Le support de RHEL par Oracle remis en doute
Une récente note d'Oracle indique que l'éditeur ne supportera sa technologie ASMlin sur Red Hat Linux qu'au prix de l'adoption d'un noyau Oracle et du support Oracle. Une message qui fait s'interroger certains utilisateurs sur la politique à adopter en matière de support de Linux pour leurs environnements SGBD Oracle.
Une note récente du support Oracle a récemment déclenché quelques inquiétudes chez les utilisateurs Red Hat quant au support futur de la base de données du géant sur la distribution Linux RHEL (Red Hat Enterprise Linux). Mais pour certains experts, la note ne fait qu'énoncer les plans d'Oracle en matière d'administration de son SGBD sur Linux.
La note, publiée ce printemps et mise à jour dans le courant du mois de juin, porte sur ASMLib, une bibliothèque de support pour Automatic Storage Management (ASM), l'une des fonctions lancées avec Oracle 10g et dont l'objectif est de simplifier la gestion du stockage (et plus précisément des groupes de disques) dans le SGBD Oracle. Selon la note, cette bibliothèque permet à une base de données Oracle utilisant ASM "d'accéder de façon plus efficace et plus performante aux groupes de disques qu'elle utilise."
Une section de la note de support porte notamment sur RHEL 6, publiée à l'automne et mis à jour le mois dernier : "Pour RHEL6, Oracle ne fournira des mises à jour logicielles ASMLib que lorsque la distribution est configurée avec un noyau distribué par Oracle", indique-t-elle. "Oracle ne fournira pas de paquets ASMLib pour les noyaux distribués par Red Hat dans le cadre de RHEL6. Les mises à jour ASMLib seront livrées via l'Unbreakable Linux Network (ULN) qui est disponible pour les clients Linux disposant d'un support Oracle. ULN fonctionne aussi bien avec les installations Oracle Linux qu'avec Red Hat Linux, mais l'utilisation d'ASMlib nécessitera de remplacer tout noyau Red Hat par un noyau fourni par Oracle".
Un message qui inquiète certains utilisateurs
La note a rendu nerveux certains clients d'Oracle qui utilisent Red Hat, quant aux intentions de l'éditeur. Marianne Gillfillan, une administratrice de base de données de l'Université de Concorde à Saint-Louis avoue son inquiètude. Elle se demande si la note ne signifie pas tout simplement qu'Oracle entend contraindre les entreprises utilisant ASM sur Red Hat Linux d'abandonner le support Red Hat pour celui d'Oracle. "Je crois fermement que c'est leur façon d'inciter à abandonner le support de RHEL [au profit de celui d'Oracle Enterprise Linux]", explique Gillfillan.
Mais Tim Hall, un ingénieur certifié Oracle et administrateur du site Oracle-Base.com, un site pour les DBA et les développeurs, n'est pas convaincu. Selon lui, udev, un gestionnaire de périphérique dans le noyau Linux, est devenu le remplacement de facto pour ASMLib. "L'histoire veut que lorsque Oracle a développé ASMLib, il prévoyait d'en faire une API avec laquelle les fournisseurs de stockage s'interfaceraient», explique Hall.
«La réalité est que cela ne s'est pas produit, de sorte que tout ce qu'ASMLib a fini par faire, c'est la découverte des disques, des permissions et des informations de propriétés. Cela peut être fait presque aussi facilement avec udev, qui a l'avantage de ne pas avoir besoin d'être mis à jour à chaque changement de version du noyau". Hall ajoute que même les partisans d'ASMLib au sein d'Oracle ont depuis suggéré qu'il est inutile de l'utiliser. Certaines notes remontant à plusieurs années suggèrent même qu'ASMLib est obsolète sur un système Linux moderne.
Oracle et Red Hat silencieux sur la question
Interrogés, ni Oracle, ni Red Hat, n'ont accepté de nous répondre dans le cadre de cet article. Gillfillan, de son côté, indique qu'elle n'a pas été en mesure d'obtenir une réponse d'Oracle ou de Red Hat sur les raisons derrière la note de support. Et si elle a reconnu que udev peut être un substitut viable, elle souligne qu'elle et d'autres DBA sont devenus tellement habitués à utiliser ASMLib qu'ils pourraient finalement basculer sur le support Oracle si cela devenait nécessaire.
En attendant, Gillfillan prévoit d'évaluer les capacités d'alternatives telles que udev. Mais faute d'être satisfaite, elle n'exclut pas de rester fidèle à ASMLib et de migrer à Oracle Enterprise Linux. "Le seul problème que je vois dans une bascule vers le support Linux Oracle est qu'il n'est pas très réactif ces derniers temps, au moins sur le côté base de données", dit-elle. "J'espère qu'ils sont un peu plus réactifs sur le plan OS, sinon on risque une dégradation par rapport à notre support actuel".
Hall avoue de son côté que son opinion sur la note Oracle est une pure spéculation de sa part, et qu'il ne connait pas les raisons officielles d'Oracle pour avoir rédigé la note. Et de conclure : "la suppression du support pour un composant que la plupart des gens n'utilisent pas et qui peut être remplacé par des composants natifs n'est toutefois guère un signe flagrant d'une catastrophe imminente pour RHEL".
Adapté d'un texte en anglais de Mark Fontecchio, SearchOracle.com, par Christophe Bardy, LeMagIT