Spécial sécurité : UBS, la preuve indiscutable du principe de Murphy

Aujourd'hui, nos confrères de CNIS Mag, magazine spécialisé dans la sécurité des systèmes d'information, reviennent l’histoire de la banque UBS, victime d’opérations hasardeuses d’un de ses traders. Mais quid de la surveillance des transactions ? Ils ironisent enfin sur le bruit qui entoure Hadopi en cette période pré-électorale avant de terminer sur la nomination de Isabelle Falque-Pierrotin à la tête de la Cnil.

Sommaire
1 - UBS : la preuve indiscutable du principe de Murphy
2 - Hadopi : fleurs de Cassandre
3 - IFP, après le FDI, la CNIL… cqfd

1 - UBS : la preuve indiscutable du principe de Murphy
« Il » s’appellerait Kweku Adoboli, « il » serait soupçonné d’avoir fait perdre (sans précision aucune) près de 1,7 million de francs à UBS (soit 2 milliards de dollars ou 1,5 milliard d’euros), « il » a immédiatement provoqué une certaine effervescence dans le milieu des attachées de presse chargées de la promotion des entreprises spécialisées dans les surveillances des transactions des organismes financiers et autres gourous des audits de sécurité. « Il » prouve, si besoin était, que le monde des banques reste totalement hors de contrôle tant politique que législatif et technique, malgré le nombre croissant d’affaires semblables.

L’on peut d’ores et déjà saluer un double record remporté par l’UBS. Le premier, et de loin le plus remarquable, est d’avoir su se hisser dans le très élitiste peloton de tête des banques frappées par des opérations de trading hasardeuses d’un montant de pertes supérieur à un milliard de dollar. Avec 2 milliards de pertes, UBS se place un poil devant Barings (l’employeur du célébrissime Nick Leeson) la Metallgesellschaft, la banque Daïwa et le comté d’Orange. Mais il faudra encore prodiguer quelques efforts pour battre la Bawag (2,5 milliards de dollars), Sumimoto Corp (2,6 M), la Long Term Capital Management (4,6 M), le Crédit Lyonnais (affaire Paretti, 5 milliards de dollars), Amaranth Advisors (6,5 M), sans oublier bien sûr la Société Générale avec l’affaire Kerviel, 7,2M$ estimés, record absolu et hors catégorie. Remarquons au passage que toute « blague Suisse » serait fort mal venue compte tenu des scores exceptionnels affichés par les établissements crançais (liste à laquelle l’on pourrait presque ajouter la Caisse d’Epargne, affaire Picano-Nacci, qui a péniblement plafonné à 0,97 milliard de dollars).

Autant d’exemples qui prouvent que quel que soit le niveau d’indicateurs, de règlementations, de garde-fous, de métriques truffées de cotes d’alertes, de règles de « gouvernance », de logiciels sophistiqués et de procédures réputées inviolables, il existera toujours un risque lié (inhérent ?) aux entreprises qui font dans le « produit financier ». Risque doublé d’une amnésie (un Alzheimer financier) quant aux « bonnes résolutions » que ces organismes ressassent aux politiques après chaque catastrophe suivie d’un plan de relance.

Le second record remporté par UBS est celui de la « loi des séries » qui semble poursuivre l’établissement avec assiduité. La banque avait largement trempé dans l’affaire des sub-primes, opérations spéculatives qui avaient contraint le gouvernement Helvétique à mettre la main au portefeuille pour renflouer l’entreprise. Ce qui, à l’époque, avait provoqué de vives réactions tant dans les médias que de la part des partis d’opposition. Mais ce n’est pas tout.

Courant 2008/2009, l’UBS avait dû faire face à une fuite importante de capitaux estimée à 250 milliards de dollars. Les clients partaient en rangs serrés depuis que Washington avait désigné cette banque comme l’un des vecteurs d’évasion fiscale de certaines grandes fortunes d’Outre Atlantique. Evasion qui aurait été « lourdement suggérée » par la direction de la branche américaine de l’UBS, dont les CxO ont été limogés depuis. Après un procès retentissant, la Maison Blanche avait exigé une levée partielle du secret bancaire, ce qui avait provoqué un vent de paniquer chez les économiquement pas faibles. Déjà qu’après la « fuite Falciani », une autre banque Suisse, la HSBC, avait vu les listings de bon nombre de ses clients tomber entre les mains des fonctionnaires de Bercy… Il y avait comme un certain « blues du businessman » sur les terrasses de Davos et les ports privés lémaniques. L’article 47 de la loi du 8 novembre 1934 exigeant le mutisme des banques de la Confédération à propos de leurs clients avait du plomb dans l’aile.

Cette loi des séries, aggravée par la conjoncture économique actuelle, avait conduit l’UBS à engager plusieurs plans sociaux ayant débouché sur le départ de près de 3500 employés dans le monde. Selon nos confrères de l’agence Reuter, le montant de cette économie structurelle est évaporé par le mauvais coup en bourse du trader-aventurier. 2 - Hadopi : fleurs de Cassandre
Nos éminents confrères de PC-INpact viennent de publier deux articles, l’un sur les réactions de Nicolas Seydoux (un tenant de l’industrie du divertissement), l’autre sur les statistiques impressionnantes des procédures administratives d’Hadopi. L’approche des échéances électorales semble frapper la Commission et ses défenseurs d’une frénésie inquiète… des emplois sont en jeu, des budgets pharaoniques, une machine de guerre corporatiste sans précédent, des pressions qui poussent même certains officiels à assimiler les opposants d’Hadopi à des malades mentaux. Propos définitifs sinistres résonant d’échos historiques encore plus sinistres …

Ce « après nous le déluge » promet une fin du monde à toute personne osant prôner une solution différente (la notion de « licence globale » est ici clairement visée) ou plus radicale (imposition des opérateurs selon une péréquation C .A. Adsl/volume de trafic routé) montre à quel point le dialogue entre partisans et opposants a été coupé, à quel point les positions de chacun sont devenues totalement dogmatiques, dénuées de la moindre réflexion ou analyse. L’on en viendrait à souhaiter être transporté après le 7 mai 2012. Ne serait-ce que pour ne plus entendre cette surenchère verbale … 3 - IFP, après le FDI, la CNIL… cqfd
Madame Isabelle Falque-Pierrotin vient d’être nommée à la tête de la Commission Nationale Informatique et Libertés, succédant ainsi à Alex Türk. « IFP », précédemment Présidente déléguée et générale du FDI (Forum des Droits sur Internet), avait été notamment critiquée pour avoir imposé sa propre révision des statuts du FDI contre l’avis majoritaire du collège des utilisateurs, ainsi que pour avoir évité toute évaluation des « machines à voter » en 2007. Cette dernière position lui avait valu d’être nominée au Big Brother Awards

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