L'offensive en demi-teinte de Red Hat sur le Cloud
Red Hat a présenté les fruits de ses travaux dans le domaine du Cloud Computing lors de sa conférence utilisateurs, la semaine passée, à Boston. Et franchement, cela manquait un peu de couleurs, un peu comme un maniaque de Linux sortant de son garage en plein jour.
CloudForm est l’offre IaaS (Infrastructure as a Service) de l’entreprise, le prolongement du projet DeltaCould. Et puis il y a OpenShift, une pile PaaS dont le message transpire la simplicité : «cliquez sur Git et allez-y!» Il y a également une solution basée sur JBoss, appelée Enterprise Data Grid 6, qui est promue comme «un cache de données distribué et évolutif, prêt pour le Cloud ».
CloudForms n’en est pour l’heure qu’au stade de bêta. Nous savons qu’il intègre les API de DeltaCloud. Ce qui signifie qu’il intègre la possibilité de provisionner des services externes, venus d’un Cloud public. Alors qu’il est présenté comme un outil de gestion d’applications, on peut estimer sans trop risquer de se tromper qu’il embarque un catalogue de services ou un outil de création de templates - un outil appelé «Image Factory» dans le livre blanc de promotion de CloudForms.
La solution utilise en outre Condor ainsi qu’un module appelée Katello, «le composant de messagerie de Red Hat Enterprise MRG», et une version de Gluster appelée «CloudFS» pour le stockage. Le volet gestion des identités de la solution s’appuie sur certains composants de Red Hat Enterprise Identity, etc. Bref, il semble que Red Hat ait rassemblé là des composants tirés de RHEL pour aboutir à une somme de caractéristiques cohérente avec l’idée d’une infrastructure Cloud. Le tout étant pensé pour fonctionner avec KVM ou bien avec un «fournisseur Cloud certifié Red Hat».
Gros plan sur les nouvelles briques Cloud de Red Hat
Soyons justes, RHEL sait faire beaucoup de choses très compliquées. Et nous nous concentrons ici sur les éléments susceptibles de rendre le Cloud très complexe à mettre en oeuvre. OpenShift a l’air un peu plus prometteur. L’éditeur assure qu’il s’agit de «services Cloud gratuits, de premier ordre, qui permettent aux développeurs de déployer des applications ». Enregistrez-vous puis téléchargez les composants client et créez votre application. Transférez le code dans votre nouveau bidule applicatif et vous voilà prêt.
Est-ce que cela fonctionne ? Probablement. Quelqu’un va bien se donner la peine de l’essayer prochainement. Mais jusqu’à quel point est-ce «gratuit» ? Est-ce suffisamment fiable pour des applications d’entreprise ? Le fait est que, si OpenShift décolle, il est probable que Red Hat en viendra à préciser ce qu’il entend par «gratuit» de manière très rigoureuse. En attendant, l’éditeur se cantonne à la partie «gratuit, clé en mains, facile» du Cloud.
Personne ne sait pourquoi JBoss Enterprise Data Grid 6 relève du Cloud. Mais c’est dans la liste. Ce doit être dur de s’appeler Red Hat, ces temps-ci. Un peu comme IBM : vous avez été à l’avant-garde de l’informatique d’entreprise durant longtemps, faisant les choses à votre manière, et, tout d’un coup, des personnes gérant une librairie en ligne débarquent et enregistrent un succès retentissant avec quelque chose, reposant sur l’Open Source et l’automatisation. Ils appellent ça le Cloud Computing. Et vous voilà tout seul dans un coin alors que tout le monde est parti s’intéresser à ce nouveau phénomène. Vous êtes convaincus de pouvoir faire tout cela. Enfin, vous auriez pu le faire...
Bref, c’est tout de même plaisant que Red Hat se décide à reconnaître la tendance du Cloud. Mais qu’est-ce que cela va donner lorsque des plateformes Cloud telles qu’Eucalyptus et Abiquo, qui sont là depuis quelques années, auront fait leur trou et construit une belle base installée dans le monde des télécoms et parmi d’autres précurseurs du Cloud ? Comment Red Hat parviendra-t-il à établir un écosystème de «fournisseurs Cloud certifiés Red Hat» alors que, à eux deux, Rackspace Cloud et Amazon Web Services comptent déjà 300 000 utilisateurs et que la croissance ne semble pas prête de ralentir ?
OpenShift semble avoir appris, par coeur, ses leçons tirées de Google App Engine, Engine Yard, et Heroku. Mais ces plateformes, encore une fois, jouissent d’années d’expérience dans la résolution des problèmes ou la gestion de la disponibilité. C’est une chose d’être un leader du monde l’entreprise et de dire que le Cloud est l’avenir. Mais c’en est une autre lorsque l’avenir est déjà là.
Par Carl Brooks, rédacteur senior de SearchCloudComputing.com
Adapté de l’anglais par la rédaction.