Coûts moindres, nouvelles applications : pourquoi le Wi-Fi prend le pas sur les réseaux filaires
Maintenant que 802.11n a rendu les réseaux sans-fil plus rapides et plus fiables, les administrateurs peuvent légitimement se poser la question : faut-il passer au sans fil ou conserver ses réseaux filaires ? Comparatif des coûts de ces solutions, alors que l'arrivée du 802.11 rend l'alternative des ondes plus tangible.
Dans cette période économique troublée, les entreprises doivent faire plus avec moins, mesurer le coût de possession de leurs équipements (TCO) et le retour sur investissement de leurs projets. Le point clé où les WLAN peuvent démontrer leur retour sur investissement rapide réside dans leur capacité à éviter les coûts et la complexité des câblages nécessaires aux réseaux filaires Ethernet. Installer des WLAN permet aussi des applications comme la convergence fixe-mobile sur VoIP, qui peuvent déboucher sur des économies importantes.
Sans fil vs Ethernet LAN : plongée dans les coûts
Pour déployer un LAN Ethernet, il faut tirer des câbles de catégorie 5e ou 6 (il est parfois nécessaire de remplacer ceux de catégorie 5 qui ne peuvent supporter les débits des réseaux locaux actuels). Les coûts varient en fonction des lieux et de la nature des immeubles à équiper. Les immeubles les plus anciens sont ceux où les difficultés sont les plus prégnantes, en raison de problèmes d'accès, d'esthétique ou parfois de la présence d'amiante. Pour les besoins du comparatif, nous estimerons que relier un poste par câble Ethernet coûte 200 $. Chaque câble est lui même connecté à un commutateur de bordure, soit un coût de 35 $ pour un port Fast Ethernet 10/100.
Pour déployer un WLAN 802.11, quelques câbles sont toujours nécessaires. Chaque point d'accès (AP, pour Access Point) requiert son propre câble, mais celui-ci suffit à supporter de nombreux clients sans fil. Pour le comparatif, nous estimerons que 25 clients utilisent le même AP et que ce dernier coûte 1 300 $. De plus, de nombreuses entreprises utilisent la norme 802.3af (Power over Ethernet ou PoE) : un seul port et un seul câble par AP suffisent pour amener la puissance électrique. Le point d'accès lui-même exige une installation un peu plus coûteuse que la pose d'un câble, soit environ 250 $ par AP. Enfin, la plupart des entreprises utilisent des contrôleurs pour superviser les AP (entre 10 000 et 20 000 $ l'unité, pour notre calcul nous utiliserons la moyenne, soit 15 000 $).
Comme le montre le tableau ci-contre, les WLAN sont moins chers à installer même pour des équipes relativement restreintes. Les économies grossissent d'ailleurs à mesure que le nombre d'utilisateurs augmente, car les contrôleurs sont plus facilement amortis.
Dans de petites installations sans fil ou pour des bureaux distants, les investissements peuvent être réduits en utilisant des AP autonomes ou hybrides, qui ne requièrent pas un contrôleur local. Avec 802.11n, les réseaux de collecte sans fil peuvent aussi être utilisés pour remplacer les câbles desservant des AP destinés à être placés dans des endroits difficiles à câbler ou à l'extérieur, où l'Ethernet atteint des coûts prohibitifs (même si une alimentation électrique est toujours nécessaires dans ces endroits bien sûr).
Ceci n'est bien sûr qu'une analyse simplifiée. D'autres coûts résident dans la surveillance des sites, le design des réseaux à radio-fréquences, la configuration AP/commutateurs, les outils d'administration et les capteurs de sécurité. Mais, même une fois ces dépenses prises en compte, les WLAN restent attractifs par rapport aux réseaux Ethernet filaires. En plus, ils sont plus rapides à installer et à modifier, rendant plus aisé le raccordement rapide de nouveaux bureaux ou de bureaux temporaires.
Voix et convergence fixe-mobile : les autres avantages du 802.11n
De nombreuses entreprises voient dans les économies qu'elles réaliseront sur les communications mobiles (via le basculement vers la VoIP) comme une façon d'amortir leurs investissements dans les WLAN. Mais les premiers déploiements de la VoIP sur des réseaux 802.11b/g se sont souvent montrés plus coûteux qu'escompté. Les AP en place ne parviennent la plupart du temps pas à supporter de nombreux appels simultanés. Leur densité doit de plus être élevée pour fournir la qualité de service attendue sur les conversations téléphoniques.
Avec l'adoption de 802.11n, les entreprises ont une meilleure chance d'atteindre leur but tant pour les communications mobiles par VoIP que pour la convergence fixe-mobile. 802.11n délivre la capacité requise pour supporter les applications multimédia sur un unique réseau WLAN convergent. Si la VoIP n'a pas besoin d'une bande passante très large, elle bénéficie tout de même des améliorations du 802.11n en matière de fiabilité et de couverture. De plus, les entreprises ne seront pas obligées de dédier des points d'accès 802.11n pour exploiter la VoIP. Avec la gestion des priorités, le même WLAN peut être utilisé pour supporter les transferts de données, la vidéo-conférence et les flux en streaming.
Selon une étude conduite par Forrester Research, les organisations qui ont déployé la voix sur le Wi-Fi ont atteint deux bénéfices mesurables : une amélioration de la productivité des utilisateurs mobiles et des gains sur les factures de téléphonie mobile.
Laisser les utilisateurs prendre des appels sur des téléphones IP depuis n'importe où dans les locaux de l'entreprise économise ainsi 30 minutes par semaine, qui auraient sinon été perdues à se déplacer pour trouver une zone bien couverte par la téléphonie mobile, selon Forrester. Notons que cette statistique américaine n'est pas transposable en France, où la couverture des réseaux mobiles notamment dans les zones d'activité est assez performante. Reste que, comme le signale encore le cabinet d'études, en évitant en moyenne 69 $ de communications par mois et par employé, une entreprise possédant 1 000 utilisateurs mobiles économise 828 000 $ par an.
Les entreprises étudiées par Forrester font état d'autres bénéfices plus qualitatifs, notamment une meilleure disponibilité des employés via la messagerie unifiée, une collaboration accrue entre les utilisateurs et une satisfaction des clients en hausse résultant de l'amélioration des processus. Typiquement, dans la santé, de meilleurs soins au patient via l'utilisation de la mobilité.
Bien entendu, ces bénéfices nécessitent des investissements. En plus du WLAN lui-même, les organisations doivent acheter les terminaux VoIP, les IPBX et les serveurs nécessaires aux usages mobiles. Mais, effectués avec soin, ces investissements peuvent s'avérer rapidement payants : dans l'étude de cas de Forrester, le retour sur investissement est atteint en moyenne au bout de 9 mois seulement.
L'avenir des WLAN
Aujourd'hui, les déploiements se concentrent sur l'atteinte des bénéfices que nous avons mentionnés, mais ces nouvelles générations de WLAN créent également une plate-forme sur laquelle pourront être bâties de nouvelles applications. Par exemple, le cabinet d'études Gartner émet l'hypothèse que la prochaine génération d'applications WLAN intégreront la géolocalisation et la gestion de présence.
Des capteurs qui traquent les mouvements dans les stocks, aux caméras de surveillance sans fil en passant par les applications qui trouvent les employés dans les locaux et délivrent des contenus adaptés au contexte, les technologies sans fil peuvent être utilisées pour bien plus que de simples connexions au réseau. Chacune de ces nouvelles applications constitue une nouvelle opportunité de faire plus avec moins, compensant un peu plus le TCO des WLAN.
Par Lisa Phifer
Lisa Phifer est présidente et actionnaire de Core Competence, uen société de conseil spécialisée dans les usages professionnels des réseaux émergents et dans les technologies de sécurité.