dans les grandes villes lorsque 5 étages sans ascenseur se traduisent par un message de service « niveau 1 » sur l’enveloppe des paquets avec la mention «  adresse MAC insuffisamment renseignée ». Forcément, tout çà a des conséquences sur le débit moyen constaté. Ce genre de bug est désigné par le nom technique de « Victor » ou « Java »*

La semaine prochaine, nous étudierons les cas particuliers des pigeons quantiques qui arrivent à destination avant même d’être partis, du routage v6 et de l’amour qu’André Malraux vouait à ces petites bêtes.

*ndlc Note de la Correctrice : parce que Victor est facteur, bien sûr. Note à l’attention de ceux qui n’auraient pas encore acheté leur petit Luc Etienne illustré

*ndlc Note de la Correctrice bis : et non, juré, il n’y a pas de moquette à la rédaction. J’avais bien fait attention à ce détail pourtant …

2 - La FCC fait la nique à la Radio Numérique Française

Forcing de la FCC pour clore le dossier des « espaces blancs » titre Hillicon Valley, qui explique que, c’est juré et quasiment certain, les « canaux inutilisés » du spectre attribué aux broadcasteurs de télévision seront destinés au développement d’un «  Wifi dopé aux stéroïdes ».
 

Jusqu’à présent, ces espaces interstitiels n’étaient exploités que par des équipements professionnels employés précisément par lesdits propriétaires de chaines TV et par quelques accessoires, notamment les « micro HF » dont la portée ne dépasse pas une centaine de mètres. La FCC défendait jalousement à quiconque de venir polluer ces espaces, pour éviter tout risque de perturbation des émissions de télévision analogique terrestre.

En débloquant ce que les américains appelle ces « white space », la FCC (équivalent US de l'Autorité de Régulation Française) a décidé de jouer les catalyseurs industriels et de favoriser le développement d’équipement de transmission réseau « sans licence » dans la bande UHF.

En Europe en général et en France en particulier, ces mêmes fréquences sont réservées à une danseuse technologique, la « Radio Numérique Terrestre » dérivée du DAB (Digital Audio Broadcasting). Rappelons que cette technologie est excessivement coûteuse à mettre en place, exige des radiorécepteurs vendus une fortune (entre 500 à 1000 fois le prix d’un récepteur FM classique), offre une couverture réduite comparativement aux technique analogiques contemporaines, et fait double ou triple usage avec deux autres médias de diffusion numérique ; la DRM (Digital Radio Mondiale, radio onde courte numérique en stéréo AAC3 compressé d’une portée de plusieurs milliers de kilomètres) et du DVB-S, Digital Video Broadcasting-satellite, qui diffuse radio et télévision sur une vaste zone, à l’échelle du continent. Si l’on attend toujours le début du commencement d’une amorce de tentative de diffusion de cette fameuse radio numérique terrestre, il est d’ores et déjà possible d’acheter des récepteurs et d’écouter des émetteurs diffusant actuellement en DRM. Bref, tout laisse à penser que la Radio Numérique Terrestre prenne le pas d’une sorte de « super Secam » avec un avenir politique et commercial aussi… prometteur que le fût notre brillant procédé de codage couleur.

En prenant la décision d’ouvrir ces bandes UHF aux réseaux Wifi, la FCC non seulement donne du sang neuf à l’industrie des télécommunications bureautiques (un sang qui fera défaut aux entreprises clientes et équipementiers européens) et provoquera très probablement l’apparition d’un « marché gris » desdits équipements en nos contrées. Cela s’était déjà produit aux débuts des réseaux 802.11 en Europe, à une époque où une grande partie du spectre 2,4 GHz était encore détenue par l’Armée Française.

Quelles seront les performances de ces futurs équipements ? Nul ne sait tant que la FCC n’a pas précisément délimité les largeurs de spectre qu’elle compte attribuer à ce service. Les fréquences porteuses étant plus basses que celles utilisées en Wifi norme « b/g » ou « a », on peut craindre une plus faible bande passante exploitable. Mais la nature des fréquences utilisées laisse espérer également, à puissance égale, des portées biens plus étendues.

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