Stockage : les utilisateurs veulent de la virtualisation et des tarifs à la demande, pas du cloud

Au cours d'une table ronde organisée le mardi 13 avril à Storage Networking World, plusieurs administrateurs et responsables IT se sont exprimés en faveur de plus de virtualisation du stockage mais aussi en faveur de la mise en place de modèles tarifaires plus souples tout en n'étant pas forcément liés à des modèles en nuage. Le stockage en nuage semblait d'ailleurs bien loin des préoccupations des participants à ladite table ronde.

Des administrateurs et responsables informatiques présents lors du salon Storage Networking World (SNW Spring), qui se tenait cette semaine à Orlando (Floride), ont appelé les constructeurs à davantage de virtualisation et de banalisation de leurs architectures de stockage, tout en demandant des modèles de tarification à la demande, pas nécessairement associés à des offres en cloud computing.

A&E Television Networks veut réduire le coût de ses 45 Po de stockage

Au cours d'une table ronde organisée mardi 13 avril, le vice-président en charge de l’informatique d’Allstate Insurance (un assureur réalisant autour de 30 milliards de dollars de CA), Anthony Abbattista, le DSI d’A&E Television Networks (télévision câblée et satellite), Martin Gomberg, et le DSI de Kroll (cabinet de conseil spécialisé en gestion des risques), Jeff Kubacki, ont ainsi présenté comment ils souhaitent voir évoluer leur réseaux de stockage dans un proche avenir. « Pour moi, la technologie renfermant le plus de promesses est la virtualisation du stockage", a expliqué Gomberg. « Nous stockons des objets très volumineux. En tant que société de télévision, l'infrastructure de stockage de nos actifs numériques atteint déjà les 45 Po (Petatoctets). Et il s’agit pour l’essentiel de fichiers vidéos, donc la déduplication ne nous est d’aucune utilité. Pour nou,s l’enjeu est de réduire les coûts tout en continuant à accroître la capacité ».

Martin Gomberg explique qu'il considère la virtualisation et la consolidation des centres de données comme les deux faces d'une même pièce : « le grand problème dans [l'industrie de la télévision] est la convergence IP. Ce qui a été stocké sur bande vidéo n'est pas stocké de manière numérique, et ce qui était autrefois délivré au spectateur par les ondes hertziennes l’est désormais par l'intermédiaire des réseaux Internet. Nous sommes confrontés à cette convergence, de sorte que le système d’information et la diffusion sont en train de devenir la même technologie. Avec de tels volumes à gérer, la seule façon de nous en sortir consiste à marier le broadcast et l’IT. »

Kroll adopte l'USP-V d'Hitachi pour virtualiser son stockage et simplifier sa migration

Chez Kroll, Jeff Kubacki pointe un projet de migration en cours, basé sur les plates-formes USP-V d'Hitachi Data Systems, comme un exemple des bénéfices que peut apporter la virtualisation : « nous avons terminé la virtualisation de nos serveurs de fichiers et il est maintenant temps de passer à la virtualisation de notre stockage SAN. Le produit que nous avons acquis va nous permettre de déplacer des téraoctets de données à partir de nos anciennes baies. Il devrait réduire par deux notre temps de migration des vieux systèmes de stockage vers les nouveaux. Il ne nous faudra ainsi que quelques mois au lieu de près d'un an. Au-delà de ces gains, l’autre bénéfice réside dans notre capacité à placer derrière cette appliance de virtualisation n’importe quel type de stockage, qu’il s’agisse d’EMC, d’Hitachi ou de tout autre fournisseur. »

AllState rêve d'une architecture de stockage banalisée

Chez l’assureur Allstate, Anthony Abbattista envisage quant à lui un réseau de stockage constitué de composants banalisés interchangeables. « J'aime y penser comme à une architecture orientée services, dit-il. ll s’agit de composants remplaçables et vous pourrez acheter tout un tas de ceci ou de tout un tas de cela et utiliser une couche d’integration logicielle pour assembler le tout. Si vous souhaitez déplacer une classe de stockage, cela se fera de façon plug and play. Je pense qu'il va y avoir de plus en plus de composants banalisés et que la valeur et le travail seront dans l'intégration de ces composants ». 

Martin Gomberg, de son côté, préfère ne pas avoir à faire face à trop d'éléments. Suite à une fusion avec The History Channel l'an dernier, A&E a déménagé son centre de données chez un hébergeur, « largement pour se débarrasser des questions d’alimentation énergétique et de refroidissement », indique-t-il. « Le centre de données de l'avenir est un centre de données externalisé ».

Stockage en nuage : trop de craintes en matière de sécurité

Ce qui ne conviendrait jamais pour Kroll, explique Jeff Kubacki car le cabinet de conseil manipule trop de données sensibles sur les clients. « Lorsqu’une entreprise nous fait confiance pour des opérations d’enquête, elle nous envoie sa base de données Exchange, ses documents, ses fichiers audio. Et elle est paranoïaque, comme il se doit, à propos de la sécurité de ces données. Donc, aujourd'hui, nous aimons avoir le contrôle de nos propres centres de données (...) Autant dire qu’un cloud public n'est pas dans mon intérêt à court terme, parce que je suis préoccupé par la sécurité. Je ne suis pas prêt à abandonner le contrôle de mes données ».

Kubacki indique toutefois souhaiter avoir plus de contrôle sur les coûts de son stockage. « Je déteste avoir tant de coûts fixes, donc j'ai besoin de coûts variables et je ne veux payer que pour ce que j'utilise un mois donné. Je veux ce genre de facturation dans mon centre de données. Au final, je veux miser sur un ou deux fournisseurs. J'ai déjà mené beaucoup d’opérations de simplification ces dernières années et continuerai probablement à le faire. J’ai besoin de beaucoup de stockage, de beaucoup de capacité de calcul, mais je ne veux payer que lorsque j’en ai besoin ».

Les trois conviennent que le stockage dans un nuage public présente des avantages limités, bien que Allstate l’étudie pour de l’archivage de longue durée. « Mais cela dépendra essentiellement des coûts, explique le dirigeant de l'assureur. Car avec les sites appropriés et la bonne architecture, vous pouvez archiver sur votre propre site. Donc, nous allons prendre une décision économique sur cette question ». A&E n’est pas non plus prêt au stockage en nuage. « Nous avons fait quelques essais avec quelques-uns des sites web que nous lançons, mais il s'agit vraiment d'une expérience à ce stade », précise son DSI.

Trois façons différentes de gérer ses fournisseurs

Les trois dirigeants s’accordent aussi sur le fait qu’il faut se montrer souple quant au choix des fournisseurs de technologies. Anthony Abbattista (Allstate) explique ainsi que son objectif est d'éviter l'enfermement et les phénomènes d’adhérence à une technologie propriétaire : « je vais chercher des fournisseurs qui ne créent pas de dépendance. Respectent-ils les standards ? Sont-ils compatibles avec les équipements d’autres fournisseurs ?, c’est ces questions que nous regardons en premier. S'ils commencent à entonner le refrain : vous devez acheter tous nos composants sinon cela ne fonctionne pas, alors fin des discussions ».

Chez A & E, Martin Gomberg indique restreindre les phénomènes de verrouillage en limitant les contrats de ses fournisseurs à un an. « Nous prenons des décisions rapidement, et nous changeons de direction en fonction de l'évolution des technologies ». Jeff Kubacki (Kroll) indique de son côté vouloir limiter le nombre de ses fournisseurs, sans toutefois arriver à un fournisseur unique. « J'ai un fournisseur primaire et maintenant un fournisseur secondaire pour les serveurs et le stockage, dit-il. J'avais l'habitude de n'avoir qu’un fournisseur de stockage, mais maintenant j’en conserve au moins deux, car ce choix est utile dans le cadre des négociations tarifaires ».

Adapté d'un reportage à Orlando de Dave Raffo, SearchStorage.com

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